par Jean-Luc Addor, Conseiller national, membre de la Commission de la politique de sécurité du Conseil national (CPS-N), Savièse (VS)
La Suisse est à la croisée des chemins. La guerre a fait son retour aux portes de l’Europe. Autour de nous, l’Europe réarme massivement. La migration n’est plus juste un enjeu social et culturel : elle est devenue un outil, un levier de pression pour des Etats qui l’utilisent comme un cheval de Troie. Bref, le monde a changé ; avec le retour de la politique de puissance, il est devenu plus incertain et dangereux
Et nous ?
Nous devons nous adapter. Evidemment. Mais sans jamais renier ce que nous sommes.
Notre devoir est clair : défendre ce qui est à nous, ce que nos ancêtres ont construit et nous ont laissé. Ça veut dire : souveraineté, indépendance, intégrité territoriale. Et pour cela, un moyen qui a fait ses preuves : la neutralité, armée et perpétuelle. Ce n’est pas un slogan. C’est du concret. Et derrière, une milice, des citoyens-soldats prêts à défendre le Pays, notre Pays.
Voilà cinquante ans que la gauche, profitant de la passivité naïve d’une partie du centre-droit, affaiblit notre armée : moins de budget, moins de moyens, plus de mépris. Et aujourd’hui, ces rêveurs viennent jouer aux stratèges. Ils veulent abolir notre armée ; et les voici qui veulent nous donner des leçons de sécurité. Plutôt que de faire remonter en puissance notre armée et notre industrie de la défense, ils nous parlent d’alliances. C’est vrai qu’à force de négliger notre armée, il ne nous restera bientôt plus qu’une issue (c’est cela, leur agenda) : l’adhésion aux structures militaires de l’UE et à l’OTAN.
L’UE et surtout l’OTAN, parlons-en. Ça veut dire quoi ? Des soldats suisses qui iront mourir sous les ordres de l’étranger pour défendre des frontières qui ne sont pas les nôtres ; des décisions prises à Bruxelles ou plutôt à Washington ; et le nom de la Suisse inscrit sur la liste des cibles d’Etats qui ne sont pas nos ennemis. Ce n’est pas juste un risque ; ce plan funeste est en marche : intégration toujours plus poussée à l’OTAN, exercices communs, nous y sommes bientôt, avec en « prime » la reprise servile de sanctions économiques dont nous savons tous deux choses : elles n’empêchent aucune guerre et surtout, leurs seules vraies victimes, c’est nous (un autogoal, donc). La Suisse s’est laissé embarquer dans ce mouvement avec quel résultat ? Non seulement la Russie considère la Suisse comme hostile, mais l’UE, Allemagne en tête, nous met sur liste noire en raison de nos règles de réexportation d’armes. Nous perdons des deux côtés. Et nous nous rangeons dangereusement du côté de ce qu’il faut bien appeler le parti de la guerre.
Dans la tourmente, l’UDC reste droite dans ses bottes. Pas d’excuses. Pas de flou. La politique étrangère ? Elle doit servir les intérêts suisses. Pas ceux des autres. La neutralité ? Stricte, armée, avec une armée entièrement équipée et modernisée et une industrie de la défense renforcée. C’est une urgence d’y revenir. Finissons-en avec les sanctions qui n’ont pas été approuvées par l’ONU. Pour notre sécurité, reprenons aussi le contrôle de nos frontières et de la migration.
La neutralité – armée, encore une fois… Ce n’est pas une relique. Ni une idée d’un autre temps. Depuis plus de 200 ans, elle nous a permis de préserver notre Pays de la guerre autant que d’aventures guerrières risquées, de préserver notre prospérité aussi. Nous lui devons notre existence de petit pays au centre de l’Europe. Loin d’être une entrave, c’est notre meilleur atout pour défense nos intérêts dans ce monde incertain et dangereux.
Nos intérêts… La Suisse subsistera et restera forte si nous redevons capables de défendre nos intérêts, ceux de la Suisse et des Suisses, pas ceux des autres. Aujourd’hui plus que jamais, souvenons-nous de ce mot d’ordre éternel du Général : « pensez en Suisses, agissez en Suisses ! ».
