Exposé

Election du Conseil fédéral par le peuple

A première vue, la Suisse latine voire même la Suisse romande tout court semble désavantagée par le système majoritaire proposé par notre initiative. Mais à y regarder de plus près, c’est plutôt le…

Guy Parmelin
Guy Parmelin
conseiller national Bursins (VD)

A première vue, la Suisse latine voire même la Suisse romande tout court semble désavantagée par le système majoritaire proposé par notre initiative. Mais à y regarder de plus près, c’est plutôt le contraire qu’il faut constater. Le reproche qui revient régulièrement que le système actuel est le mieux à même de préserver les minorités de tout bord, linguistiques en particulier ne résiste tout simplement pas à l’analyse du terrain. Le texte de l’initiative visant à l’élection du Conseil fédéral par le peuple garantit clairement deux sièges au gouvernement pour les minorités linguistiques latines. C’est un acquit concret que l’élection par les Chambres ne connaît tout simplement pas. Ainsi, nombreux sont celles et ceux qui ont la mémoire courte et ont déjà oublié que lors du remplacement de Pascal Couchepin, si Mr Urs Schwaller avait été élu, nous nous serions retrouvé avec 6 personnalités alémaniques au gouvernement contre une seule représentante latine. Ce cas de figure ne pourra donc plus se reproduire ; et à ceux qui dénoncent une « dérive à la belge » avec conflit linguistique programmé, il convient de répondre que cela pourrait tout aussi bien être le cas avec la Constitution actuelle ainsi que je viens de le démontrer.

Naturellement, un tel changement impliquera un renforcement considérable de la responsabilité des partis politiques afin qu’ils préparent des personnalités très profilées issues de toutes les régions linguistiques du pays y compris du côté des italophones. Les Romands qui se limitent le plus souvent à vouloir être « rois dans leur seule région » selon des critiques régulièrement entendues dans toute la Suisse devront mieux se faire connaître ; pour cela, ils devront aller à la rencontre de toute la population suisse y compris outre Sarine et au Sud des Alpes. Cela représente peut-être une contrainte supplémentaire mais le « retour sur investissement » sera considérable en termes de reconnaissance nationale des candidats et candidates. La démocratie directe, de proximité, en sortira sans aucun doute gagnante. Et un parti politique qui se veut représentatif sur le plan national ne pourra tout simplement plus ignorer cette réalité s’il ne veut pas risquer à terme de perdre tout crédit. La même constatation vaut d’ailleurs aussi pour un parti qui négligerait par trop l’équilibre entre hommes et femmes, entre jeunes et moins jeunes, etc. Ce nouvel état de fait et surtout d’esprit vaudra aussi pour des candidats de la majorité alémanique qui ambitionnent d’accéder à la charge suprême.

On rétorquera que le système proportionnel aurait nettement mieux convenu pour atteindre cet équilibre ; ce n’est pas faux mais il faut souligner que le système majoritaire est celui qui permet aux personnalités les plus rassembleuses mais aussi les plus profilées d’émerger et c’est là l’objectif qu’il faut viser. L’exemple des cantons est particulièrement édifiant à cet égard et il prouve aussi que le corps électoral est extrêmement sensible à porter à l’exécutif des personnes qui ont démontré leurs capacités et leur force de caractère ; mais la population est tout aussi attentive à maintenir les équilibres entre régions d’un même canton (urbaine ou campagnarde) y compris et surtout sur le plan linguistique. D’ailleurs tous les cantons bilingues connaissent certaines règles en la matière, différentes souvent d’un canton à l’autre et elles sont appliquées sans que cela suscite continuellement des récriminations. Laisser entendre ainsi que le font les opposants qu’un tel changement va signifier une rupture totale des équilibres existants est donc tout simplement faux et vise simplement à peindre le diable sur la muraille.

Et j’irai même plus loin ; à terme, je prétends que la cohésion du pays sortira renforcée de l’exercice et que la représentation de toutes les minorités sera un souci permanent dans les partis politiques s’ils veulent rester crédibles auprès des électeurs en général et de leurs propres membres en particulier. Les Conseillers fédéraux élus directement par le peuple auront aussi comme atout une représentativité fortement légitimée par la population ; mais ils devront tout aussi être attentifs dans l’exercice de leur fonction à tenir compte de ces équilibres subtils qui font la force de la Suisse et qui tiennent à cœur à toutes les régions linguistiques du pays. Dans l’hypothèse peu probable où un ou une élue venait à mettre à mal ceux-ci, il serait très vite remis à l’ordre car l’expérience montre sans ambiguïté que le membre d’un exécutif qui néglige ces aspects essentiels subit rapidement les foudres des électrices et électeurs dans ce pays.

En conclusion, c’est tout le système démocratique suisse qui sortira revivifié par ce changement et la cohésion nationale s’en trouvera également améliorée.

 

Guy Parmelin
Guy Parmelin
conseiller national Bursins (VD)
 
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