Les effets de la libre circulation des personnes sur les cantons frontaliers à l’exemple du canton d

Le Canton du Jura, région périphérique frontalière avec une activité industrielle peu diversifiée, a particulièrement souffert du chômage et de la crise…

Dominique Baettig
Delsberg (JU)

Le Canton du Jura, région périphérique frontalière avec une activité industrielle peu diversifiée, a particulièrement souffert du chômage et de la crise. L’UDC Jura considère ainsi tout particulièrement que les emplois de la région doivent bénéficier de mesures protectionnistes pour amortir une concurrence déloyale, y compris dans l’accès aux assurances sociales. Confronté au phénomène des frontaliers, le risque pour les Jurassiens de devoir aller chercher du travail vers d’autres régions de Suisse est important et entraîne une substitution de population, un déplacement des plus vulnérables vers l’économie parallèle d’assistance, une sous-enchère dans la formation. Le politiquement correct interdit de considérer l’immigration (et la libre circulation des personnes en est une forme en mouvement perpétuel) autrement que comme un bénéfice, en oubliant le dumping salarial, les effets sur la pénurie de logements, l’augmentation des loyers et la restriction des espaces verts. Le SECO dans son communiqué de mai estime, dans sa langue de bois, que la libre circulation n’a pas eu beaucoup de conséquences négatives et que l’immigration, par les dépenses de consommation et aux investissements dans la construction, a eu un effet stabilisateur. Rien n’est moins sûr.

Il y a dix jours exactement a eu lieu la neuvième rencontre du Comité mixte institué par l’accord de libre circulation Suisse-UE. Comme de coutume, la délégation suisse a fait ensuite l’éloge de la libre circulation des personnes en osant même affirmer que celle-ci avait fait ses preuves surtout en période de récession. Et d’ajouter que l’immigration s’est développée depuis 2007 conformément à la conjoncture et à la demande de main-d’œuvre. Tout cela paraît très réjouissant. On serait même tenté de croire que l’affirmation des partisans de la libre circulation des personnes, selon laquelle les immigrants quittent la Suisse s’ils perdent leur emploi, s’est tout de même vérifiée. Donc que la proportion de travailleurs étrangers en Suisse a baissé en période de récession.

Voyons donc la statistique pour vérifier l’exactitude de ces belles déclarations. Fin 2007, donc avant la libre circulation complète avec les pays membres de l’ancienne UE-15, 1 570 965 étrangers vivaient en Suisse. Fin 2009, soit en pleine récession économique, on en comptait 1 680 197, soit presque 110 000 de plus que pendant la haute conjoncture de 2007! De toute évidence, il y a quelque chose qui cloche. La déclaration, selon laquelle l’immigration se développe en fonction de la conjoncture, n’est qu’une tentative de dissimuler l’immigration en masse qui continue de submerger la Suisse en provenance de l’UE. Le fait que le nombre d’immigrants UE a baissé de 15% en 2009 par rapport à l’année-record 2008 ne constitue absolument pas une adaptation à la conjoncture et à l’emploi. Car l’emploi n’a pas seulement connu une croissance ralentie comparativement aux années précédentes; il a en réalité reculé.

L’immigration de nouveaux travailleurs augmente le taux de chômage
Que cela signifie-t-il concrètement pour la situation sur le marché du travail? Les chiffres statistiques indiquent que les nouveaux immigrants arrivant de l’UE écartent en premier lieu les travailleurs étrangers déjà établis en Suisse. Le taux de chômage chez les étrangers a aujourd’hui atteint 7,2% pour un taux moyen de 4,1%. Il va de soi que les chômeurs étrangers ne rentrent pas dans leur patrie après avoir perdu leur emploi, mais continuent de vivre en Suisse de notre généreuse sécurité sociale, qu’il s’agisse de l’assurance-chômage ou de l’assistance sociale. Mais le taux de chômage a aussi fortement progressé chez les Suisses, soit de 59% entre juin 2009 et mars 2010. Ce développement aurait pu être évité si on avait freiné le flot constant de nouveaux immigrants UE.

Effets de l’afflux de frontaliers sur le canton du Jura
Mais les cantons frontaliers comme celui du Jura subissent une pression concurrentielle supplémentaire sur leur marché du travail. Le nombre de frontaliers a en effet massivement augmenté depuis 2007. On le voit clairement à l’exemple du Jura. Entre 2000 et 2006, le nombre de frontaliers évoluait entre 3000 et 4000. Ce chiffre a sensiblement progressé depuis l’entrée en vigueur de la pleine libre circulation des personnes avec les pays voisins en 2007 pour se situer constamment entre 5000 et 6000 depuis la fin 2007. Concrètement, ces frontaliers empêchent que le travail qu’ils font soit exécuté par une personne vivant en Suisse. Rien d’étonnant dans ces conditions que le taux de chômage se soit aussi massivement accru dans le canton du Jura, soit de 3,1% en 2007 à 6,3% fin 2009. Le canton du Jura affichait ainsi fin 2009 le troisième taux de chômage de Suisse dans l’ordre décroissant après les cantons de Genève et de Neuchâtel. Ces chômeurs nationaux tombent à la charge de nos institutions sociales alors que les frontaliers ne paient même pas d’impôts dans le Jura à la suite d’un accord entre la France et le canton du Jura.

Pétition des jeunes UDC jurassiens
Les Jeunes UDC du canton du Jura ont lancé une pétition pour empêcher la hausse constante du nombre de frontaliers. L’idée est d’imposer un quota de 18% pour protéger les travailleurs jurassiens. Il est grand temps de mettre fin à la complaisance excessive à l’égard des étrangers que manifestent les socialistes au pouvoir dans le Jura. La dernière en date des inepties du gouvernement jurassien est le coûteux accueil des deux Ouïgoures de Guantanamo. Il est intolérable de voire les autorités jurassiennes sacrifier leurs propres citoyens pour se faire bien voir de l’UE et des Etats-Unis. Nous autres Jurassiens, nous devons enfin faire comprendre à notre gouvernement qu’il doit défendre en priorité les intérêts des Jurassiens, donc aussi protéger notre marché du travail contre la concurrence étrangère.

L’UE veut même étendre l’accord de libre circulation des personnes!
Des comptes rendus sur la neuvième rencontre du Comité mixte Suisse-UE nous ont appris que l’UE souhaitait étendre l’accord de libre circulation des personnes à la citoyenneté UE appliquée à l’intérieur de l’UE. Comme si la Suisse en général et les cantons frontaliers en particulier n’avaient pas déjà assez de problèmes avec cet accord! Cela signifierait que chaque citoyen UE pourrait immigrer en Suisse et accéder immédiatement à la sécurité sociale sans avoir jamais travaillé dans notre pays. Une fois de plus il s’avérerait que les belles promesses, selon lesquelles seuls les ressortissants UE ayant un emploi en Suisse peuvent immigrer et bénéficier des institutions sociales, ne sont que du vent. La Suisse deviendrait la Mecque de tous les parasites sociaux d’Europe. Mais cela ne suffit pas: l’UE exige aussi une extension du regroupement familial en Suisse. En cas de décès ou de divorce d’un citoyen UE en Suisse, les parents de celui-ci bénéficieraient de facilités supplémentaires pour rester en Suisse, même s’ils proviennent de pays non membres de l’UE. Là encore on ouvrirait les portes aux abus de toute sorte et notamment aux mariages fictifs de citoyens UE.

Il faut stopper ce développement. La Suisse doit enfin se dresser devant l’UE et les exigences sans cesse croissantes de celle-ci. Le gouvernement suisse doit à nouveau apprendre à défendre en priorité les intérêts des citoyens et travailleurs suisses. Il est hors de question d’étendre encore la libre circulation des personnes, mais il faut au contraire ouvrir des négociations avec l’UE afin d’obtenir des conditions plus équitables pour notre pays. Il s’agit notamment d’empêcher que les cantons frontaliers comme le Jura soient submergés par l’afflux de frontaliers.

La population du Jura attend des mesures de protection, pour pouvoir continuer à vivre, travailler, se former au pays. La concurrence, certes stimulante, doit pouvoir s’exercer entre des individus ou des entreprises possédant en gros les mêmes conditions de vie, le même niveau de vie, le même niveau socio-culturel. D’accord pour trouver temporairement une main-d’œuvre qualifiée dans les pays voisins, de niveau économique semblable, mais les places de travail doivent être protégées contre la sous-enchère par des mesures, à la charge des migrants, compensant la différence pénalisante. Et la formation indigène ne doit pas être mise en veilleuse.

Dominique Baettig
Delsberg (JU)
 
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