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Exposé

La facture de la stratégie énergétique 2050 sera payée par les PME et les ménages privés

Il n’est pas inutile de rappeler que la première des priorités doit être de garantir un approvisionnement en électricité du pays à un prix abordable pour notre économie, seul garant de la…

Guy Parmelin
Guy Parmelin
conseiller national Bursins (VD)

Il n’est pas inutile de rappeler que la première des priorités doit être de garantir un approvisionnement en électricité du pays à un prix abordable pour notre économie, seul garant de la prospérité et de la croissance. Pour atteindre cet objectif, la production indigène doit continuer à jouer un rôle central et être développée. Toutes les options à disposition doivent être examinées sans parti pris en fonction de leur performance et de leur disponibilité. En ce sens, toute nouvelle taxe ou redevance doit être proscrite. Si on veut éviter d’augmenter la part des importations et donc notre dépendance de l’étranger, il est indispensable de déterminer de quelles capacités de production nous avons besoin et de planifier rigoureusement les nouvelles installations électriques nécessaires.

Or, la stratégie énergétique 2050 du Conseil fédéral est une véritable boîte noire qui, au lieu de se baser sur des faits et des données réalistes, laisse une place importante à de nombreuses inconnues et variables. Le gouvernement fait même preuve d’une certaine perfidie en annonçant dans une première phase des mesures visant à transformer de fond en comble l’approvisionnement électrique du pays, alors que les effets de ces dites mesures se feront ressentir seulement lors de la prochaine décennie soit dans une deuxième voire une troisième phase. En d’autres termes, le Conseil fédéral brûle ses vaisseaux aujourd’hui, ce qui empêchera toute adaptation en cours de route si le scénario qu’il privilégie devait s’avérer impraticable sur la durée ; Noé aurait certainement dit :« après moi le déluge ! »

Dans son essence même, la Stratégie énergétique 2050 du CF fleure bon l’économie planifiée ; la Berne fédérale va interférer de plus en plus dans la liberté d’entreprise de la branche électrique et à nouveau toucher aux compétences des cantons. Malgré cette volonté centralisatrice, il est douteux que l’on parvienne à dégager les potentiels nécessaires en terme de nouvelles énergies renouvelables dans notre pays. Le remplacement des agents énergétiques fossiles va entraîner à lui seul et à coup sûr une forte augmentation de la consommation d’électricité tout comme la croissance démographique telle qu’elle est annoncée par les experts et que les derniers chiffres connus confirment sans restriction. Les réductions de la consommation escomptées sont donc utopiques et vont en outre à l’encontre de toutes les expériences faites à ce jour qui prouvent qu’on n’a jamais pu découpler la croissance économique de la croissance de la consommation.

Le gouvernement veut donc entraîner le pays dans une sorte d’expérience sociétale nouvelle dont les effets concrets sont à ce jour impossibles à déterminer. La seule certitude est que cela va renchérir considérablement la facture de l’électricité et que cela va à l’encontre des principes de l’économie de marché. Si on veut éviter de trop pénaliser les entreprises grosses consommatrices et donc maintenir des postes de travail en Suisse, il faudra les exempter en grande partie de ces hausses de taxes et autres redevances. A terme, lorsqu’il s’agira de régler la facture, ce sont bien les PME actives dans les arts et métiers et les services ainsi que les ménages privés qui seront fortement mis à contribution. Un des rares avantages en terme de coûts dont jouit encore notre pays en comparaison internationale va ainsi disparaître. Le CF va reproduire avec cette stratégie les mêmes erreurs que des pays comme l’Allemagne par exemple en injectant des subventions massives dans les énergies renouvelables sans tenir compte du critère de leur rentabilité sur la durée. Aujourd’hui, on s’aperçoit que, loin d’avoir créé de nouvelles places de travail durables, on en a surtout détruit davantage, confirmant une étude de l’Université de Madrid qui arrivait à la conclusion que pour un poste nouveau créé dans ce secteur des énergies renouvelables, 2,5 postes disparaissaient dans l’économie traditionnelle.

Au lieu de donner dans l’autosuggestion et se répéter de manière lancinante que « on va y arriver parce qu’il faut qu’on y arrive même si on n’en est pas sûr », le gouvernement serait bien inspiré de tirer les enseignements des expériences vécues dans d’autres pays, de privilégier le réalisme froid plutôt que d’entraîner la Suisse dans un champ d’expérimentation où l’utopie le dispute à l’idéalisme. A la fin, c’est toujours le bon peuple qui souffre et devra payer cher les chimères qu’on lui a fait miroiter !

Guy Parmelin
Guy Parmelin
conseiller national Bursins (VD)
 
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