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Nouvelles énergies renouvelables et efficacité énergétique : faits et défis

A court et moyen terme, la Suisse va devoir faire face à un important déficit dans son approvisionnement en électricité ; de nouvelles prévisions démontrent même que c’est dès l’hiver 2012 déjà…

Guy Parmelin
Guy Parmelin
conseiller national Bursins (VD)

Du constat à l’impérieuse nécessité d’agir

A court et moyen terme, la Suisse va devoir faire face à un important déficit dans son approvisionnement en électricité ; de nouvelles prévisions démontrent même que c’est dès l’hiver 2012 déjà qu’une situation de manco importante et régulière verra le jour ; ni les progrès considérables en matière d’efficience énergétique, ni un soutien massif et des conditions plus favorables aux nouvelles énergies renouvelables ne parviendront à inverser cette tendance dans un avenir proche. C’est tout simplement nier l’évidence que de vouloir faire croire que nous pourrons garantir notre autosuffisance en matière d’électricité uniquement par nos propres moyens sans recourir à la construction de nouvelles grandes centrales. Il importe donc du point de vue de l’UDC de cesser les discussions politiques stériles et d’entrer rapidement dans le concret si on veut éviter à notre pays des lendemains très pénibles ; nous voulons qu’un maximum de courant électrique soit d’origine indigène afin d’éviter à notre pays d’être trop soumis aux aléas du commerce international et surtout à une insécurité néfaste pour son économie en matière de prix et surtout d’approvisionnement vu que cette problématique concerne l’Europe dans son ensemble. Le socle de base de l’électricité d’origine hydraulique et nucléaire est donc à l’évidence incontournable pour des raisons de sécurité énergétique, de coûts et de politique climatique rationnelle. Mais les nouvelles énergies renouvelables doivent aussi jouer un certain rôle d’appoint même s’il restera limité dans les prochaines décennies tout au moins. Il est cependant essentiel qu’elles soient économiquement rentables et utilisées à bon escient dans les secteurs qui leur conviennent le mieux.

Il y a un monde entre ce que l’on souhaite et ce qui est pratiquement possible !

Aujourd’hui, la part globale des nouvelles énergies renouvelables à l’approvisionnement électrique du pays reste confidentielle (0,065% pour le photovoltaïque et l’éolien) malgré tous les instruments de soutien mis sur pied ces dernières années. A côté du coût de l’électricité ainsi produite qui reste fortement handicapant pour le développement de ce type de moyens de production (50 à 90 cts/kwh pour le photovoltaïque par exemple), d’autres inconvénients se révèlent aussi importants « à l’usage » ; ainsi et malgré une efficacité en fort accroissement avec les progrès technologiques qui s’y rattachent, la capacité de production reste terriblement modeste en comparaison avec la grande hydraulique et le nucléaire ; il faudrait par exemple une surface de 20 millions de m2 de cellules solaires correspondant à une somme d’investissement de 25 milliards de francs pour remplacer une centrale de type Mühleberg ! A l’échelle d’un petit pays aussi densément peuplé que la Suisse, c’est de l’utopie pure ; en outre, aussi longtemps qu’on ne pourra pas concrètement « stocker » l’électricité issue du photovoltaïque et de ces nouvelles sources d’énergie en général, cela restera une diversification de notre approvisionnement électrique, certes bienvenue mais malheureusement trop irrégulière parce que fortement dépendante de l’ensoleillement. Nous avons d’ailleurs les mêmes caractéristiques concernant l’éolien qui est fortement tributaire de la régularité et de la force du vent sans oublier d’autres inconvénients en relation avec la protection des sites et le bruit généré.

Des handicaps difficilement surmontables dans un proche avenir

D’ailleurs, les réticences croissantes de la population face aux différents types de nuisances induites par ces nouvelles énergies renouvelables ont pour conséquences que de nombreuses oppositions sont déposées contre des projets prometteurs et surtout que ces derniers, du fait de la complexité et de la lenteur des procédures devant les instances de recours, sont souvent bloqués pour plusieurs mois voire plusieurs années. On est donc légitimement en droit de s’interroger quant à la pertinence de prélever 0,45cts par kwh au titre de la RPC lorsqu’on voit que seuls 80 millions sur les 275 millions disponibles ont pu être alloués en 2009 du fait de ces blocages. A ces handicaps, il faut encore ajouter les conséquences sur la stabilité du réseau de transport et de distribution ; à ceux qui imagineraient par exemple substituer du courant électrique d’origine éolienne, importé massivement de l’étranger à l’énergie nucléaire indigène en ruban, il faut clairement affirmer que cela n’est tout simplement pas réaliste ; d’une part, les pays européens qui produisent de telles énergies doivent songer à leur propre sécurité d’approvisionnement électrique et à leur bilan CO2 et d’autre part, la capacité du réseau de transport en Europe est extrêmement restreinte ; il faudrait donc tout d’abord en quelque sorte « surdimensionner » celui-ci afin qu’il soit capable d’absorber les pointes de production si on veut éviter un effondrement général ; cela impliquerait des investissements à un niveau si conséquent pour une utilisation à pleine charge très occasionnelle que cela relève du fantasme absolu ! Et c’est encore plus illusoire lorsqu’on a connaissance des sommes colossales qu’il faudra investir ces prochaines années pour améliorer et assurer le simple entretien courant du réseau existant.

Une conclusion qui s’impose d’elle-même

On voit donc bien que, même si à terme, le potentiel des nouvelles énergies renouvelables peut se révéler prometteur, cela restera dans les prochaines décennies des apports bienvenus pour améliorer notre sécurité d’approvisionnement électrique ; mais elles ne pourront en aucun cas se substituer à une source d’énergie aussi compétitive et régulière que l’électricité issue des grandes centrales hydrauliques et nucléaires. Cette réalité est peut-être gênante pour certains mais elle est incontournable et si l’utopie et les visions d’avenir sont parfois nécessaires pour progresser, il arrive un moment où il faut ouvrir les yeux et affronter la brutalité des faits tels qu’ils se présentent à nous ; et ce moment est maintenant arrivé !!

Guy Parmelin
Guy Parmelin
conseiller national Bursins (VD)
 
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