éditorial

Pourquoi le lobby de la recherche veut-il l’accord sur la Croatie?

Ledit "Protocole sur la Croatie" sera débattu en Suisse dans les mois à venir. Il s’agit de l’extension de la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’UE à la Croatie, nouveau membre de l’UE. Depuis que la Constitution fédérale comporte une disposition exigeant que la Suisse gère de manière autonome l’immigration sur son territoire, ce protocole ne peut pas être signé, car il viole cette même Constitution. C’est du moins ainsi que le Conseil fédéral argumentait jusqu’ici. Mais quel rapport y a-t-il entre cet accord et la politique de la recherche scientifique? Après l’acceptation de l’initiative populaire contre l’immigration de masse, Bruxelles a mis la Suisse sous pression en la menaçant de suspendre la coopération scientifique. Et le lobby de la recherche participe joyeusement à ce petit jeu malsain pour pouvoir lui aussi puiser dans ces milliards d’euros d’argent des contribuables. 

Felix Müri
Felix Müri
conseiller national Emmenbrücke (LU)

Le Conseil fédéral a donc décidé de faire passer le protocole sur la Croatie par un coup de force au Parlement. Après l’acceptation de l’initiative contre l’immigration de masse il avait encore argumenté que cette extension de la libre circulation des personnes à la Croatie était contraire à la Constitution, donc impossible. 

L’UE fait pression par le biais de la recherche
Dans le poker qui se joue entre la Berne fédérale et Bruxelles, l’UE avait, juste après l’acceptation de l’initiative, lié de manière totalement arbitraire la poursuite de la coopération dans le cadre du programme de recherche Horizon 2020 à la poursuite intégrale de la libre circulation des personnes. Ces menaces ont eu l’effet escompté. Il n’existe cependant aucun lien formel entre ces deux dossiers, si bien que même des pays sans libre circulation des personnes avec l’UE peuvent pleinement participer à ce programme de recherche. Quant au lobby suisse de la recherche, il a poussé de hauts cris et annoncé la fin de la recherche scientifique en Suisse si notre pays était coupé du programme de recherche UE. Il faut noter à ce propos que la recherche suisse est parfaitement en réseau au niveau mondial et qu’elle a atteint un degré très élevé par ses propres forces. Des scientifiques suisses participent à de nombreux programmes européens et internationaux en dehors d’Horizon 2020 et continueront de le faire. 

De l’argent des contribuables par milliards
Personne ne refuse de l’argent de l’Etat pour son domaine politique, sa branche ou son groupe. Il est donc compréhensible que le lobby de la recherche tienne absolument à participer au programme-cadre de recherche UE Horizon 2020. Il y a à la clé beaucoup d’argent qui, via la bureaucratie UE, revient en Suisse. On peut cependant relever à ce propos deux aspects problématiques: premièrement, plus d’argent ne signifie pas forcément meilleure recherche; deuxièmement, il est inquiétant que le lobby de la recherche permette que l’on abuse de lui pour atteindre des objectifs politiques par le biais d’une violation crasse de la Constitution fédérale. Face à une UE qui fait pression sur la Suisse à la suite d’une décision démocratique parfaitement légitime, il est incompréhensible pour moi qu’un groupe ou des personnes dont les intérêts particuliers sont touchés ne contribuent pas à défendre le pays contre pareils chantages. Au lieu d’être ouvert de manière pragmatique et créative à de nouvelles solutions, ce lobby s’accroche avec acharnement aux subventions via Bruxelles en prétextant des clichés du genre "coopération scientifique internationale" ou "avenir de la recherche scientifique suisse". Au lieu d’admettre honnêtement qu’on veut tout simplement plus d’argent des contribuables pour réaliser ses propres projets.  

Quel genre de recherches?
En observant les dépenses suisses pour la recherche, on constate que c’est avant tout l’économie privée qui investit beaucoup d’argent dans la recherche et le développement. Et c’est très bien ainsi. Ce mode de financement garantit que l’argent de la recherche soit effectivement utile à la société et à l’économie. Il n’en est pas ainsi des programmes de recherche de l’UE où les activités des scientifiques sont télécommandées en fonction de motivations politiques. Au moins 60% des fonds dont dispose le programme Horizon 2020 sont placés sous le slogan politique à la mode de "développement durable", dont 35% pour la protection du climat. Ainsi, des milliards d’euros sont engagés sous des titres aussi vagues qu’"énergies renouvelables", "protection du climat", "exploitation durable de ressources", économie agricole et sylvicole durable", "éco-investissements", "transports ménageant l’environnement" ou encore "systèmes de santé et sociaux durables". Il va de soi que toutes ces recherches visent aussi à appliquer systématiquement le principe de l’égalité des chances. Pour moi, il ne s’agit pas là d’une recherche scientifique libre et indépendante.

 

Felix Müri
Felix Müri
conseiller national Emmenbrücke (LU)
 
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