Exposé

L’enjeu: la liberté et la prospérité

Une stratégie est un plan précis visant à atteindre certains objectifs en tenant compte de tous les facteurs qui s’opposent à la réalisation de ces objectifs…

Toni Brunner
Toni Brunner
conseiller national Ebnat-Kappel (SG)

Chers Délégués et Chers Hôtes,

Une stratégie est un plan précis visant à atteindre certains objectifs en tenant compte de tous les facteurs qui s’opposent à la réalisation de ces objectifs.

C’est donc évident: quand on a un objectif, on doit aussi avoir un plan définissant la manière dont cet objectif sera atteint. A l’inverse, on ne peut appliquer une stratégie que si on vise un certain objectif.

Ce principe, qui va de soi dans chaque entreprise, est malheureusement plus que jamais absent de notre gouvernement national.

Pour le moment, nous devons bien constater que le Conseil fédéral manque d’objectifs clairement définis. Et, souvent, les deux font défaut – les objectifs et les stratégies.
La conséquence est que la Suisse navigue sans capitaine, qu’elle se lance dans des actions précipitées, qu’elle mène une politique hasardeuse et imprévoyante. La négligence, qui marque le travail du gouvernement, commence à devenir un vrai problème, d’autant plus que ce sont toujours les citoyens qui doivent en supporter les conséquences.
Les exemples illustrant la politique improvisée du gouvernement national sont nombreux. En politique extérieure, notamment, nous cherchons en vain des objectifs précis et une planification sérieuse.

Politique européenne
Quels sont les objectifs précis du Conseil fédéral dans les questions institutionnelles avec l’UE? Quel est son plan? Les futurs rapports avec l’Union européenne ne sont qu’incertitudes. Un exemple: on a appris que le Conseil fédéral voulait prendre position sur une réaction de Bruxelles alors que celle-ci n’avait même pas eu lieu!

Place financière
Comment le Conseil fédéral veut-il garantir à long terme les emplois sur la place financière suisse? Quel est son plan et comment entend-il se défendre contre les attaques venant de l’étranger? Nous ne voyons aucune stratégie, mais nous constatons un démantèlement progressif du secret protégeant les clients des banques suisses, donc de la sphère privée des citoyens. Avec pour conséquence la perte de milliers d’emplois en Suisse.

Attractivité économique de la Suisse
Prenons l’exemple de l’imposition des entreprises: le Conseil fédéral a eu depuis de nombreuses années le temps de préparer une stratégie sur la future orientation de la Suisse dans ce domaine. Il n’en a rien fait, mais tout à coup il propose des négociations à l’UE sans avoir défini au préalable ses objectifs. Et lorsque des cantons s’inquiètent à juste titre de cette situation, la conseillère fédérale concernée se contente de les remettre à leur place.

Cette improvisation atteint désormais aussi la politique intérieure. De plus en plus souvent on ne respecte plus les déroulements réguliers dans le processus de décision parlementaire, notamment concernant les objets de politique financière et extérieure.
Les procédures ordinaires sont de plus en plus fréquemment ignorées. La manière dont le Conseil fédéral organise ses consultations donne une idée navrante de la politique gouvernementale. De plus en plus souvent il recourt aux méthodes rapides, voire précipitées, par la voie de conférences ou de procédures urgentes.

Ce fut le cas pour la procédure de consultation concernant le traité entre la Suisse et l’Allemagne sur les conséquences de l’exploitation de l’aéroport de Zurich pour le territoire allemand. Bien que ce sujet soit d’une importance capitale pour la Suisse, le délai de réponse a été ramené à quatre semaines.

Idem pour le contrôle de l’admission des médecins-spécialistes où quelques jours seulement écartent la décision du Conseil fédéral et la procédure de consultation par voie de conférence.

Autre exemple: l’ordonnance appliquant l’initiative sur les résidences secondaires que le peuple a déjà accepté le 11 mars dernier. Une fois de plus, l’administration fédérale précipite les choses au dernier moment et recourt à la procédure d’urgence.
Même constat concernant le message sur les Jeux olympiques d’hiver 2022. Comment peut-on demander à un parti de s’exprimer en dix jours sur un projet qui entraînera des dépenses supplémentaires d’un milliard de francs pour la Confédération? Ce n’est pas sérieux.
Cette tendance à multiplier les procédures rapides suscite des interrogations graves sur la planification et la conduite des affaires par le Conseil fédéral et ses départements. Cette liste d’exemples peut être allongée à souhait.

Tournant énergétique
Stratégie énergétique 2050: peut-on parler de stratégique quand à la suite d’un seul événement on renverse de fond en comble et du jour au lendemain une politique établie depuis longtemps? Dans ce cas, l’objectif est clair, mais le plan est plus que douteux. En fait de stratégie énergétique, il s’agit bien plus d’un ensemble désordonné d’idées énergétiques. En considérant sérieusement ces propositions, on constate très vite que ce ne sont que châteaux en Espagne et illusions, si bien que personne ne sait réellement comment la Suisse parviendra à couvrir ses besoins énergétiques par sa production indigène. En lieu et place, le Conseil fédéral tente de combler par de nouvelles importations les grosses lacunes de sa prétendue stratégie.

Œuvres sociales
Là encore, le Conseil fédéral ne prévoit rien. Au lieu d’assainir et de garantir à long terme nos institutions sociales, le gouvernement mise sur le système boule de neige qu’est l’immigration. Interdit aux simples citoyens, ce système est joyeusement pratiqué par le gouvernement et les organisations économiques qui osent le plus sérieusement du monde présenter l’immigration comme la panacée universelle au financement de nos institutions sociales. Des œuvres sociales financées moyennant le système boule de neige de l’immigration dissimulent la nécessité de vraies réformes. Cette politique est irresponsable.

Agriculture
Le Conseil fédéral parle d’augmenter la compétitivité des agriculteurs, mais propose une politique agricole 2014 qui réduit la production alimentaire nationale, donc la souveraineté alimentaire de notre pays, et qui renforce l’écologie et l’extensification. Où est la stratégie?

Aménagement du territoire
Le Conseil fédéral présente un concept d’aménagement du territoire pour la Suisse et focalise le futur développement économique sur lesdites régions métropolitaines. Donc précisément sur les centres où aujourd’hui déjà le trafic ferroviaire et routier s’effondre chroniquement tous les jours. Ne sera-t-il donc plus possible à l’avenir de créer des emplois sur tout le territoire du pays?

L’unique constante du Conseil fédéral: des séjours réguliers à l’étranger pour se pavaner devant les caméras. Il y aurait pourtant bien d’autres choses à faire face aux constantes attaques venant de l’étranger et les chantiers de politique intérieure exigeraient eux aussi une action intelligente et prévoyante, une politique responsable tenant compte également des besoins des générations à venir.

Et que font les partis politiques?
Le PDC fête aujourd’hui le résultat des élections argoviennes et son anniversaire rond. Faute de personnalités politiques marquantes dans ses propres rangs, il a invité un hôte allemand, Heiner Geissler, ancien secrétaire général de la CDU. Ce parti s’engage-t-il encore pour la Suisse?

Cette question ne se pose même pas pour le PS. Lorsque ce parti n’est pas occupé à saper la place financière suisse à Bruxelles ou à Berlin, son président Levrat fait une petite visite à Barack Obama à Washington. Sans doute apprendra-t-il de ses camarades démocrates américais comment augmenter encore plus les déficits publics et redistribuer l’argent gagné par d’autres.

Et nous autres, de l’UDC? Nous restons en Suisse et nous assumons nos responsabilités pour le pays. Nous nous réunissons dans le canton d’Uri pour puiser de nouvelles forces dans le pays de Tell. Nous nous engageons et nous développons nos propres stratégies et concepts. Nous proposons de nouvelles voies, même si elles sont inconfortables.

Nous observons les résultats des élections écoulées et nous constatons de la constance à un haut niveau. Et nous évitons les déclarations grandiloquentes. Car qui peut sérieusement s’intéresser à des parts de suffrage face aux grands problèmes de politique intérieure qui se posent. Nous nous sentons les obligés de notre pays. C’est dire que nous avons beaucoup de travail devant nous.

Toni Brunner
Toni Brunner
conseiller national Ebnat-Kappel (SG)
 
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