Non à l’initiative sur les salaires minimums – Non à une dangereuse expérience socialiste!

Le 18 mai prochain nous votons sur l’initiative sur les salaires minimums de l’Union syndicale suisse. Celle-ci contraint la Confédération à imposer un salaire national minimal de 22 francs par heure, soit un revenu mensuel de quelque 4000 francs sur la base d’une semaine de 42 heures de travail.

Sylvia Flückiger
Sylvia Flückiger
conseillère nationale Schöftland (AG)

Le 18 mai prochain nous votons sur l’initiative sur les salaires minimums de l’Union syndicale suisse. Celle-ci contraint la Confédération à imposer un salaire national minimal de 22 francs par heure, soit un revenu mensuel de quelque 4000 francs sur la base d’une semaine de 42 heures de travail. Pour une semaine de 55 heures, telle qu’elle est d’usage dans l’agriculture, il résulterait un salaire mensuel de plus de 5000 francs. De plus, l’initiative prévoit que le salaire minimum est en permanence adapté au développement des salaires et des prix. Pour faire bonne mesure, les syndicats demandent un supplément pour vacances de 8,33% et se réservent la possibilité d’exiger éventuellement la prise en compte du 13e salaire, donc encore 8,33% de plus. Cette initiative syndicale ne tient aucun compte des disparités régionales en termes de prix et de salaires. Ce projet de salaire minimum a des effets particulièrement nocifs pour les régions périphériques et de montagne qui souffrent de faiblesses structurelles. Rappelons par exemple qu’un logement familial est deux fois et demie plus cher à Genève que dans le Jura.

Aujourd’hui, les employeurs, les salariés et les syndicats négocient ensemble le niveau des salaires. Les syndicats n’ayant pas réussi jusqu’ici à imposer des conventions collectives de travail contraignantes couvrant tout le territoire national, ils tentent d’atteindre leur objectif par le biais d’une modification constitutionnelle. Les conséquences pratiques de leur projet sont évidentes: plus de prescriptions, plus de contrôles, moins d’emplois et surtout moins d’emplois à temps partiel. Du point de vue des travailleurs, dont les syndicats devraient en fait défendre les intérêts, cette initiative est un magnifique autogoal. Avec des mesures aussi insensées et contreproductives, on étrangle les arts et métiers jusqu’à les étouffer. Je recommande aux syndicats de regarder un peu plus loin que le bout de leur nez, donc au-delà des frontières suisses, en France par exemple: ce pays a introduit un salaire minimum valable sur tout le territoire et son marché du travail est étroitement réglementé. Conséquences: le chômage et notamment le chômage des jeunes y sont trois fois plus élevés qu’en Suisse.

Les premières victimes de l’acceptation de cette initiative seraient les travailleurs les plus faibles que les syndicats prétendent pourtant défendre. La vérité est que les auteurs de cette initiative cherchent uniquement à se mettre en évidence devant le public.

Le chômage des jeunes en Suisse est aujourd’hui exceptionnellement bas en comparaison internationale. Le système dual de formation professionnelle a fait ses preuves et assure à de nombreux jeunes une bonne entrée dans la vie professionnelle. Le salaire augmente rapidement en fonction des capacités acquises. Faut-il rappeler qu’un salaire est toujours lié à la formation, aux performances et à la volonté d’assumer des responsabilités? La perspective de gagner d’emblée 4000 francs même sans qualification professionnelle pourrait inciter nombre de jeunes à se demander pourquoi prendre la peine de suivre une formation.

Cette initiative est également dangereuse pour les personnes qui, après une absence, souhaitent revenir à la vie professionnelle. C’est notamment le cas de nombreuses femmes qui veulent retrouver une activité professionnelle après une pause pour obligation familiale. Ces personnes commencent fréquemment par un travail à temps partiel où le salaire horaire peut être inférieur à 22 francs. Cette activité vaut quand même la peine pour elles, par exemple parce que la place de travail est proche de leur domicile, si bien qu’elles peuvent combiner activité professionnelle et charges familiales. Or, l’initiative sur les salaires minimums détruirait de nombreux emplois, surtout des postes à temps partiel. Nul besoin d’être prophète pour prédire la disparition de nombreux bistrots de quartier qui seraient étranglés par les coûts de personnel supplémentaires. De nombreuses PME seraient contraintes de supprimer des emplois et leurs directeurs seraient obligés de travailler plus longtemps le soir.

De nombreux employeurs acceptent aujourd’hui d’engager des personnes difficiles à placer. Un salaire minimum dicté par l’Etat les en empêcherait parce que l’entreprise ne pourrait tout simplement pas supporter les charges financières supplémentaires et aussi parce que les exceptions admises par l’initiative sont beaucoup trop bureaucratiques.

Il ne faut pas oublier non plus que les éventuelles augmentations salariales devraient être reportées sur le prix des produits pour équilibrer les comptes. Des hausses de prix sont cependant difficiles à faire passer et encourageraient une fois de plus le tourisme d’achat à l’étranger. De nombreuses créations de plus-values seraient déplacées au-delà des frontières. La conséquence est évidente: des suppressions d’emplois en Suisse dont tous les travailleurs seraient les victimes. Pareil développement n’est pas souhaitable pour les PME et les arts et métiers suisses et il n’est certainement pas non plus dans l’intérêt des salariés du pays. L’exemple de la France prouve de surcroît qu’un salaire minimal devient un salaire de référence et provoque donc un nivellement par le bas des revenus.

Avec un salaire minimum de 22 francs par heure, nous attirons encore plus de travailleurs étrangers qui gagnent beaucoup moins dans leur pays d’origine. En Allemagne, il est question d’un salaire minimum de 10.50 francs contre 22 francs en Suisse. Que se passerait-il? Le pouvoir d’attraction de la Suisse serait encore plus grand et le problème posé par les frontaliers s’aggraverait. Le malaise augmenterait parce qu’un nombre croissant de travailleurs étrangers prendraient les emplois des salariés suisses.

Les travailleurs des régions rurales seraient les premières victimes d’un salaire minimum uniforme imposé par l’Etat à toutes les régions et toutes les branches. Des entreprises de la gastronomie et de l’hôtellerie, du commerce de détail et de l’agriculture devraient fermer leurs portes ou, s’ils en ont la possibilité, déplacer des travaux à l’étranger ou automatiser des travaux exigeants en main-d’œuvre. Cela ne leur fera certainement pas plaisir, mais elles y seront contraintes pour de simples raisons économiques.

La fixation des salaires est l’affaire des employés et des salariés et non pas celle de l’Etat ou de l’administration. Il n’y a donc qu’une seule réponse à donner à cette nuisible initiative socialiste sur les salaires minimums: NON à un projet qui détruit l’emploi!

Sylvia Flückiger
Sylvia Flückiger
conseillère nationale Schöftland (AG)
 
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