Exposé

Que signifie responsabilité gouvernementale?

par Hermann Weyeneth, conseiller national, Jegenstorf (BE)

La documentation remise à tous nos candidats avant les élections 2003 au Conseil national contenait un portrait de l’UDC. On pouvait y lire que le PAI, créé à l’origine pour faire opposition à la domination des radicaux, est devenu parti gouvernemental en 1929 avec Ruedi Minger et qu’il est, depuis, représenté sans interruption au Conseil fédéral.

L’UDC est aujourd’hui encore une force politique qui participe aux affaires publiques et qui assume des responsabilités gouvernementales à tous les niveaux (communes, cantons, Confédération) afin de contribuer au développement de l’Etat et de la société.

Si l’UDC s’était limitée à agir comme parti d’opposition dans l’espoir d’atteindre un jour au moins 51% des suffrages et de prendre le pouvoir, elle n’aurait jamais pu – sauf peut-être dans quelques communes rurales – jouer le rôle déterminant qui était et qui est encore le sien dans les affaires de l’Etat. Elle aurait probablement même disparu. Dans le canton de Berne, elle formait jusqu’en 1938 la majorité absolue, mais elle y a renoncé cette année-là pour ouvrir la voie à deux conseillers d’Etat socialistes.

Un mot à l’adresse du PDC:

le conseiller d’Etat PAI de l’époque, Walter Bösiger, avait eu la grandeur de renoncer volontairement à sa fonction et de démissionner de manière anticipée pour permettre au parti socialiste d’assumer sa part de responsabilité gouvernementale. Il fut ainsi tenu compte des nouveaux rapports politiques dans le canton.

Les partis d’opposition ont toujours eu une position difficile dans notre pays pour la simple et bonne raison que c’est le peuple qui joue de manière permanente le rôle d’opposition face aux organes de l’Etat – gouvernement et parlement – en usant du droit de référendum et d’initiative.

Il est et restera du devoir des partis cantonaux UDC de participer aux exécutifs cantonaux et communaux pour y faire valoir nos convictions bourgeoises. Voilà la seule manière de remplir véritablement le mandat que nous ont donné nos électeurs. A condition, bien sûr, qu’il y ait une majorité bourgeoise dans ces exécutifs.

L’avenir de notre parti ne peut être assuré à long terme que par la participation au pouvoir exécutif. Les partis d’opposition comme les Organisations progressistes suisses (POCH) à gauche, l’Alliance des indépendants au milieu et le Mouvement républicain à droite ont disparu de la scène politique précisément parce qu’ils n’ont pas réussi à s’établir au niveau des gouvernements.

L’opposition est possible dans des questions politiques précises

Notre système gouvernemental admet que les partis qui le composent soient divisés dans des questions politiques précises au point que certains d’entre eux puissent se retrouver dans l’opposition. Cette possibilité est même partie intégrante de notre système. Dans notre plate-forme électorale, nous disons en substance que notre système gouvernemental, qui réunit tous les partis importants, ne peut fonctionner à la longue que s’il est permis à chaque parti représenté au gouvernement d’adopter une position divergente. L’UDC, lit-on plus loin, utilisera à l’avenir également les instruments de la démocratie directe si elle ne trouve pas de majorité au parlement – et bien sûr aussi au gouvernement. Elle le doit à ses électrices et ses électeurs et le recours aux droits politiques est l’expression même de la démocratie directe. Voilà pour notre plate-forme électorale. Il est donc parfaitement possible – et même nécessaire – de s’opposer au gouvernement même si on en fait partie.

Le rituel des éléphants

Les soirées électorales qui réunissent les éléphants des partis politiques sur les plateaux de la télévision se déroulent toujours selon le même schéma. On commence par se plaindre bruyamment de la mauvaise participation. Les gagnants notent triomphalement que leur programme politique est la panacée alors que les perdants affirment que les électeurs n’ont malheureusement rien compris à leurs intentions. Enfin, tout le monde tombe d’accord pour dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et qu’il n’y a aucune raison de changer quoi que ce soit. Le citoyen-téléspectateur, lui, se demande s’il ne s’est pas trompé de film. Quand il ne se met pas en colère d’avoir voté pour des prunes.

La volonté des électeurs et le mandat des électeurs

« Le prix de la grandeur est la responsabilité » (Winston Churchill)

Les choses se sont déroulées différemment le 19 octobre 2003. Les électeurs ont apprécié le travail que notre parti a accompli durant les quatre années écoulées. De plus, l’UDC a présenté avant les élections un programme qui a été approuvé par plus de 26% des électeurs. Si ces électeurs ont donné leur aval à nos intentions politiques, c’est bien pour qu’elles soient réalisées, qu’elles aient un maximum de chances dans les débats politiques. Les arguments et opinions avancés par l’UDC doivent entrer dans le travail du Conseil fédéral et du parlement.

Les électeurs n’ont pas donné leur voix à notre parti pour qu’il fasse un spectacle bruyant, pour qu’il crie non, non et non à la manière d’un moulin à prière. Ils l’ont soutenu pour qu’il s’attaque aux problèmes de ce pays. Et cela à tous les niveaux où les décisions doivent être prises, au parlement et au Conseil fédéral.

Comment voulez-vous influencer les dossiers politiques – et ils sont nombreux – qui relèvent de l’unique compétence du Conseil fédéral si vous n’en faites pas partie? Comment voulez-vous agir sur la rédaction des ordonnances d’application du Conseil fédéral si vous n’y avez pas de représentant? N’avez-vous pas été plus d’une fois désagréablement surpris en constatant qu’une ordonnance du Conseil fédéral avait très peu de rapport avec la loi, donc avec la volonté du législateur? Comment voulez-vous intervenir si vous êtes devant la porte de la salle du gouvernement? Un exemple: la loi fédérale sur l’agriculture comporte 38 ordonnances d’exécution.

Comment voulez-vous, si vous ne faites pas partie du Conseil fédéral, agir à temps sur la rédaction des conventions internationales qui sont certes soumises au Parlement dont le rôle se limite cependant à dire oui ou non? Sans cette participation au gouvernement, le mandat des électeurs est impossible à remplir.

Nous avons reçu un mandat de nos électeurs et nous voulons le remplir. Au Parlement et au Conseil fédéral, conformément aux règles de la concordance, c’est-à-dire avec deux conseillers fédéraux UDC, Samuel Schmid et Christoph Blocher.

 
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