La signification du minaret dans l’islam

Si je suis aujourd’hui devant vous, ce n’est pas seulement comme chercheur sur l’islam et comme ancien élève des grands savants et orientalistes, Adolf Grohmann et Ernst Bannert. En tant que…

Heinz Gstrein, professeur à l’Université de Vienne (A), Erlensbach (ZH)

 

Si je suis aujourd’hui devant vous, ce n’est pas seulement comme chercheur sur l’islam et comme ancien élève des grands savants et orientalistes, Adolf Grohmann et Ernst Bannert. En tant que correspondant suisse, j’ai fait l’expérience sur place et dans la pratique pendant plus de 30 ans de l’islam et de l’idéologie politique qui y est indissociablement liée. Je l’ai vécu et je l’ai subi sur les montagnes de l’Afghanistan, au Liban, sous les bombes et les attaques au gaz des guerres du Golfe, dans les prisons égyptiennes et turques, sous la tente de Kadhafi et chez les ayatollahs iraniens. Ce que je vous dis aujourd’hui, ce n’est donc pas de la théorie, mais c’est de l’histoire vécue.
Les minarets ne sont qu’accessoirement des symboles religieux; ils constituent en premier lieu des symboles de victoire, de puissance et de domination. Ce constat peut être étayé par des centaines de preuves. Je me contenterai de citer une récente déclaration de mon collègue de l’Université d’Ankara, Mustafa Isen: « Des minarets hauts (…) sont courants pour imposer aux autres religions la grandeur de l’islam. » Et le poète turc Ziya Gökalp est encore plus clair: « Les mosquées sont nos casernes, leurs coupoles nos casques et les minarets nos baïonnettes! » Ces symboles du triomphe islamique sont aussi déplacés dans un pays de liberté religieuse comme la Suisse que, par exemple, les monuments à la gloire de Staline que l’on aurait du mal à justifier par la liberté d’expression politique.
On nous dit qu’une interdiction constitutionnelle des minarets viole le principe de la liberté religieuse et l’ordre légal suisse. Pour répondre à cet argument, je peux avancer un témoin juriste et certainement au-dessus de tout soupçon, Erich Tanner de Fribourg, qui, pour des raisons tactiques, cherche par ailleurs à donner un maximum de libertés aux musulmans vivant dans notre pays. Voici ce qu’il dit expressément à propos de l’interdiction des minarets: « Cette interdiction ne touche pas au cœur de la liberté religieuse et du droit de la propriété, pas plus qu’elle n’affecte le principe de l’égalité des religions. (…) Un minaret en tant que construction n’est pas partie intégrante des qualités acquises des musulmanes et des musulmans; il s’agit en fait d’un moyen de signaler et de rendre visible la progression de l’islam ainsi que des musulmanes et des musulmans avec leur identité religieuse dans notre société. » Vous pouvez relire cette déclaration dans SKZ no 38 du 17 septembre 2009, pages 637-638. Je saisis cette occasion pour féliciter Erich Tanner de son honnêteté intellectuelle en tant que juriste, car je sais qu’il approuve la construction de minarets en Suisse.
Mises à part ces réflexions de fond, je souhaite encore répondre, avec toute la concision qui m’est imposée ici, aux arguments tactiques et pratiques avancés contre l’interdiction des minarets en Suisse.
Les adversaires de l’interdiction des minarets nous mettent en garde contre le risque de voir les cheiks du pétrole et tous les autres clients islamiques retirer leurs capitaux de nos banques. L’initiative contre les minarets pourrait donc faire des dégâts énormes sur la place financière suisse. – On répondra ce qui suit à cette argumentation: l’Arabie saoudite, les Etats du Golfe et même l’Iran ne sont pas dirigés par des personnalités délirantes du genre de Kadhafi. Les Etats musulmans connaissent très bien les avantages que représente pour eux le placement des pétrodollars en Suisse. Ils se tiennent d’ailleurs à l’écart du débat sur l’initiative contre les minarets, tout comme les musulmans vivant en Suisse et leurs organisations. Toute l’hystérie entourant cette initiative est faite maison; elle est le résultat de l’agitation de la gauche politique, des soixante-huitards attardés et de quelques tenants d’un libéralisme mal compris. Ces milieux infestent aussi bien le monde politique que les églises.
Les fonds placés en Suisse ne seraient retirés – et, encore, dans une faible mesure – que si la conférence islamique concernée donne une recommandation dans ce sens. Elle a d’ailleurs été la seule à manifester son inquiétude au moment du lancement de cette initiative. Elle y était obligée par sa fonction. Une recommandation de cette lourde organisation mondiale de prendre des sanctions économiques et financières contre la Suisse se ferait attendre très longtemps – si véritablement elle est prononcée – et elle ne serait que faiblement suivie comme le montrent les exemples du passé.
Bien sûr, le Conseil fédéral, en peignant le diable sur la muraille dans sa recommandation de rejeter l’initiative contre les minarets, a littéralement encouragé les Etats musulmans à prendre de telles mesures. A propos de la position du Conseil fédéral face à cette initiative, je me contenterai de répéter ce que le quotidien parisien « Le Monde » a écrit concernant l’attitude de quelques conseillers fédéraux suisses dans l’affaire libyenne: « Ces membres du gouvernement suisse n’ont pas seulement un comportement servile; leur attitude est surtout stupide! »
Nous n’avons pas non plus à craindre pour les exportations suisses. Le même raisonnement s’impose que pour la question financière. On y ajoutera que nombre de biens d’exportation suisses sont hautement spécialisés, si bien qu’il est difficile de les remplacer par d’autres importations.
D’autres adversaires de l’initiative ont peur que la Suisse devienne la cible d’attentats terroristes islamiques en réaction à l’interdiction des minarets. Cette crainte n’est pas justifiée. Les terroristes islamiques ne disposent pas en Suisse des mêmes infrastructures qu’en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne et même en Autriche. On peut cependant s’attendre à des manifestations devant les ambassades suisses dans quelques pays islamiques. Mais il s’agit là d’un phénomène qui aujourd’hui fait quasiment partie du quotidien diplomatique. Des milieux proches de l’église, mais appartenant à la gauche politique avancent un autre argument tactique: une interdiction des minarets en Suisse entraînerait une répression supplémentaires des chrétiens vivant dans les pays islamiques. La réponse à cet argument fallacieux est fort simple: il paraît difficile que la vie des chrétiens dans les pays à gouvernement islamique puisse être encore plus difficile qu’aujourd’hui. Bien au contraire, l’interdiction des minarets en Suisse pourrait inciter les gouvernements islamiques à réfléchir et à comprendre que l’Europe n’est plus prête à satisfaire toutes les revendications des musulmans vivant chez elle alors que dans les pays dominés par l’islam les chrétiens, dont de nombreux Suisses, sont privés de droits et systématiquement discriminés. Donc, cette discussion ne peut qu’améliorer la situation des groupes chrétiens en terre musulmane.
Pour conclure, une question simplement pratique: combien de minarets seront véritablement empêchés par un oui à cette initiative?
Si nous partons d’un nombre de 130 à 150 mosquées installées en Suisse aujourd’hui, nous devons admettre que cette initiative empêchera dans un proche avenir plus de 100 minarets et, d’une manière plus générale, stoppera la tendance à l’islamisation de la Suisse. C’est donc en mon âme et conscience, que je plaide pour l’interdiction des minarets. Je le fais aussi en assumant la responsabilité pour les générations suisses à venir.

 
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