Communiqué de presse

Pour une Suisse armée, neutre et humanitaire

La neutralité permanente et armée de la Suisse redevient régulièrement un sujet de discussion au niveau politique et dans la population. Le dernier exemple en date est le débat sur la position de…

par Ueli Maurer, conseiller national, président UDC Suisse

La neutralité permanente et armée de la Suisse redevient régulièrement un sujet de discussion au niveau politique et dans la population. Le dernier exemple en date est le débat sur la position de la Suisse face à l’escalade de la violence au Proche-Orient. Dans le courant d’une séance spéciale réunie la semaine dernière en plein milieu des vacances d’été, le Conseil fédéral a corrigé les déclarations irréfléchies du chef du Département fédéral des affaires étrangères qui, une fois de plus, a fait du tort à l’image de la neutralité suisse. Ce 1er août est une occasion de nous interroger un peu plus à fond sur la neutralité de notre pays.

Librement choisie, la neutralité permanente et armée de la Suisse remonte à la bataille de Marignan au XVIe siècle. Elle a ensuite été reconnue au niveau du droit international public dans la Paix de Westphalie en 1648, puis au Congrès de Vienne de 1815. Durant la Deuxième Guerre mondiale, la neutralité armée a joué un rôle existentiel pour la Suisse. Le 13 décembre 1944, Winston S. Churchill, premier-ministre de Grande-Bretagne durant la guerre, a rendu hommage à la neutralité helvétique en ces termes: « Parmi tous les neutres, la Suisse a droit à un traitement privilégié. Elle était l’unique facteur international qui nous reliait encore à ce qui nous était devenu si terriblement étranger. (…) Elle était un Etat démocratique qui, du haut de ses montagnes, défendait sa liberté et malgré ses origines ethniques, la Suisse a, en majeure partie, soutenu notre cause. » Aux Etats-Unis également, la résistance de la Suisse durant les heures difficiles de la guerre a suscité des mots élogieux. En 1943, on pouvait lire dans l’important quotidien qu’était le « New York Herald Tribune » ce qui suit: « Les Suisses sont restés fidèles à eux-mêmes, et cela même durant les heures les plus sombres de l’année 1940 lorsque plus rien sinon le courage de la Grande-Bretagne et la foi indestructible des hommes libres du reste du monde s’interposaient entre Hitler et l’Europe.

Les leçons de la neutralité
Beaucoup de choses essentielles mais aussi banales ont été écrites sur les raisons de la neutralité, mais un constat revient comme un fil rouge dans cette analyse: la neutralité a souvent été considérée comme un obstacle par beaucoup de politiques, car elle restreint prétendument la marge de manœuvre des gouvernants qui se plaignent alors bruyamment d’être « exclus » de la grande politique mondiale. Dans son dernier rapport sur la neutralité, le Conseil fédéral a annoncé son intention de limiter cette dernière à l’essentiel – sans que l’on sache exactement ce qu’il entend par là. Il est vrai qu’un tel arrangement aurait été utile lors de la campagne sur l’EEE ou encore dans l’actuelle discussion sur l’adhésion à l’UE.

La neutralité est aussi constamment réinterprétée avec les engagements de soldats suisses à l’étranger ou encore avec l’adaptation sournoise de l’armée suisse aux structures de l’OTAN. Et on trouvera toujours des élus de toutes les couleurs politiques et des spécialistes du droit public pour expliquer – comme ce fut le cas lors du débat sur l’adhésion à l’ONU – que telle ou telle entorse à la neutralité est encore juste acceptable. En remontant ces années passées, on constate avec inquiétude que la neutralité est devenue une espèce d’article à la mode. On l’adapte à l’esprit du temps simplement pour pouvoir participer aux jeux politiques internationaux. La neutralité, nous dit-on sur un grand air d’homme d’Etat, est une réponse trop simple à un monde globalisé. 

« Etre neutre »
Etre neutre est une tâche exigeante, parfois même difficile, voire désagréable. Mais cela reste l’unique attitude qui permet à un petit Etat de sauvegarder sa souveraineté. Un petit pays n’a jamais que le droit et non pas la puissance pour se défendre. Le neutre est forcément entre deux fronts, il n’est ni l’ami, ni l’ennemi des parties en conflit. Il arrive donc qu’on s’en méfie. Le poète suisse Carl Spitteler a dit à ce sujet: « Nous devons nous rendre compte du fait qu’aucune nation en guerre ne peut considérer une attitude neutre comme justifiée. » La pratique de la neutralité n’est donc pas une affaire d’avis de droit ou d’expertises. Il s’agit bien plus de faire en sorte qu’elle soit réellement perçue comme telle par toutes les parties. Toute prise de position en faveur ou en défaveur d’une partie est – à juste titre – comprise comme une violation de la neutralité. L’exemple international le plus récent en témoigne. 

 

Une tâche noble pour la Suisse
Dans ma conception des choses, la neutralité ne sert pas seulement la Suisse, mais aussi le reste du monde. Les conflits internationaux entre pays et groupements divers et les combats pour les ressources économiques ne diminueront pas à l’avenir, bien au contraire. Ces conflits d’intérêts deviendront de plus en plus complexes. Les organisations internationales et les grandes puissances y jouent leur rôle et doivent même le jouer. Mais cette évolution génère aussi des niches, donc des situations où un intermédiaire neutre peut s’avérer utile, mais un intermédiaire qui n’a pas pris position – directement ou indirectement – pour l’une ou l’autre partie. La Suisse a perdu bien des occasions ces dernières années et, partant, elle a perdu beaucoup de crédit.

C’est une tâche réellement noble pour un petit Etat performant de revenir à ce rôle de pays réellement neutre qui peut offrir ses bons offices en des périodes difficiles. Mais il doit alors faire preuve de la plus grande retenue en participant aux jeux des organisations internationales et des pactes militaires. Il s’agit de vérifier sans préjugé aucun si certaines affiliations actuelles sont encore conformes à cet objectif premier. La neutralité permanente et armée ne sert pas seulement la Suisse, mais peut et doit servir le monde entier. Et avec elle la Croix-Rouge, symbole de la Suisse humanitaire. La Suisse doit saisir cette chance de jouer le rôle du pays neutre dans le sens voulu par Henri Dunant.

Voilà ce qui doit être la voie de la Suisse, celle qui l’a conduit d’un pays gesticulant et se complaisant à la traîne des grands vers un petit Etat performant, neutre et humanitaire. L’UDC estime qu’il serait utile d’ancrer cet objectif dans la Constitution fédérale dans le sens d’un engagement également pour les générations à venir.

 

 
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