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Non à l’onéreuse initiative AVS

L’initiative AVSplus de l’Union syndicale suisse réclame une augmentation de 10% des rentes AVS pour tout le monde, qu’il s’agisse de riches retraités ou de rentiers aux petits moyens. Il suffit de consulter le compte de l’AVS pour comprendre à quel point cette proposition socialiste est déplacée. Ces deux dernières années, l’AVS a en effet dépensé plus qu’elle n’a encaissé. Cette initiative de la gauche porterait un coup fatal aux efforts d’assainissement à long terme de notre plus importante institution sociale. Il y a trois bonnes raisons de la rejeter:

Jürg Stahl
Jürg Stahl
conseiller national Brütten (ZH)

L’AVS doit être garantie financièrement

En 2014 et en 2015, l’AVS a dépensé plus qu’elle a n’a encaissé. Cette situation s’explique par le développement démographique. D’une part, la natalité est faible depuis plusieurs décennies, d’autre part, les rentières et rentiers d’aujourd’hui vivent plus longtemps que leurs prédécesseurs. Cela est certes réjouissant, mais le revers de la médaille est que les rentes AVS doivent être versées plus longtemps. De plus, les personnes nées durant les années à forte natalité, soit approximativement entre 1955 et 1965, arrivent à l’âge de la retraite alors qu’à l’inverse il y a moins de jeunes entrant dans le marché du travail. Cela signifie concrètement que de plus en plus de retraités touchent une rente alors que de moins en moins d’actifs cotisent à l’AVS. Faute de mesures de correction, il manquera d’ici à 2030 quelque 7 milliards de francs par an dans la caisse de l’AVS.

Pour permettre aux actifs et futurs rentiers de profiter encore longtemps de l’AVS, la prévoyance vieillesse exige une réforme en profondeur, mais elle n’a certainement pas besoin d’une augmentation forfaitaire des rentes pour tous.

Une facture de plusieurs milliards à payer par la jeune génération

Selon cette initiative, toutes les rentes AVS doivent être augmentées de 10% – indépendamment du fait que les rentiers en aient besoin ou non. Cette distribution selon le principe de l’arrosoir est fausse et excessivement onéreuse. En cas de oui populaire à l’initiative, nous devrions verser dès 2030 jusqu’à 5,5 milliards de francs par an de plus à l’AVS qu’aujourd’hui. A ce montant il faut ajouter les 7 milliards qui manquent aujourd’hui déjà. Bref, nous devrions compenser chaque année un découvert de quelque 13 milliards de francs. Selon les auteurs de l’initiative, ce montant doit être généré par une hausse des cotisations des actifs et des employeurs. Or, il est inacceptable de charger tout simplement la carte de crédit des jeunes d’un tel montant. C’est insensé et injuste. Aujourd’hui, la pauvreté menace un plus grand nombre de jeunes familles que de rentiers.

Cette initiative ne profite pas à ceux qui en ont besoin

L’AVS est la plus grande œuvre sociale solidaire de Suisse. Les cotisations étant fixées selon un pourcentage fixe, les personnes bénéficiant d’un salaire élevé versent beaucoup plus à l’AVS qu’elles ne finiront par toucher de la part de celle-ci lorsqu’elles seront à la retraite. Elles contribuent ainsi massivement au financement des rentes des retraités moins aisés. Et c’est juste ainsi! On ne peut pas en dire autant de l’initiative des syndicats qui a des effets absurdes pour les personnes à petit revenu. Celles et ceux qui touchent actuellement des prestations complémentaires parce qu’ils n’ont pas assez pour vivre avec l’AVS, la prévoyance professionnelle et la fortune privée seront perdants. En effet, si l’AVS augmente, les prestations complémentaires sont réduites. Ces rentiers ne toucheraient en fin de compte pas plus qu’aujourd’hui. Pire, les personnes qui n’auraient plus droit aux prestations complémentaires en raison de l’augmentation de la rente AVS perdraient dans l’opération, car, contrairement aux prestations complémentaires, les rentes AVS sont soumises à l’impôt. De plus, les contributions à la réduction des primes d’assurance-maladie et d’autres avantages sont supprimés à partir du moment où l’on n’a plus droit aux prestations complémentaires.

Cette initiative n’est décidément pas le bon moyen d’aider les personnes touchant une rente modeste. Elle favorise au contraire les rentiers qui n’ont pas besoin d’une augmentation de leur rente AVS et charge excessivement les actifs, notamment les jeunes familles et les personnes élevant seules leurs enfants.

Jürg Stahl
Jürg Stahl
conseiller national Brütten (ZH)
 
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