par Michael Götte, Conseiller national, membre de la Commission de la politique de sécurité du Conseil national (CPS-N), Tübach (SG)
C’est avec plaisir que je commencerai mon exposé par quelques mots personnels. Il y a plus de 25 ans, je suis entré à l’école de recrues à Thoune en tant que futur grenadier de chars. Et il y a 20 ans, j’ai accompli ma formation de commandant d’une compagnie de chars sur la place d’armes de Thoune. Si tout m’y semble encore très familier aujourd’hui, c’est pour une raison simple : au cours des 20 dernières années, tout est resté plus ou moins comme avant en ce qui concerne l’équipement personnel et les chars de combat. Celui qui entre aujourd’hui à l’ER en tant que « Pänzeler » se déplace avec les mêmes véhicules que ceux sur lesquels j’ai été instruit autrefois. Seul le nombre de véhicules de combat prêts à l’emploi a changé. En 1987, il y a presque 40 ans, la Suisse a acquis 380 chars de combat Leopard 2 ; il en reste 134 en état de combattre. Un constat d’échec, au sens propre du terme.
C’est aussi à l’époque où j’ai poursuivi ma formation de commandant de compagnie que le passage de l’Armée 95 à l’Armée 21 a posé problème. L’effectif réglementaire de l’armée a notamment été réduit de deux tiers et la logistique a été centralisée. La structure des grades et l’articulation de l’armée ont été adaptées à l’OTAN. Mais l’abandon de la préparation à la défense immédiate a été le plus désastreux. « Pour la plus grande partie de l’armée, un degré de préparation plus faible est toutefois suffisant, car pour la plupart des menaces et des dangers, on compte sur un délai de préalerte de plusieurs mois ou années. » C’est ce qu’a déclaré le Conseil fédéral dans le livret de vote relatif à la votation populaire sur Armée 21 en 2003. Aujourd’hui, la disponibilité opérationnelle de l’armée se limite à l’appui aux autorités civiles. La réduction de la mission à un simple « maintien des compétences » a eu pour conséquence que l’armée n’est plus en mesure de remplir sa mission principale, inscrite dans la Constitution, à savoir la défense du pays. Selon les déclarations du chef de l’armée, la capacité à durer en cas d’urgence serait limitée à quelques semaines. Il s’agit là d’une situation intenable qui, compte tenu de l’instabilité géopolitique, exige une action immédiate et globale.
Aujourd’hui, nous avons la responsabilité de corriger cette évolution négative. Sans si ni mais. Dans sa prise de position de 2024, l’UDC avait déjà constaté de quoi il s’agissait vraiment : notre armée doit à nouveau être en mesure de se battre. La responsabilité en incombe à la politique. C’est à nous de créer les conditions nécessaires pour une armée prête au combat. Le chemin pour y parvenir passe par les hommes, les moyens, le profil de capacités et les finances.
Commençons par le plus important : Les personnes
Tous ceux qui accomplissent leur devoir en tant que membres de l’armée ont le droit de disposer de systèmes d’armes modernes. Cela nous amène aux moyens :
Pour répondre aux exigences d’une guerre moderne, l’armée doit être modernisée en profondeur. Pour des raisons de temps, je renonce à entrer dans le détail des différents projets d’armement. Vous trouverez une liste détaillée dans notre prise de position. En résumé, les actions combatives actuelles à l’échelle mondiale confirment de nombreux principes militaires qui ont été négligés par la politique suisse au cours des dernières décennies :
Cela nous amène au troisième point : Le profil de capacité d’une armée qui est en mesure de se battre :
Il va sans dire que tout cela n’est pas gratuit. Ce qui nous a été vendu par le passé comme un soi-disant « dividende de la paix » n’était en réalité qu’un jeu opportuniste, lié à l’esprit du temps, un jeu avec la sécurité de notre pays et l’avenir de nos enfants. Une armée en mesure de se battre doit disposer des moyens financiers nécessaires.