Nous devons mettre de l’ordre!

C’est à juste titre que nous sommes fiers de notre démocratie directe, donc de la participation du peuple aux décisions politiques à tous les niveaux de l’Etat. Cela dit, je dois avouer que je…

de d’Ueli Maurer, conseiller national (ZH), président de l’UDC Suisse

 

C’est à juste titre que nous sommes fiers de notre démocratie directe, donc de la participation du peuple aux décisions politiques à tous les niveaux de l’Etat. Cela dit, je dois avouer que je commence à avoir quelques doutes quant au bon fonctionnement de ce système. Le peuple, donc le souverain, a-t-il toujours le dernier mot? Plus d’une fois j’ai été étonné de lire l’ordonnance du Conseil fédéral qui règle l’application d’une loi que j’ai contribué à façonner en tant que parlementaire. J’ai fréquemment relevé des écarts sensibles par rapport à ce que le Parlement avait décidé. Mais cet écart s’élargit ensuite par la manière dont décident les autorités et par les interprétations que les juristes peuvent donner à la norme légale. Des années plus tard, on parle de jurisprudence et on fait croire aux citoyens que c’est exactement ce qu’ils ont voulu. Or, il me semble parfois que ce processus aboutit juste à l’inverse de ce qu’avait voulu initialement le peuple.

L’exemple de la protection des animaux

Prenons l’exemple de la loi sur la protection des animaux que nous avons révisée il y a quelques mois. On avait dit à l’époque que le nouveau texte n’aurait quasiment pas d’effet sur la garde d’animaux de rente. Et voilà qu’arrive l’ordonnance qui, dans une quelconque annexe imprimée en petits caractères, augmente massivement la surface de couchage pour les animaux à l’engraissement. Quelques chercheurs payés par l’Etat ont en effet constaté, chronomètre en main, que les bœufs étendent leurs jambes pendant deux heures de temps sur 24 heures quand ils sont couchés. Voilà comment on motive un petit rajout à une ordonnance qui coûtera des douzaines de millions de francs aux éleveurs. Et cela alors que les paysans s’entendent dire tous les jours qu’ils doivent produire moins cher. Selon les spécialistes, cette disposition empêche largement l’engraissement de gros bétail en Suisse. Qui a voulu cela? Les paysans se défendent, les protecteurs des animaux y sont opposés, les consommateurs n’en veulent pas non plus. Qui alors? Manifestement l’administration en se justifiant avec une étude douteuse.

Et puisque nous parlons protection des animaux: les éleveurs suisses de porcs ont dû, ces dernières années, éliminer dans leur cheptel à coups de douzaines de millions de francs une maladie pulmonaire simple, mais hautement contagieuse. La Suisse est aujourd’hui le seul pays d’Europe exempt de cette épizootie. Or, la Confédération vient d’autoriser les transports d’animaux en provenance de l’UE à travers la Suisse. Notons en passant qu’en Suisse on n’a le droit de transporter des animaux que pendant six heures alors que l’UE tolère 29 heures. Nous verrons donc à l’avenir sur l’autoroute A2 à nouveau des transports d’animaux avec des porcs provenant des quatre coins de l’UE, si bien qu’en quelques mois les efforts sanitaires des éleveurs helvétiques seront annihilés. En effet, cette épizootie se transmet par l’air et atteindra rapidement les élevages suisses. Et nos paysans en subiront le contrecoup économique. Qui a voulu cela? Quelques fonctionnaires de Bruxelles et le Conseil fédéral, comme toujours quand un ordre vient de Bruxelles, fait preuve d’obéissance par anticipation en adoptant la modification avant même qu’elle ait été négociée. Le peuple et le Parlement n’ont pas voix au chapitre.

Normal, dans ces conditions, que les électrices et les électeurs s’interrogent sur le bon fonctionnement de la démocratie. « Nous n’allons plus voter. Ceux d’en haut font de toute manière ce qu’ils veulent. » Une attitude compréhensible, certes, mais qui doit nous encourager à veiller à ce que les citoyennes et les citoyens aient à nouveau leur mot à dire.

L’exemple des explications de vote du Conseil fédéral

Voici un autre exemple dont nous avons directement fait les frais ces dernières semaines. Le 12 juillet dernier, nous avons déposé à la Chancellerie fédérale plus de 70’000 signatures à l’appui du référendum contre le milliard pour la cohésion. Quelques jours plus tard, donc en plein milieu des vacances d’été, nous avons été invités à déposer en l’espace de dix jours ouvrables notre texte destiné aux explications de vote du Conseil fédéral. Rappelons que les auteurs du référendum disposent de juste une page dans cette brochure pour exposer leurs arguments. Le Conseil fédéral, lui, peut occuper autant de place qu’il estime nécessaire pour gagner la votation.

Malgré la période des vacances et grâce notamment à une conférence téléphonique dimanche soir entre 22.00 et 24.00 heures, nous avons réussi à réunir tous les responsables pour livrer finalement lundi matin le texte définitif. Invitée par nous à commenter cette procédure, la chancelière fédérale a jugé parfaitement normal que nous ayons eu moins de temps à disposition que l’administration qui, elle, peut se contenter de soumettre ce texte au Conseil fédéral. Il est vrai que nous ne sommes que le peuple.

Mais ce n’est pas tout. Les événements qui ont suivi sont indignes d’une démocratie. Le chef adjoint de la section Information et communication de la Chancellerie fédérale – une fonction très importante, semble-t-il – nous a annoncé par courriel une semaine plus tard que les fonctionnaires concernés des départements fédéraux avaient trouvé des erreurs dans notre texte. Et de nous laisser généreusement le temps jusqu’au lendemain à dix zéro zéro pour adapter ces passages. Il va de soi que nous avons maintenu notre argumentation et que nous avons communiqué notre décision poliment, mais fermement le lendemain à dix zéro zéro.

C’est une évidence: l’administration se prend pour le bon Dieu. Elle estime avoir le droit de nous dire ce qui est juste et ce qui ne l’est pas, ce que nous devons dire et ce que nous devons penser, à nous, représentants du peuple, qui présentons une revendication signée par plus de 70’000 citoyens. Une arrogance incroyable à mes yeux et surtout un procédé inadmissible. L’administration publique s’arroge des droits qu’elle n’a pas et nous traite comme des mules obstinées. Le peuple peut certes déclencher une votation avec 70’000 signatures, mais il n’a pas le droit de dire son avis à ce sujet. Et cela dans une brochure de vote payée par les contribuables.

En fuite dans son propre pays

Je pourrais vous parler jusqu’à dimanche soir d’exemples semblables. La conclusion est toujours la même: les citoyennes et les citoyens ne se sentent plus compris par l’Etat, par les autorités et, plus particulièrement, par l’administration. Pire, ils se sentent des victimes de chicaneries administratives. Celui qui remplit ses devoirs et obligations face à l’Etat, qui veille lui-même à son entretien et à celui de sa famille, qui se lève tous les matins pour aller au travail, qui s’engage facultativement pour la société et l’Etat, celui-là se sent de plus en plus abusé. Il se fait de plus en plus lourdement taxer par un Etat qui lui est de moins en moins utile.

Il y a quatre semaines, une mère de famille d’une commune zurichoise m’a écrit une lettre. Je cite un passage: « Nous sommes en fuite dans notre propre pays. Après les vacances, nos deux enfants et leurs deux amis seront les seuls Suisses dans leur classe. Jusqu’ici déjà, l’enseignement était chaotique malgré la présence d’une bonne maîtresse d’école. (…) Nos enfants ont peur en raison de la violence à peine dissimulée dans la cour de l’école et sur le chemin de l’école. Aidez-nous! Connaissez-vous un logement pas trop cher dans une commune rurale où nos enfants reçoivent un vrai enseignement afin d’avoir une chance dans leur future vie professionnelle? » Fin de la citation. Il n’y a pas grand-chose à ajouter sinon qu’il s’agit sans doute là d’un exemple parmi des dizaines de milliers d’autres.

La Suisse est « notre chez nous »

Il y a trois ans, des centaines de milliers de Suisses ont donné leur voix à l’UDC. Ils ont fondé des espoirs sur nous. Ils s’engagent pour la Suisse. Mais la Suisse est en train de perdre ses qualités traditionnelles. Les transports publics, les places, les rues et les bâtiments sont salis et endommagés par des vandales. Des quartiers entiers sont dans un état répugnant, sales, tagués, mal entretenus. Dans le trafic routier, le Conseil fédéral veut la tolérance zéro. Sur la place publique, il ferme les deux yeux. De plus en plus de personnes ne se sentant pas responsables de la saleté qu’elles font, nous en payons tous les frais. Cette situation exige une intervention draconienne. Celles et ceux qui jettent leurs détritus dans la rue devraient être obligés à participer gratuitement aux travaux de nettoyage.

Même si nous avons réussi à résoudre beaucoup de problèmes ou du moins à avancer dans la bonne direction, il nous reste beaucoup à faire. L’UDC doit continuer à mettre de l’ordre afin que nous nous sentions bien chez nous. Nous ne devons pas admettre qu’une bureaucratie débordante compromette notre bien-être et notre prospérité. Il n’est pas acceptable que des fonctionnaires zélés ennuient des citoyens responsables avec des mesures chicanières. Que des autorités et élus politiques lâches se cachent derrière des prescriptions sans cesse nouvelles. Que l’administration s’arroge le droit de décider à la place des citoyens. Que le droit international prenne la place du droit suisse.

L’UDC devra se faire très désagréable ces prochaines années, dans l’intérêt des citoyennes et des citoyens, donc de l’autorité suprême de ce pays. Qui d’autre sinon l’UDC a le courage de parler des malaises et de poser les problèmes sur la table? Nous devons mettre de l’ordre et veiller à ce que la poussière des paperasses et la jungle des prescriptions ne nous étouffent pas. Nous voulons une Suisse libre, faite de citoyennes et de citoyens indépendants qui veulent garder plus d’argent pour vivre. Pour cela, nous avons besoin de plus de représentants UDC à tous les niveaux, de la commune jusqu’à la Confédération en passant par les cantons, de représentants UDC qui s’engagent avec courage et détermination pour notre « chez nous », pour notre Suisse.

 
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