Crise à la direction de l’Etat

Toni Brunner
Toni Brunner
conseiller national Ebnat-Kappel (SG)

La Suisse s’enfonce dans la crise. En septembre 2008, une crise financière partant des Etats-Unis ébranle le monde entier. De grands instituts financiers américains, européens et finalement aussi suisses se retrouvent au bord du gouffre et sont sauvés par des interventions massives de l’Etat. Le public suisse a été surpris le jour où la Confédération, donc le contribuable, a dû soutenir l’UBS à coup de milliards. Depuis le dernier trimestre 2008, la crise économique affecte à son tour les entreprises axées sur l’exportation. Chaque jour nous entendons parler de suppressions d’emplois. Puis il y a la crise du secret protégeant les clients des banques, institution trahie par le Conseil fédéral. L’organe exécutif suprême du pays ne se défend pas, ne sait pas s’imposer, cède partout, se couche. Bref, la direction de l’Etat suisse est dépassée par les événements.

Un Conseil fédéral débordé par la crise

La crise au niveau de la direction de l’Etat ne nous surprend pas. Depuis 2008 on ne cesse de nous rabâcher l’harmonie et la bonne entente qui règnent paraît-il durant les séances du Conseil fédéral. Nous préférerions un gouvernement qui discute âprement et qui affronte la dure réalité au lieu de se confondre en gentillesses.

« La direction se mesure au succès. La communication et l’amabilité ne sont pas essentielles à la direction. Les chefs qui ont du succès se distinguent surtout par une qualité commune: ils s’engagent pour leur tâche, parfois avec une conviction presque inquiétante. » (Christoph Blocher, ancien conseiller fédéral)

Or, si on mesure le succès de notre gouvernement national à la manière dont il surmonte la crise bancaire, la crise financière et la crise qui affecte le secret bancaire, le résultat est attristant.

1. Défaillance dans la crise financière

L’UBS, la plus grande banque suisse, a besoin d’une aide d’un volume de 44 milliards de francs de la Confédération et de la Banque nationale. Certes, cette action de soutien s’est déroulée rapidement et de manière non bureaucratique, mais cela ne peut pas faire oublier que la surveillance étatique des banques, dispositif placé sous la responsabilité du conseiller fédéral Merz, a lamentablement échoué. Les déficiences n’ont pas été reconnues à temps. Et la Confédération ne cherche même pas à tirer les leçons de cet échec, donc à définir une stratégie permettant d’éviter à l’avenir pareille intervention. Le ministre des finances n’a pas non plus eu la force et l’autorité nécessaires pour s’imposer dans l’affaire des bonus et pour régler la position de la Confédération dans l’UBS au cas où l’Etat y prendrait une part de 10%. En octobre 2008 déjà, l’UDC a déposé une motion invitant le Conseil fédéral à mettre en place une commission d’experts pour définir une stratégie claire et un plan de mesures, notamment face au risque de concentration que représentent les grandes banques suisses.

2. Défaillance dans la crise économique

La crise financière mondiale s’est désormais répercutée sur l’économie réelle, en Suisse comme dans le reste du monde. Dans bon nombre d’entreprises, le volume des commandes a reculé de 25 à 50%, parfois les carnets de commande sont même complètement vides. Les réductions d’horaires, le chômage et la crainte pour l’emploi dominent le débat public. Alors qu’en septembre dernier 95 980 personnes étaient au chômage (2,4%), ce chiffre a passé en quelques mois à 132 402 (3,4% fin février 2009). Le 17 septembre dernier, la conseillère fédérale Doris Leuthard avait encore minimisé le risque d’une récession dans un entretien accordé au quotidien « Blick »: « Nous ne voyons aucun indice d’une récession, » avait-elle affirmé. Là encore une évaluation totalement fausse de la réalité.

Durant le débat sur l’extension de la libre circulation des personnes, on nous a répété comme moulins à prière que les étrangers en provenance des pays UE quitteraient la Suisse en cas de perte de leur emploi. Donc que l’immigration diminuerait. Là encore la réalité parle un tout autre langage. Depuis septembre dernier, le chômage a passé de 2,4 à 3,4%, ce qui équivaut à une augmentation de 42% du taux de chômage. Chez les chômeurs suisses, la hausse est de 28%, soit de 1,8 à 2,3%. En clair, seul 2 Suisses sur 100 sont sans travail alors que chez les étrangers on en compte 7 sur 100. Chez les Allemands, le chômage a progressé entre septembre 2008 et fin février 2009 de 2 à 3,5%, ce qui équivaut à une progression de 75%. Pire, chez les Portugais, le taux de chômage s’est accru de 3,7 à 7,7%, soit une augmentation de 108%.

Mais ce n’est pas tout: nonobstant toutes les promesses antérieures, le Conseil fédéral tente aujourd’hui de saper le frein à l’endettement, un instrument qui a exigé de longs et durs débats parlementaires. Et il prépare un troisième programme conjoncturel sachant bien qu’il aura droit aux applaudissements du centre-gauche politique.

3. Défaillance dans la crise affectant le secret bancaire

Vous rappelez-vous ce qu’on a promis eu peuple suisse avant la votation sur l’accord de Schengen? On nous a dit à l’époque que cet accord garantirait durablement le secret bancaire. Aux quatre coins du pays le Conseil fédéral et les partis du centre-gauche annonçaient joyeusement que le secret protégeant les clients des banques allait désormais recevoir une garantie de droit international. Où est-elle cette garantie aujourd’hui? Pourquoi le Conseil fédéral ne la fait-il pas valoir face aux pressions internationales pour défendre les intérêts de la Suisse? Rien de tout cela n’a été fait.

Le Conseil fédéral et avec lui le PLR, le PDC et le PS ont trahi les clients de nos banques. Chers Délégués, notre secret bancaire protège les clients des banques et non pas les banques. Il nous protège tous. Il protège aussi les clients étrangers contre l’arbitraire de certains Etats qui persécutent leurs citoyens jusque dans leurs porte-monnaie. Le 5 mars 2009, le conseiller fédéral Hans Rudolf Merz affirmait encore dans « cash »: « Même à moyen terme je ne vois pas pourquoi la Suisse renoncerait à la différenciation entre soustraction et fraude fiscales. » Le 13 mars tout avait changé.

Le Conseil fédéral a fait preuve d’une faiblesse éclatante surtout dans la question de la remise illicite de données bancaires de l’UBS aux Américains via la surveillance des marchés financiers. Sans attendre la décision du Tribunal administratif fédéral, il a cédé aux pressions politiques et porté un coup fatal à notre Etat de droit. Mais où se cachaient donc à ce moment-là les grands protecteurs des données personnelles?

Là encore, le gouvernement a fait une appréciation totalement fausse de la réalité. Pascal Couchepin, alors président de la Confédération, aurait dû se rendre compte de la gravité de la situation et mettre en place un dispositif de défense efficace. La demande d’entraide administrative des Etats-Unis était sur la table depuis juillet 2008. La Confédération avait le temps de coordonner la réponse et de fixer des échéances impératives.

Le plus grave, c’est que ce Conseil fédéral amateur ne semble toujours pas avoir compris l’ampleur des problèmes auxquels est confronté la Suisse. Notre pays est la cible d’une véritable guerre économique et l’étranger ne recule devant aucun moyen pour affaiblir la Suisse et conforter ses propres positions. Dans ce contexte, l’action de la conseillère fédérale Widmer Schlumpf est proprement impardonnable. Le 3 mars elle se rend précipitamment aux Etats-Unis pour y annoncer l’accueil de prisonniers de Guantanamo en Suisse et déclarer que la Suisse était prête à accorder l’entraide administrative en cas de graves soustractions fiscales. Une manière d’anticiper l’abandon par la Suisse du principe de la double incrimination et la suppression de fait du secret bancaire qui protégeait jusque-là les clients étrangers des banques suisses.

Quand on réussit aussi facilement à affaiblir un adversaire, en l’occurrence la Suisse, il n’y a aucune raison de s’arrêter en si bon chemin. Face à cette évidence, l’UDC invite une fois de plus le Conseil fédéral à présenter enfin une stratégie claire et d’annoncer comment la Suisse se défendra contre de nouveaux chantages et un affaiblissement supplémentaire de sa place financière et économique. Nous avons besoin d’une stratégie globale pour défendre les intérêts de la Suisse.

4. Défaillance dans la défense des intérêts nationaux

La tâche première du gouvernement national est de défendre l’indépendance et la liberté du pays. Mais pour ce faire, le gouvernement – ou le groupe d’experts qui le soutient – doit d’abord être convaincu que l’indépendance reste la meilleure voie pour la Suisse à moyen et à long terme. Il est évident qu’une ministre des affaires étrangères, qui fait des pèlerinages à Bruxelles afin d’obtenir du soutien pour son projet de faire intervenir des troupes suisses en Somalie sous le commandement de l’ONU, ne garantit pas la défense de ces intérêts primordiaux. Rappelons-nous aussi ce qui s’est passé à la mi-décembre 2008: trois conseillers fédéraux d’un coup sont allés se prosterner à Bruxelles pour prétendument régler le litige fiscal. Le résultat? On aurait pu faire l’économie des frais de déplacement, car la pression de l’UE a continué d’augmenter et la Suisse s’est agenouillée bien qu’officiellement il n’y ait pas eu de négociations.

Des semaines durant, le Conseil fédéral a tremblé devant la fameuse « liste noire » de l’OCDE. Qu’y a-t-il de grave de figurer sur cette liste? Qui décide de cette liste? Qui y figurerait à côté de la Suisse? Les bruyantes lamentations de la conseillère fédérale Doris Leuthard ne servent à rien. Elle aurait dû instruire bien plus tôt les représentants de la Suisse à l’OCDE sur la manière de défendre les intérêts de notre pays. Là encore, le Conseil fédéral n’a pas su interpréter à temps les premiers indices.

J’en arrive à la conclusion de cette sinistre description de la crise qui sévit actuellement au gouvernement de notre pays: nous n’avons toujours pas de stratégie claire et forte pour défendre les intérêts de notre pays, mais nous voyons que les traitres à la patrie siègent aujourd’hui en bonne place au cœur de la Suisse. On a appris que Micheline Calmy-Rey voulait écrire une lettre élogieuse à l’OCDE. Ce comportement est indigne d’une conseillère fédérale. Il est inacceptable. Le président de parti que je suis invite vivement Madame Calmy-Rey à tirer les conclusions de son comportement traitre et à aller offrir ses talents à une ONG quelconque. Là, elle pourra sans gêne aucune poursuivre son travail de sape contre la Suisse.

La voie de l’UDC est en revanche parfaitement claire. La politique suisse, notre gouvernement ont besoin de femmes et d’hommes qui s’engagent sans compromis pour l’indépendance et les intérêts de notre pays. La Suisse a besoin de plus d’UDC. Aussi et même surtout au Conseil fédéral!

Toni Brunner
Toni Brunner
conseiller national Ebnat-Kappel (SG)
 
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