Journal du parti Franc-parler juillet 2015

Interview avec le conseiller fédéral Ueli Maurer

Le 1er août a aussi un aspect très sérieux. On fête la naissance de notre Confédération.

 
Nous célébrerons bientôt l’anniversaire de la Confédération. Quelle caractéristique de la Suisse appréciez-vous le plus?

Outre ses magnifiques paysages et sa diversité, c’est notre liberté : nous vivons dans un pays qui fonctionne et dont nous gouvernons la destinée. Nous devons tout faire pour que cela reste ainsi. Jetons un regard au-delà des frontières : une grande partie des turbulences et tensions politiques en Europe vient du fait que les gouvernements et les instances supranationales sans guère de légitimité démocratique prennent les décisions de façon hautaine, sans tenir compte des citoyens.

Quel sens attribuez-vous à la fête du 1er août ?
Pour moi, le 1er août est avant tout une fête populaire, qui reflète aussi la diversité de notre pays : ces dernières années, j’ai été invité dans toutes les régions de Suisse. Partout, les associations et la population organisent une célébration formidable. C’est à chaque fois très différent d’une région à l’autre.

Mais le 1er août a aussi un aspect très sérieux. On fête la naissance de notre Confédération. C’est donc l’occasion de réfléchir à nos origines et au cap à prendre. En effet, en tant que citoyens et citoyennes nous portons la responsabilité de l’avenir de notre pays. Notre prospérité n’est pas qu’un cadeau de la nature, mais le résultat de notre ordre libéral. Le remettre en cause, ce serait risquer de perdre notre prospérité.

Quand avez-vous pour la dernière fois fait partir vous-même une fusée ?
Cela doit faire plus de 30 ans. C’étaient les enfants qui s’en chargeaient.

Que pensez-vous de notre relation avec l’UE ?  
Elle est entachée d’un malentendu fondamental : l’UE ne comprend pas que nous souhaitons rester un pays autonome et indépendant. Elle croit que nous voulons nous intégrer à l’UE. Peut-être aussi que nous n’exprimons pas toujours assez clairement que ce n’est pas notre but. Sinon, elle n’exigerait pas que nous nous soumettions à son droit et à ses juges. Si nous faisons cela, nous céderions notre indépendance et deviendrions de fait une partie de l’UE.  

D’ici à 2030, la Suisse devrait compter jusqu’à 10 millions d’habitants. À vo-tre avis, comment faire pour préserver nos valeurs et nos traditions dans ces conditions ?
Il nous appartient de décider si nous voulons réellement une Suisse à 10 millions d‘habitants. Celle-ci n’aurait plus grand-chose en commun avec la Suisse que nous connaissons aujourd’hui. Un plateau bétonné, habité par une population qui, en sa grande majorité, n’a pas ses racines ici. Il serait illusoire de penser que nos valeurs et nos traditions y auraient encore une place importante. Mais comme je l’ai dit, le peuple peut stopper cette évolution et actionner le frein d’urgence.

Comment faire pour conserver notre autonomie à l’avenir ?
Nous y parviendrons si la population se prononce systématiquement en faveur de la liberté et de l’indépendance lors des élections et votations. Le danger guette de toutes parts : d’une part, la pression de l’étranger, telle que nous l’avons vécue ces dernières années. D’autre part, en interne, certains cercles qui aimeraient voir la Suisse se rapprocher toujours davantage de l’UE. Heureusement, grâce à la démocratie directe, le peuple a toujours le dernier mot. Ce sont donc les citoyens qui décident de notre autonomie.

Quelle importance revêtent les élections fédérales de l’automne prochain?
Ce sont des élections très importantes, parce que le nouveau Parlement prendra des décisions dont les effets persisteront bien au-delà de quatre ans : il s’agit en premier lieu de no-tre rapport à l’UE et de l’immigration massive induite, d’une part, par la libre-circulation des personnes et, d’autre part, par les demandes d’asile. Le nouveau Parlement devra trouver des solutions de toute urgence. Les élections seront donc essentiellement une décision sur l’orientation à pren-dre sur ces thèmes centraux. Ceux qui voient d’un œil inquiet l’évolution du cours de l’UE ou l’immigration incontrôlée doivent donc impérativement se rendre aux urnes.

Serez-vous à nouveau candidat?
Oui.

De votre point de vue, dans quels domaines faut-il agir en priorité pour assurer la sécurité ?
Il y a deux domaines prioritaires. Premièrement, la sécurité intérieure: la criminalité nuit aujourd’hui considérablement à notre qualité de vie. Beaucoup de gens ont un sentiment d’insécurité. Nos citoyens ont droit à ce que leur vie, leur intégrité corporelle et leur propriété soient protégées. Il faut faire bouger les choses. Entre autres, les étrangers criminels doivent enfin être systématiquement renvoyés, comme le peuple l’a décidé.

Deuxièmement, nous devons à nouveau équiper notre armée de façon à ce qu’elle puisse maintenir la sécurité dans les situations de danger les plus diverses. N’oublions pas que les menaces se multiplient partout dans le monde. Écroulement de l’État au Moyen-Orient avec montée en puissance de l’État islamique, tensions croissantes entre Est et Ouest sur fond de guerre en Ukraine, intensification de la menace terroriste islamiste…

Comment évaluez-vous le risque d’attentats terroristes en Suisse ?
La menace terroriste croît partout en Europe. La Suisse n’est probablement pas une cible de premier plan, mais le risque augmente aussi pour nous. Il existe des forces croissantes, aussi en Suisse, qui rejettent catégoriquement notre mode de vie occidental et notre ordre libéral. Des jeunes de notre pays ont même rejoint l’État islamique.

Comment percevez-vous le non du groupe UDC à la dernière réforme de l’armée ? Pouvez-vous encore garantir la sécurité du pays ?  
Ces dernières années, l’armée a corrigé ses principaux défauts. Il manque cependant toujours les moyens financiers nécessaires pour équiper correctement tous les soldats en cas de besoin. Notre armée n’est donc que partiellement apte à remplir sa mission.

Nous planchons à présent sur une nouvelle armée, plus petite mais en-tièrement équipée, mobilisable à brève échéance et véritablement apte à intervenir. Or, tout cela n’est réalisable que si nous disposons d’un budget de 5 milliards de francs. Un montant inférieur compromet ce plan.

En votant non, l’UDC a fait en sorte que la question reste sur la table. Sans l’UDC, on aurait une fois de plus évité le sujet.

Revenons sur l’année 2015 : Pourriez-vous citer trois points desquels vous êtes satisfait, et trois dont vous êtes insatisfait (tous concernant le DDPS) ?
J’ai de bons collaborateurs, la loi sur les services de renseignement et en bonne voie et une réforme de l’armée qui corrige les défauts existants.

Ce dont je suis insatisfait, c’est du rythme souvent endormant et du manque de volonté de prendre des responsabilités.

par l’auteur
UDC conseiller fédéral (ZH)
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