Un timide renouveau

Ueli Maurer
Ueli Maurer
conseiller national Wernetshausen (ZH)

Quand je rentrais chez moi autrefois après une session parlementaire, je me suis souvent demandé pourquoi j’avais fait le déplacement de Berne. Trois semaines durant, j’avais refusé d’innombrables propositions et lois totalement inutiles pour constater ensuite que l’UDC avait été tout aussi régulièrement battue par les autres groupes. J’avais par contre soutenu les propositions de mon propre groupe, mais celles-ci n’avaient aucune chance, radicaux et démocrates-chrétiens votant régulièrement avec les socialistes. Et quand je faisais le compte des millions de francs d’argent des contribuables que cette coalition du centre-gauche avait gaspillé contre la volonté de l’UDC, je finissais par être convaincu que notre parti ne pouvait réaliser la volonté de ses électeurs que par les instruments de la démocratie directe et non pas au parlement.

Mon sentiment après la dernière session de juin fut un peu différent. Pour une fois, moi aussi j’ai pu quitter le Palais fédéral en ressentant une certaine satisfaction. Oui, je dois dire que cette session valait la peine d’être vécue, du moins partiellement. Nous avons atteint quelques-uns de nos objectifs et diverses votations ont fait naître une joie réelle dans nos rangs.

Résultats meilleurs

En refusant d’entrer en matière sur la révision de la loi sur les stupéfiants, le Conseil national a confirmé la position de l’UDC en matière de drogues. Il a clairement refusé aussi bien la libéralisation de la consommation de drogues que l’inefficace politique des quatre piliers menée par le Conseil fédéral. Ce fut la réponse au parlement à une politique de gauche vouée à l’échec. En fait, ce refus d’entrer en matière est une manière de tenir compte des inquiétudes de la population devant des autorités qui passent leur temps à minimiser le problème de la drogue. Le reproche selon lequel ce refus d’entrer en matière est un refus de discuter du problème de la drogue est déplacé. L’UDC n’est pas satisfaite non plus de la politique menée actuellement dans ce domaine. Par contre, elle estime que la libéralisation de la consommation de drogues n’est pas la bonne voie pour régler ce problème, donc que cette révision de la loi sur les stupéfiants est une erreur. Cette affaire démontre même qu’un « non » à un projet ne bloque pas forcément la discussion, mais peut ouvrir la voie vers une solution meilleure.

Le 22 septembre 2002, l’initiative UDC sur l’or a échoué de justesse en votation populaire, mais elle a tout de même suffi à empêcher la mise en place de la fondation de solidarité, autre ineptie inventée par le Conseil fédéral. C’est dire que la répartition de 1300 tonnes d’or de la Banque nationale suisse fut un sujet très suivi par le groupe UDC durant cette session d’été des chambres fédérales. Et nous avons réussi à faire verser à l’AVS les deux tiers tout de même du rendement de cette fortune. On a beaucoup parlé de polarisation dans ce contexte, mais là encore, ce reproche était mal fondé. Ce sont en effet l’UDC et le PS qui, ensemble, se sont engagés pour une consolidation financière durable de notre principale institution sociale. Les partis du centre, par contre, s’y sont opposés. Par ailleurs, l’UDC a également réussi à faire refuser le plan de législature du Conseil fédéral, un rejet qui équivaut à une économie de l’ordre de trois milliards de francs. Là encore, les médias se sont étendus bruyamment sur une prétendue polarisation et un blocage imaginaire, qualifiant d’inutiles les heures de discussion qui ont précédé le refus. Le fait est que ce débat a clairement mis en évidence les partis qui entendent réaliser les objectifs de la législature en augmentant les dépenses et les impôts et ceux qui préfèrent économiser pour équilibrer le ménage fédéral d’ici à 2007. Pour l’UDC, il s’agit là d’un succès évident!

La gauche, aidée une fois de plus par le centre, a empêché que la loi sur l’asile soit durcie, si bien que nous avons dû refuser cette révision. Idem pour la loi sur les étrangers où l’UDC a également dû se résoudre finalement à dire non. Au moins avons-nous pu donner un signal au Conseil des Etats qui, espérons-le, saura renforcer ces deux textes de loi.

Enfin un changement de cap

En observant ces différents débats, on constate que notre parlement fonctionne parfaitement. La possibilité que des projets soient rejetés fait partie du jeu démocratique. Si, après un débat démocratique, la majorité du parlement estime qu’un projet doit être refusé, ce choix doit être respecté et ne saurait être d’emblée critiqué. Il signifie simplement que le parlement a voulu suspendre certaines procédures législatives, ce qui était d’ailleurs nécessaire depuis longtemps.

Si les médias et le centre n’ont à la bouche que les mots de blocage et de crise institutionnelle, c’est parce qu’ils n’ont rien compris à la situation. Ils n’ont manifestement pas remarqué ce que signifiait la deuxième et fracassante victoire électorale de l’UDC l’automne dernier: elle signifie que le peuple en a plus qu’assez d’une politique socialiste qui mène notre pays à la ruine. Aujourd’hui, ces changements politiques provoqués par les résultats des élections se répercutent sur les votes du parlement. Et c’est parfaitement juste ainsi. L’UDC est en train de redresser lentement mais sûrement la barre au parlement afin que la politique évolue à nouveau en fonction des intérêts réels de notre pays.

Rejeter la politique de gauche

Si on se remémore les décisions prises par les partis du centre gauche durant les 15 dernières années, on ne s’étonnera plus du déséquilibre profond du ménage fédéral. Pour couvrir des dépenses totalement excessives, on n’a cessé d’augmenter les impôts, les taxes et des redevances, ce qui n’a d’ailleurs pas suffi à compenser la rage dépensière du parlement. Le résultat de cette politique irresponsable, c’est que la dette de la Confédération a atteint 123,7 milliards de francs dans le compte actuel. Depuis la fin des années quatre-vingt, la Suisse a constamment vécu au-dessus de ses moyens et aux frais des générations à venir. Tous les problèmes ont été tout simplement résolus avec de l’argent. Cette politique déficitaire du centre-gauche politique doit enfin cesser. La limite du supportable est depuis longtemps dépassée.

Négocier le tournant

Quand on voit le désastre financier causé par les autres partis ces dernières années, on ne s’étonne plus de la forte progression de l’UDC dans les faveurs des électeurs. Même après le bond effectué par notre parti lors des élections fédérales de 1999, le PRD et le PDC n’ont pas remarqué que le peuple voulait enfin une autre politique. Au lieu d’admettre cette évidence, ils ont préféré s’allier à la gauche pour tenter d’empêcher la politique de l’UDC. Au lieu de mener enfin aux côtés de l’UDC une politique utile aux citoyennes et aux citoyens, ils se sont éloignés du peuple, se croyant même au-dessus de lui. Cela fait longtemps que le PRD et le PDC ont abandonné une ligne politique rigoureusement bourgeoise. Ces deux partis sont aujourd’hui imprévisibles; on ne sait jamais où on en est avec eux. Ces dernières années, l’UDC a été seule à mener le combat contre la socialisme. Le PDC et le PRD, au contraire, se sont fréquemment alliés au PS.

Le peuple a manifestement envie que cesse la politique de ces dernières années. Il a perdu confiance dans cette politique. Preuves en sont aussi les dernières votations populaires. Par exemple, en approuvant l’initiative sur l’internement, le souverain a voulu un changement d’orientation du droit pénal, il a désavoué une justice trop molle qui accorde plus d’importance aux malfaiteurs qu’à leurs victimes. Ce résultat était une manifestation de protestation contre la politique dominante. Quant au refus du contreprojet à l’initiative Avanti, il se dirigeait avant tout contre la politique des transports pratiquée par le conseiller fédéral Moritz Leuenberger. Le peuple ne veut pas encore plus de camions et de bouchons sur les routes. Le 16 mai dernier, le souverain s’est nettement prononcé contre la hausse de la TVA. Cet objet était d’ailleurs clairement compréhensible: il s’agissait d’augmenter les impôts et le peuple a dit non. Le sort des deux autres projets, l’AVS et le paquet fiscal, prouve que le peuple se méfie de tout ce qui vient de la Berne fédérale. C’est dire aussi que les citoyennes et les citoyens n’ont pas seulement été influencés par les arguments concrets pour et contre les objets des votations. Il faut l’accepter dans une démocratie. Les décisions démocratiques n’ont pas besoin d’être motivées – pas non plus, d’ailleurs, quand il s’agit de naturalisations!

Le peuple a donc décidé de renforcer une fois de plus l’UDC l’automne dernier. Notre parti a été élu parce qu’il constitue aujourd’hui la seule force authentiquement bourgeoise de ce pays. L’échec des autres partis et leur politique de gauche a fait de l’UDC l’unique alternative valable. Avec les élections de l’automne dernier, le peuple a clairement fait comprendre qu’il en avait assez du socialisme et qu’il voulait à nouveau une politique bourgeoise. C’est pour cette raison qu’il a donné à l’UDC un rôle de leader. Le peuple veut que les problèmes existants soient enfin résolus et non pas que l’on en crée de nouveaux.

En élisant nos deux représentants au gouvernement, le parlement a respecté la volonté des électeurs et il est revenu à la concordance. Le Conseil fédéral reflète ainsi la volonté que les électeurs ont exprimée le 19 octobre 2003. Et notre parti parvient maintenant à influencer également les décisions du Conseil fédéral. Mais après l’élection d’un deuxième conseiller fédéral UDC, je vous ai demandé à une occasion semblable de ne pas oublier que nous n’avions que deux voix sur sept. La concordance ne signifie pas un accord politique sur le fond, mais uniquement une composition gouvernementale conforme à la volonté des électeurs. Ce dernier point est aujourd’hui réalisé. Mais on ne peut malheureusement pas en déduire pour autant que la volonté des électeurs soit effectivement respectée. La « majorité bourgeoise » du parlement existe certes sur le papier, mais encore faudrait-il que les prétendus bourgeois votent bourgeois pour réaliser cette majorité bourgeoise. Et sur ce plan, malheureusement, les défections du PRD sont fréquentes. Au lieu de voter tout simplement bourgeois, le conseiller fédéral Pascal Couchepin adore jouer les arbitres pour varier les majorités. C’est sans doute dans sa nature. Son collègue Joseph Deiss, lui, est plus conséquent – il s’est définitivement installé à gauche. Comme son parti, le PDC, d’ailleurs. Le nouveau départ que ce parti entend prendre en septembre prochain tend du moins exactement dans cette direction. Je doute que cette politique permette au PDC de retrouver son deuxième siège au Conseil fédéral en 2007 comme il en a l’intention. Et, finalement, il n’est pas très important de savoir si le PDC va suivre sa nouvelle ligne. Cela fait longtemps que nous ne comptons plus avec ce parti.

Donner un signal

J’espère que nous sommes au début d’une évolution positive. Le tournant souhaité par le peuple ne s’est malheureusement pas encore réalisé. Une empreinte réellement bourgeoise sur la politique fait toujours défaut. Lors des votations du 26 septembre prochain, par exemple, le PRD prend le parti de la gauche concernant trois objets sur quatre, s’opposant du même coup à l’UDC. Une fois de plus, l’UDC sera la seule force réellement bourgeoise dans cette campagne de votation. Les autres partis politiques et les médias n’ont toujours pas compris que le peuple veut une réorientation à droite et que ce changement de direction doit se faire. Pour encourager le tournant qui semble s’amorcer aujourd’hui, il serait urgent que le camp bourgeois se renforce, donc que le PRD serre les coudes avec l’UDC. J’appelle donc le PRD à assumer enfin, de concert avec l’UDC, cette responsabilité que nous a donnée le peuple et à mener une politique réellement bourgeoise. Donc à refuser des nouveaux impôts et des nouvelles tâches de l’Etat et à se battre pour une Suisse démocratique et indépendante. Assumer cette responsabilité, c’est aussi accepter les nouveaux rapports de force et affronter le combat politique dans ces nouvelles conditions. Cela signifie aussi que chaque parti doit apporter ses propres idées dans le débat politique et prendre à chaque fois des positions claires et nettes.

Durant les six mois qui ont suivi les dernières élections, l’UDC a montré qu’elle a compris ce changement de cap. Les premiers modestes résultats sont aujourd’hui visibles. Bien entendu, nous ne pourrons pas corriger du jour au lendemain les erreurs commises pendant des décennies. Ainsi, il faudra attendre quelque temps avant que la dette de l’Etat ne diminue de manière significative. Mais l’UDC est consciente du mandat que lui ont donné ses électeurs. Forts de ces premiers résultats positifs, nous allons nous mettre à l’ouvrage de toutes nos forces.

Pour néanmoins signaler visiblement ce nouveau départ, j’appelle la Confédération et les cantons, mais aussi toutes les citoyennes et tous les citoyens à veiller à une Suisse propre et ponctuelle. Que l’on cesse de jeter des détritus par terre et de barbouiller les murs des maisons! Ce sera une manière de visualiser le début d’une évolution positive, un effort auquel tout le monde peut participer. Il faut que tout le monde se sente concerné. En unissant nos forces, nous pouvons réussir. Retroussons donc les manches!

Ueli Maurer
Ueli Maurer
conseiller national Wernetshausen (ZH)
 
Nous utilisons des cookies pour personnaliser le contenu et les publicités, proposer des fonctionnalités pour les médias sociaux et pour analyser l'accès à notre site. Nous fournissons également des informations sur l'utilisation de notre site Web à nos partenaires des médias sociaux, de la publicité et de l’analyse.Voir les détails Voir les détails
Je suis d'accord