Préavis de tempête

Les indicateurs économiques l’annoncent depuis quelque temps déjà: l’économie mondiale est en mauvaise posture. Le PIB de grands pays industrialisés est en baisse depuis le milieu de l’année 2018: en Europe (D, F, I), mais aussi en Chine. Le même constat vaut pour la production industrielle qui affiche une nette tendance à la baisse dans toutes les régions du monde.

Magdalena Martullo
Magdalena Martullo
conseillère nationale Lenzerheide (GR)

L’indice des directeurs d’achat, qui est un indicateur fiable du développement conjoncturel, confirme ce constat.
Il baisse dans le monde entier depuis 2018. Début 2019, il est tombé en dessous du seuil de 50%, ce qui est le signe d’une récession. Ventilé en fonction des différents pays, cet indice indique une stagnation industrielle aux Etats-Unis et dans l’UE. En Chine également, il annonce une récession. Les consommateurs sont devenus prudents durant les 12 mois écoulés, comme en témoigne la statistique des dépenses de consommation dans les pays membres de l’UE.

Ce ralentissement touche en particulier le principal moteur économique de l’UE et le plus grand client de la Suisse, à savoir l’Allemagne. La croissance du PIB est tombée à zéro durant le premier semestre 2019 alors que l’indice du climat des affaires ifo ne cesse de baisser depuis le début 2018.

Ces chiffres illustrent le développement économique réel en l’Allemagne où, durant les 12 derniers mois, un grand groupe industriel après l’autre a annoncé des assainissements et des licenciements. Quelques exemples: Siemens, BASF, Bayer, Sanofi Hoechst, RWE, les sous-traitants de l’industrie automobile et les banques.

Les chiffres du chômage publiés dans les principaux pays industrialisés ne reflètent pas encore ces licenciements en masse. Dans les pays de l’UE et surtout en Allemagne, où la protection contre les licenciements est particulièrement étendue, ce phénomène n’influence les statistiques qu’avec un retard de 12 à 18 mois, le temps de mener les négociations de politique sociale prescrites par la loi. Le chômage prend du retard sur le développement économique réel, mais il le suit inexorablement. Il a déjà stagné dans l’UE durant le deuxième trimestre 2019.

En faisant le bilan des indicateurs et des annonces récentes des entreprises, on arrive à la conclusion que la situation économique se détériorera encore plus durant les mois à venir et que le chômage augmentera. Ce ralentissement est désormais perceptible non seulement en Chine, mais aussi de plus en plus aux Etats-Unis.

Comment la conjoncture évolue-t-elle en Suisse?
Selon les pronostics du SECO de la semaine dernière, les perspectives conjoncturelles de la Suisse s’assombrissent également. La mauvaise situation économique mondiale a incité la Confédération de corriger à la baisse ses prévisions conjoncturelles.

La menace d’orage est déjà clairement perceptible dans le secteur suisse des machines, des appareils électriques et de la métallurgie (branche MEM), la branche exportatrice qui emploie le plus de collaboratrices et collaborateurs. La situation peut même être qualifiée de dramatique: durant le premier semestre 2019, les entrées de commandes ont nettement reculé par rapport à l’année précédente. La baisse a atteint près de 20% au deuxième trimestre 2019!

Le taux d’exploitation des capacités industrielles est en baisse. Le nombre de demandes en vue de mises au chômage partiel a fortement augmenté. Le travail commence à manquer, comme le confirme la demande de Swissmem de prolonger le chômage partiel à 18 mois.

Le décompte du chômage partiel par le SECO indique également une augmentation générale du nombre de réductions des horaires de travail pour raisons économiques. Bien qu’il se situe encore à un niveau relativement bas, le chômage partiel progresse continuellement depuis le début de l’année 2019.

L’affaiblissement de l’euro par rapport franc suisse illustre également le ralentissement économique dans les pays utilisant cette monnaie. Il renchérit les exportations suisses. C’est dire que la cherté du franc est pour les exportateurs suisses un handicap supplémentaire qui s’ajoute à la baisse conjoncturelle dans les pays acheteurs.

L’indice des directeurs d’achat a aussi reculé en Suisse. Le baromètre de la consommation est à la baisse durant le premier semestre 2019 et les espoirs d’une amélioration sont minces. Les grandes acquisitions ne sont effectuées qu’avec beaucoup de retenue et le chômage est en hausse. Les Suissesses et les Suisses suivent les mauvaises nouvelles internationales et se préparent à des temps difficiles en réduisant leur consommation, une attitude qui se répercute forcément sur les branches économiques actives à l’intérieur du pays.

Le tourisme profitera sans doute encore d’un nombre élevé de réservations, mais il devra lui aussi s’adapter au recul des affaires en raison notamment d’un cours de change défavorable.

Dans cette situation économique difficile et exigeante, les entreprises ont tout particulièrement besoin de conditions-cadres politiques favorables: moins de régulations, une plus grande marge de manœuvre pour les réorientations et l’innovation, mais aussi des impôts, taxes et redevances modérés, des finances publiques équilibrées et des institutions sociales entièrement capitalisées. Cela fait longtemps que l’UDC formule ces exigences, malheureusement en se heurtant trop souvent à l’opposition de majorités politiques. Cette fois-ci la situation est sérieuse et il est minuit moins cinq pour agir!

Magdalena Martullo
Magdalena Martullo
conseillère nationale Lenzerheide (GR)
 
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