Exposé

HarmoS ou quand l’idéologie prend le pas sur la pédagogie

Le concordat HarmoS de la Conférence des directeurs de l’instruction publique est la pierre angulaire d‘une stratégie, qui vise à transférer à l’Etat la responsabilité de l’éducation des enfants à par

Ulrich Schlüer
Flaach (ZH)

Le concordat HarmoS de la Conférence des directeurs de l’instruction publique est la pierre angulaire d‘une stratégie, qui vise à transférer à l’Etat la responsabilité de l’éducation des enfants à partir de l’âge de quatre ans.

Les conséquences pour les parents ont déjà été énoncées.

Faiblesses pédagogiques
Il nous reste à démontrer que le projet HarmoS souffre également de graves faiblesses pédagogiques. Comme par exemple l‘obligation pour tous les élèves de Suisse alémanique – même ceux qui n’ont que quatre ans – d’apprendre l’allemand dès le premier jour d’école.

Les jeunes enfants, c’est bien connu, apprennent le mieux une langue par l’apprentissage oral au travers de comptines, d’expressions courantes ou de chansons. Et à l’aide de ces petites rimes, ils n’acquièrent pas seulement les bases de la langue mais établissent aussi un premier contact avec leur patrimoine culturel. Tous ceux qui voudront remplacer « Chumm, mer wei go Chrieseli gwünne » par « Frischauf zum wack’ren Kirschenpflücken », condamneront à la fois l’apprentissage de la langue et l’accès à la culture locale. Il s’agit là d’ailleurs de théoriciens naïfs, pour préconiser de telles méthodes d’enseignement – probablement inspirées d’une pseudo-multi-culturalité. Que pensent-ils donc atteindre? Les enfants, qui s’approprient la langue par des expressions qu’ils comprennent, ne sont pas désavantagés par leur dialecte. Au contraire, ils apprendront également le hochdeutsch et d’autres langues avec plus de facilité, parce qu’ils auront du plaisir à apprendre.

Cadence individuelle et enseignement intégratif
HarmoS promet aux parents comme aux élèves de pouvoir déterminer la cadence d’apprentissage durant les huit premières années d’enseignement. Dans le même temps le projet introduit ce que l’on appelle « l’enseignement intégratif », pour remplacer les classes spéciales vouées à disparaître. Ainsi les enfants souffrant de difficultés scolaires devraient pouvoir compter sur des pédagogues qui les accompagneraient individuellement en classe. Le maître, quant à lui, poursuivrait la classe comme si de rien n’était.

Certains cantons expérimentent déjà ce système. Lorsque récemment l’émission « 10vor10 » est allée interroger les élèves de l’une de ces classes primaires au sujet de ce nouveau système pédagogique, aucun n’a été en mesure de dire combien d’enseignants lui faisaient classe. En revanche le stress résultant du changement permanent de salle de classe et de maître était, lui, bien perceptible. Ce système profite-t-il donc vraiment à la transmission des connaissances? Rien n’est moins sûr.

Inclure des enfants handicapés physiques dans des classes traditionnelles est possible, cela ne fait aucun doute. Faire de même avec des enfants en proie à des difficultés scolaires est déjà plus difficile. Mais vouloir maintenir des jeunes à problèmes ayant des difficultés de comportement au sein de classes normales de l’école primaire ou secondaire relève d’une inconscience coupable. Ce serait la garantie de pénaliser l’ensemble des élèves de la classe.

« Travail d’équipe » plutôt que maître de classe?
L’idée de vouloir restreindre les attributions du maître de classe à un rôle purement administratif est également saugrenue. Alors même que HarmoS préconise pour l’enseignement le « jeu d’équipe », une sorte de travail d’équipe mené par les enseignants, et cela dès la première année d’école. Retirer aux enfants la personnalité du maître, selon laquelle ils s’orientent dans leurs études, ne va certainement pas améliorer l‘enseignement. Pourquoi faut-il sans cesse remettre en cause des méthodes qui ont depuis longtemps fait leurs preuves? Ce sera aux écoliers d’en supporter les conséquences!

L’objectif ultime de HarmoS est de soustraire aux parents la responsabilité de leurs enfants dès l’âge de quatre ans. Edgar Holdener de Unteriberg, dans le canton de Schwytz, ici présent, pourra témoigner de l’acharnement avec lequel se font les choses. Lui et son épouse ont osé mettre en doute la maturité personnelle de l’un de leurs enfants, en refusant de le scolariser à l’âge de quatre ans déjà. Mal leur en a pris puisqu’ils se sont vus infliger une amende de quatre mille francs – une décision tout simplement scandaleuse! Ce projet n’a rien de pédagogique; c’est une manœuvre idéologique de fonctionnaires destinée à destituer les parents de leurs responsabilités.

Une raison suffisante de s’opposer au concordat HarmoS.

Ulrich Schlüer
Flaach (ZH)
 
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