Exposé

Les Suisses osent de moins en moins dire leur opinion

Si nous parlons des abus de l’article contre le racisme à des fins politiques, c’est parce que nous en avons nous-mêmes fait l’expérience. Je suis une des victimes de cette disposition légale. Voici c

Heinz Müller, député au Grand Conseil, Granges (SO)

Si nous parlons des abus de l’article contre le racisme à des fins politiques, c’est parce que nous en avons nous-mêmes fait l’expérience. Je suis une des victimes de cette disposition légale. Voici ce qui m’est arrivé.

Je suis chef d’entreprise, conseiller communal à Granges, député au Grand Conseil et président de l’UDC du canton de Soleure. Il y a eu ces dernières années dans ma ville de Granges quelques actes de violence qui ont retenu l’attention de tout le pays. Dans chacun de ces cas des étrangers étaient impliqués. Dans ma fonction de conseiller communal de Granges, j’ai donné une interview à un journal. J’y ai notamment déclaré ceci: « Les étrangers ne connaissent pas les us et coutumes de ce pays et ils n’apprendront jamais à les connaître. Prenez l’exemple des Albanais du Kosovo: ils font preuve d’une propension à la violence que nous ne connaissons pas ici. » Cette déclaration, je la maintiens aujourd’hui et je l’ai d’ailleurs répétée à plusieurs reprises.

Après la publication de l’interview, j’ai reçu un appel de la police, j’ai été convoqué pour un interrogatoire et on m’a annoncé qu’une plainte avait été déposée contre moi pour violation de l’article contre le racisme. Le procureur concerné m’a ensuite condamné à une amende de 500 francs. J’étais alors confronté au choix suivant: payer cette amende ou faire recours en prenant un avocat, procédure qui me coûterait quelques milliers de francs. J’ai choisi la deuxième solution et, entre-temps, le tribunal m’a acquitté. Ce jugement a aujourd’hui force de loi.

Le plaignant n’a pas choisi la bonne victime. Je suis en effet marié à une ressortissante croate et propriétaire d’une entreprise qui emploie de nombreux collaborateurs étrangers (également du Kosovo). Me reprocher de la xénophobie était dès lors une absurdité. En tant que conseiller communal et responsable politique, je maintiens mon affirmation selon laquelle les Albanais du Kosovo font preuve d’une propension à la violence qui était jusqu’ici inconnue en Suisse. Cette déclaration a d’ailleurs été confirmée par la statistique criminelle que la police argovienne établit en fonction de la nationalité.

La plainte d’un avocat vert
Qui donc a déposé cette plainte contre moi? Beaucoup de gens se sont posé la question à l’époque. Sachez d’emblée que ce n’étaient pas des Albanais du Kosovo. On avait pu lire dans la presse que le plaignant ne voulait pas être cité pour se protéger. Vous comprendrez qu’en tant qu’élu politique j’ai mes propres sources, si bien que j’ai connu très rapidement l’identité du plaignant.

Il s’agissait de Daniel Kettiger, avocat à Berthoud, ancien politicien local des Verts et à ce jour encore membre du Parti des Verts. Daniel Kettiger n’est pas un inconnu. Il aime bien déposer des plaintes contre des gens de l’UDC.

Il a, par exemple, déposé une plainte contre la présidente de l’UDC de Granges pour violation de l’article contre le racisme. Le conseiller national UDC Ulrich Schlüer fait également l’objet d’une plainte de ce Monsieur. Cela dit, quand il s’agit d’assumer publiquement la responsabilité de ses actes, Daniel Kettiger préfère se cacher dans l’anonymat

Les effets secondaires
L’article contre le racisme est abusé pour dénoncer des gens. Certains individus s’en servent volontiers pour frapper un adversaire politique, un collègue de travail qui fait obstacle à une carrière professionnelle ou un concurrent sur le marché. C’est précisément cet effet de délation et ses conséquences qui encouragent les abus de l’article contre le racisme. Mon propre cas illustre fort bien les effets secondaires négatifs de cette disposition pénale. Tous les journaux régionaux et les radios locales ont rendu compte de mon affaire, certains journaux même sur une demi-page avec une photo de moi. On a tenté de faire de moi un raciste. Mais quand j’ai été acquitté, j’ai eu droit à un petit encadré d’une colonne sur la page de gauche. C’est ainsi que l’on peut éliminer des adversaires politiques dans notre système de milice – en les détruisant sur les plans privé et professionnel moyennant une plainte pour racisme. Malheureusement cela réussit souvent. Dans mon cas, cela n’a pas fonctionné parce que la plainte était infondée et aussi parce que je bénéficiais de bons conseils juridiques et médiatiques pour me défendre contre cette attaque.

Des plaintes partout
Les principales victimes de l’article contre le racisme sont les politiciens de milice au niveau communal et cantonal qui osent courageusement poser le doigt sur les vrais problèmes et les évoquer ouvertement. Mais, en fait, nous sommes tous concernés. Sincèrement, combien de fois vous est-il arrivé lors d’un repas d’affaires, d’une fête de famille, d’une réunion de société ou d’une quelconque assemblée qu’une personne ne pouvait pas raconter une histoire ou une blague ou devait choisir mille circonvolutions pour exposer un problème de crainte de violer la loi-muselière? Cette situation est particulièrement grave quand elle se produit lors de réunions de parents d’élèves. Combien de fois arrive-t-il que des enfants soient chicanés, battus ou soumis à des rackets? Les parents le savent bien, mais lors des assemblées ils refusent de donner les noms des fautifs. Les violences commises par les étrangers font partie du quotidien. De crainte d’encourir d’autres complications ou sous l’effet de menaces, les parents n’en parlent pas publiquement. D’ailleurs, ils s’exposeraient même à une plainte. Mon cas confirme parfaitement ce constat.

L’article contre le racisme alimente le racisme latent
Cette loi ne résout aucun problème. Bien au contraire: je prétends même que l’article contre le racisme a alimenté le racisme latent et caché chez beaucoup de Suisses durant les douze ans de son existence. Car la pire des choses, c’est quand on n’a plus le droit de dire son opinion dans une démocratie.

 
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