Exposé

La mission de l’école primaire: aptitude à la vie professionnelle et economique, compétence sociale

La mission que doit assumer l’école primaire est en fait fort simple: l’école doit former nos enfants, les doter de connaissances suffisantes afin qu’ils puissent partir d’un bon pied dans la vie…

Nadja Umbricht-Pieren
Nadja Umbricht-Pieren
conseillère nationale Kaltacker (BE)

La mission que doit assumer l’école primaire est en fait fort simple: l’école doit former nos enfants, les doter de connaissances suffisantes afin qu’ils puissent partir d’un bon pied dans la vie professionnelle et sociale. La réalité est malheureusement très différente. Débordés par les réformes scolaires successives, nombre de directeurs et de fonctionnaires de l’instruction publique ont perdu le sens de l’essentiel. Au lieu de former nos enfants, les enseignants doivent accomplir des tâches administratives, au lieu de communiquer des connaissances, ils perdent leur temps à constituer des portfolios sur les enfants, au lieu d’encourager individuellement les enfants en fonction de leurs talents, ils doivent instruire tous les enfants dans la même classe, les faibles comme les surdoués. Voilà certainement pas un développement qui répond aux besoins de la société et de l’économie suisse. Oui, je suis bien consciente que mes déclarations sont quelque peu provocatrices. Mais, Mesdames et Messieurs, quand donc s’intéresse-t-on à l’enfant dans cette incessante réformite qui affecte l’école? Où donc est resté le bon sens humain?

Pour être aptes à affronter la vie, les jeunes doivent notamment recevoir une bonne culture générale. Or, quand une partie de la jeunesse ne sait plus combien il y a de cantons en Suisse, quelle est la capitale du pays ou combien de conseillers fédéraux compte le gouvernement de la Suisse, alors je m’inquiète. Au lieu de leur dispenser des connaissances de base, l’école confronte les enfants dès leur plus jeune âge à une langue étrangère. Etre apte à affronter la vie signifie cependant aussi pour moi savoir de temps en temps serrer les dents pour accomplir une tâche désagréable, par exemple faire ses devoirs alors que le soleil brille dehors. Nous vivons dans une société excessivement complaisante où chacun a le droit de faire ce qu’il veut. Si les enfants apprennent aujourd’hui à l’école à s’occuper de choses dont ils ont justement envie, on les éloigne des réalités de la vie qui les attendent à l’âge adulte. Pour avoir du succès à l’école, il faut de l’endurance, de la discipline, de la volonté à l’effort. Et les résultats de l’apprentissage doivent bien être mesurés et jugés. Sans notes, cela n’est guère possible.

Si l’école primaire doit communiquer aux enfants de la compétence sociale, il est indispensable de leur donner un maître de classe. Pour pouvoir accompagner un enfant dans le développement de sa personnalité, l’enseignant doit bien le connaitre. Et un enseignant ne connaît bien ses élèves que s’il les a régulièrement en classe. Le problème, c’est que la réformite scolaire a supprimé le rôle du traditionnel maître de classe.

Et puisque nous parlons de compétence sociale: la plus grossière erreur des responsables politiques et fonctionnaires de l’instruction publique, c’est leur tendance quasi maladive à l’égalitarisme. Que les enfants soient faibles ou forts à l’école, aucune importance: ils sont tous dans la même classe. Les faibles sont accompagnés par des spécialistes en pédagogie curative pendant que les forts sont abandonnés à eux-mêmes dans le cadre de workshops. Tout cela porte bien sûr un beau nom: enseignement intégratif. Les petites classes sont supprimées. Et si on interroge les enseignants, les parents et les enfants, on constate que personne n’est réellement convaincu par ce système.

J’attends de l’école primaire qu’elle revienne à sa mission principale qui consiste à former nos enfants pour en faire des jeunes adultes performants et prêts à faire des efforts pour prendre un bon départ dans la vie professionnelle. Pour cela, il faut des maîtres de classe qui savent diriger et évaluer leurs élèves; il faut avant tout enseigner des bonnes connaissances de base au lieu d’imposer prématurément une langue étrangère; il faut absolument des branches de culture générale; il faut un enseignement encourageant les enfants à apprendre avec la tête et les mains. Notre société n’a pas seulement besoin d’universitaires, mais aussi d’artisans et de travailleurs manuels.

En tant qu’employeur et maître d’apprentissage, je souhaite recevoir dans mon entreprise des jeunes en fin de scolarité qui veillent à ce que leur dossier de candidature soit propre et complet, sans taches de café ni pages écornées, avec des photos soigneusement découpées et sans d’innombrables fautes d’orthographe. Ce reproche ne s’adresse pas aux jeunes qui n’ont malheureusement pas appris autre chose. Ces observations indiquent bien plus que l’école primaire ne remplit souvent plus sa mission. Les principales victimes en sont les jeunes qui ont du mal à trouver une place d’apprentissage et à terminer avec succès leur formation professionnelle.

Je crois en notre jeunesse et je crois en ces nombreux enseignants motivés qui exercent leur profession avec cœur et passion, mais j’aimerais bien croire aussi que les politiques et fonctionnaires responsables de l’instruction publique admettent enfin que la réforme de l’école primaire a échoué et que le bon sens humain doit reprendre le dessus. Une pédagogie excessivement complaisante ne facilite pas le départ des enfants dans la vie professionnelle et sociale, bien au contraire. Ou, pour reprendre les mots de Jeremias Gotthelf: « Un début difficile est dix fois plus salutaire qu’un début facile. »

Nadja Umbricht-Pieren
Nadja Umbricht-Pieren
conseillère nationale Kaltacker (BE)
 
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