Les représentants du peuple doivent représenter le peuple et non le gouvernement

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour notre première assemblée des délégués après les élections fédérales du 21 octobre 2007. Ce scrutin a valu à l’UDC d’entrer dans l’histoire. Jamais encore…

Ueli Maurer
Ueli Maurer
conseiller national Wernetshausen (ZH)

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour notre première assemblée des délégués après les élections fédérales du 21 octobre 2007. Ce scrutin a valu à l’UDC d’entrer dans l’histoire. Jamais encore depuis l’introduction du système électoral actuel en 1919, donc depuis 89 ans, un parti n’a obtenu une proportion aussi élevée de suffrages.

Nous le savons bien: les élections portent les fruits d’années de travail. 30% des électrices et électeurs ont choisi notre politique et nous ont récompensés. Mais ils exigent aussi de nous que nous tenions nos promesses. Près de 700 000 Suissesses et Suisses veulent une Suisse où il fait bon vivre: « Ma maison, notre Suisse », voilà notre devise électorale. Une Suisse libérale et indépendante, une Suisse qui n’adhère pas à l’UE, une Suisse qui offre sécurité et prospérité à ses habitants, une Suisse renvoyant les criminels étrangers qui menacent sa sécurité et sa prospérité. La liberté, la sécurité et la prospérité constituent sans doute les besoins fondamentaux de nos électeurs.

D’abord le mandat de nos électeurs

Nous avons régulièrement confirmé notre ligne politique par nos initiatives populaires, référendums, consignes de vote, décisions de l’assemblée des délégués, interventions dans les parlements de tous les niveaux et, surtout, par notre travail politique quotidien. Notre politique des quatre années à venir sera mesurée à l’aune du « contrat avec le peuple » que nous avons conclu lors de notre assemblée de Bâle. Nous devrons orienter toutes nos activités politiques en fonction de cet engagement. Nos électeurs et public veilleront d’un œil critique à ce que nous tenions nos promesses sans faire de concessions.

Pour défendre cette politique avec encore plus de vigueur, nous avons obtenu, lors des dernières élections fédérales, au total sept sièges supplémentaires au Parlement fédéral. En agissant conformément au mandat du peuple durant la législature en cours, on comprend très vite qu’il n’y a pas de place pour des petites préoccupations personnelles dans notre travail politique. Les opinions qui s’écartent systématiquement de notre ligne ou les éternelles discussions de style n’intéressent que les médias qui en tirent prétexte pour faire mousser les événements. Mais vous savez bien ce qui advient de la mousse: elle fait d’un inconnu un personnage important, mais, peu après, il n’en reste que quelques traces collantes et peu appétissantes.

Les électrices et les électeurs, eux, ne s’intéressent qu’aux résultats de notre politique – non pas à la mousse, aux rêves, aux fauteuils confortables et aux postes juteux que peut rapporter la politique.

Les élections au Conseil fédéral sont une chance

Les élections au Conseil fédéral se sont, malheureusement, déroulées comme prévu – même si personne ne voulait réellement l’admettre avant le scrutin. Le résultat est conforme à la mentalité des prétendues élites de notre pays. On a cru que l’occasion était bonne pour régler des comptes et pour présenter l’addition à l’UDC. On a senti une bonne chance de jouer un vilain tour à un parti malaimé et d’affaiblir sa politique – surtout parce que cette politique est manifestement efficace. On n’a reculé devant aucun moyen, aussi répugnant soit-il, pour empêcher une réélection.

Les gens qui ont organisé cette cabale ont une curieuse idée des valeurs: leur principale préoccupation est d’accumuler les postes et prébendes et ils pensent évidemment qu’il en est de même dans l’UDC. L’opposition de l’UDC ne durera pas longtemps, ont-ils affirmé à la cantonade. Mais les ennemis irréductibles de l’UDC ont mal fait leurs comptes. Avec une rapidité étonnante notre parti s’est adapté à sa nouvelle situation. Celles et ceux qui accordent plus d’intérêt à la recherche de postes juteux qu’à leur travail politique se comptent, heureusement, sur les doigts d’une main dans l’UDC.

L’UDC n’a plus de conseillers fédéraux. Cette situation est sans doute douloureuse, mais elle est aussi une grande chance pour notre parti, une chance de se montrer tel qu’il est véritablement, de tenir ses promesses électorales sans concession. L’UDC se retrouve ainsi sans discussion aucune du côté du peuple.

La classe politique considère le peuple comme une opposition

Il paraît que le peuple est « l’opposition » en Suisse. Cette nouvelle définition qui nous vient tout droit du Palais fédéral en aura sans doute étonné plus d’un. Ces Dames et Messieurs de Berne forment le gouvernement et sont manifestement persuadés qu’ils détiennent non seulement le pouvoir, mais aussi l’unique vérité. Voilà où nous en sommes arrivés: le gouvernement ne reconnaît plus le peuple comme le souverain, mais il considère le peuple comme une opposition, donc comme adversaire et non pas comme supérieur. L’UDC devra critiquer encore beaucoup plus durement que dans le passé cette mentalité détestable qui s’est établie au Palais fédéral.

Les résultats des élections au Conseil fédéral ont déclenché un mouvement populaire jamais vu en Suisse. En quelques jours l’UDC a enregistré 10 000 adhésions. C’est unique dans notre pays. Les secrétariats de nos sections cantonales travaillent depuis des semaines, également le week-end, pour gérer les demandes d’admission et pour répondre aux milliers de lettres et courriels de citoyens déçus. Cette vague persiste: nous enregistrons toujours de nouvelles admissions et le nombre total a sans doute dépassé 12 000 à l’heure actuelle.

Il est réjouissant pour notre démocratie de voir des citoyennes et des citoyens manifester leur volonté de s’engager activement pour leur pays. Dans sa nouvelle « Fähnlein der sieben Aufrechten », Gottfried Keller disait déjà que le citoyen devait sortir de sa maison si l’Etat ne fonctionne plus. Détail intéressant: un tiers des nouveaux adhérents sont des femmes et des hommes de moins de 25 ans. Et le nouveau membre le plus âgé semble être une dame de 86 ans habitant en Suisse centrale.

Les attentes de l’immense majorité des membres de notre parti sont claires: veiller à la paix, à la sécurité, à la prospérité et à l’ordre et oublier tout le reste, y compris le Conseil fédéral! Finalement, nous sommes habitués à ce qu’on nous critique de l’extérieur, m’a-t-on dit. L’UDC sort incontestablement renforcée de cette phase. Nous avons aussi appris à vivre avec des médias qui sont en majorité diamétralement opposés à notre politique. Mais eux aussi seront bientôt rattrapés par la réalité.

On se méfie des élites

Une méfiance instinctive de la part du souverain à l’égard des élus et des autorités est un signe distinctif de notre démocratie directe. Le peuple suisse a même développé une sensibilité étonnante à ce propos. On peut s’en rendre régulièrement compte lors des élections et votations. La méfiance face aux personnes qui incarnent le pouvoir s’est même accrue ces derniers temps – aussi bien dans l’économie que dans la politique. Cette évolution doit être prise au sérieux.

Trop souvent on a eu récemment l’impression, tant dans l’économie que dans la politique, que des personnes publiques, une fois en place, ne travaillent plus que pour leurs intérêts personnels et leur compte en banque. Les citoyennes et les citoyens ne se sentent plus pris au sérieux par les élites, ils se sentent trompés et même trahis. Bien sûr, les discours du dimanche et autres déclarations politiques placent toujours les citoyens au centre, mais en même temps ces citoyens semblent gêner les élites. Aussi ces dernières les ignorent-ils tout simplement. Cette attitude déclenche un sentiment d’impuissance chez les gens. Nous courrons à grands pas vers une société à deux classes: d’un côté, les autorités qui placent de plus en plus souvent leurs propres intérêts au-dessus de ceux du peuple; elles sont soutenues par une ribambelle de courtisans qui disent oui et amen à tout et qui comptent sur les miettes qui tombent de la table des puissants; de l’autre côté, de larges couches de la population qui se rendent bien compte que les intérêts égoïstes des dirigeants et d’autres prétentieux passent avant les leurs.

700’000 Suisses ne sont pas pris au sérieux

De nombreuses personnes nous ont écrit après l’éviction de notre conseiller fédéral pour nous dire leur profond souci et leur sentiment que le peuple a été éliminé du gouvernement. Nous rappellerons une fois de plus à ceux que cette situation réjouit que 30 pour-cent de la population, que la principale force politique de ce pays ne sont plus représentés au Conseil fédéral. En évinçant Christoph Blocher du Conseil fédéral, ils pensaient sans doute avoir éliminé un adversaire redoutable. En réalité, le Parlement, corps électoral à ce niveau, a exclu du gouvernement national une partie importante de la population. Ce n’est certes pas un acte glorieux dans une démocratie. Et la manière dont cet événement a été fêté est indigne et répugnante.

Ces prétendues élites n’auraient pas mieux pu illustrer leur mépris de tous ceux qui pensent autrement en politique. Ce constat gênant ressort de toutes les analyses et explications faites ces derniers temps. La majorité du Parlement n’a pas seulement fait échouer notre parti et certaines personnes; elle a aussi refusé de prendre au sérieux quelque 700 000 citoyens; elle les a même brusqués. Il ne faudra plus s’étonner dans ces conditions devant un durcissement du débat politique. Les reproches dans ce sens que l’on pourrait faire à l’UDC se retournent contre leurs auteurs.

Du côté du peuple

La situation de départ est claire: l’UDC n’est plus représentée au Conseil fédéral. On a tenté en quelque sorte de nous imposer des « baillis étrangers » – et on sait ce que les Suisses pensent de ce genre de procédé. L’UDC, elle, se place résolument du côté du peuple. C’est pour cette raison que nous sommes dans l’opposition. Ce constat est bien plus profond que ne le laissent penser les analyses et commentaires superficiels parus à ce sujet. Une grande partie de la population se sent exclue; elle ne se sent plus représentée, elle est déçue et se sent même rabaissée. Tout cela ne change rien à notre mandat: nous nous battons pour la liberté, l’indépendance, la prospérité et la sécurité.

La tendance à pousser la Suisse dans des engagements internationaux de grande portée se poursuit. L’adhésion de la Suisse à l’UE figure toujours à l’ordre du jour politique. L’UDC s’oppose à cette politique défaitiste et se bat pour l’indépendance et la liberté.

Notre prospérité est en péril. L’Etat dépense toujours trop d’argent. Avec un sans-gêne total les élites politiques vivent aux frais des générations à venir qui devront un jour effacer l’énorme ardoise qu’elles leur laissent. L’UDC s’oppose à cette politique financière irresponsable et refuse des tâches publiques sans cesse nouvelles.

Les prétendues élites politiques continuent de minimiser les risques de l’accroissement de la violence et de la brutalité. L’UDC s’y oppose et exige que la sécurité des plus faibles passe avant la protection des malfaiteurs.

L’UDC s’oppose aussi au pillage de l’AVS, à la distribution des fonds sociaux selon le principe de l’arrosoir, aux abus dans les assurances sociales. L’UDC s’oppose à une redistribution effrénée et au nivellement par le bas.

Ma maison – notre Suisse

Nous continuerons de nous battre dans les années à venir pour notre Suisse, pour notre maison. Mais nous le ferons avec encore plus de force et de conviction, à côté du peuple et avec le peuple. Et nous saurons rester modestes dans notre travail.

Vous tous, vous avez bien travaillé et je tiens à vous en remercier très cordialement. Mais nous devrons soigneusement garder notre sens de l’autocritique. Nous continuerons de croître si nous travaillons encore mieux. Pour cela, il faut que nous ayons la volonté de faire un effort accru et de mener une politique compréhensible et crédible.

 

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Ueli Maurer
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