NON à des mesures de rééducation par l’Etat au travers de la loi sur l’énergie

En théorie, la stratégie énergétique 2050 a tout pour séduire : Renoncer à l’énergie nucléaire, limiter le recours aux énergies fossiles, améliorer l’efficience énergétique, quel magnifique dessein !

Céline Amaudruz
Céline Amaudruz
conseillère nationale Genève (GE)

Derrière cette étiquette alléchante se cache hélas un produit qui ne manquera pas de provoquer de violents maux de ventre lorsqu’il faudra l’avaler. Pour parvenir à tenir les critères fixés, les incitations ne seront de loin pas suffisante, il faudra user de la coercition, soit recourir lourdement à l’augmentation des taxes, redevances et impôts actuels, sans doute en inventer de nouveaux. Pas de souci sur ce plan, Berne ne manque pas d’imagination.

Les effets seront très vite désastreux sur de nombreux plans. Cette modification de loi demande une réduction de notre consommation d’énergie de 43% avant 2035, je parle bien de toutes les énergies et non pas seulement de l’électricité.

43% d’énergie en moins signifient ne pouvoir rouler plus qu’un jour sur deux, un renchérissement sans précédent de l’essence, un isolement accru des régions périphériques, des restrictions pour les ménages, des interdictions et prescriptions concernant les habitations et les chauffages, de grandes incertitudes quant à l’approvisionnement en énergie des entreprises. La liste est encore très longue.

L’impact de la réduction imposée sur notre niveau de vie est incalculable

Une réduction de moitié de la consommation totale d’énergie a des implications au-delà de la simple économie d’électricité et nous ramène en 1966. Notre manière de nous déplacer sera profondément transformée. En théorie, les automobilistes ne devraient faire plus que la moitié des trajets qu’ils effectuent actuellement chaque année. Cela étant impossible en pratique, ils seront contraints de passer à des véhicules ayant un meilleur rendement. Un tel changement pénalise tout particulièrement les habitants des régions périphériques et de montagne qui, contrairement aux populations des agglomérations urbaines, ne peuvent pas remplacer leur voiture par les transports publics.

Une telle diminution se répercutera aussi forcément sur les activités de loisirs. Conséquence de l’augmentation du prix des carburants, la population suisse se déplacera moins souvent. Le tourisme et tout le secteur gastronomique en seront les principales victimes. Déjà secouée par la forte concurrence étrangère et la cherté du franc suisse, cette branche serait encore une fois pénalisée par l’augmentation massive du prix de l’énergie.

Ces changements dans les habitudes de transport impacteront également les coûts de production mais aussi les frais de transports des marchandises produites en Suisse, d’où un renchérissement supplémentaire des produits suisses exportés. Toute notre économie en pâtira. L’industrie, l’agriculture et les arts et métiers vont devoir repenser de fonds en combles leur mode de production et seront contraintes

de remplacer leur parc de machines par des équipements encore plus économiques, d’où des frais supplémentaires. L’économie ainsi réalisée ne réduit pas les charges pour autant, car l’énergie sera renchérie – précisément pour obtenir un effet incitatif.

Rééduquer les citoyens, est-ce vraiment la bonne méthode  ?

La loi sur l’énergie nous imposera finalement une nouvelle manière de nous chauffer. L’objectif de 43% ne pourra être atteint qu’avec des mesures drastiques. Les chauffages à huile seront interdits dès 2029. Les nouvelles prescriptions et interdictions forceront les propriétaires et l’hôtellerie à acheter des chauffages, installations et équipements onéreux et les locataires en feront forcément les frais. Les températures intérieures seront-elles aussi prescrites par l’état ? Les bains ou les douches chaudes seront-ils réglementés ? Cela peut paraitre absurde mais qui dit que ce ne sera pas imposé un jour ?

En fin de compte, ce sont près de 820 000 maisons qui devront remplacer leur chauffage à huile par une autre source de chaleur dans un délai relativement court. Le remplacement d’un chauffage à huile par une sonde géothermique et une pompe à chaleur entraîne des investissements de l’ordre de 30 000 francs pour une maison familiale. Ajoutez à cela le coût supplémentaires de l’énergie pour chaque ménage et faites le calcul, la charge financière qui pèsera sur les particuliers sera énorme au regard des avantages qu’ils en tireront, ou plutôt qu’ils n’en tireront pas.

Finalement, nous devront nous habituer à être plus contrôlés qu’aujourd’hui. Des réseaux intelligents dirigeront les flux d’électricité et garantiront la stabilité du réseau. L’aspect perfide de cette innovation est que finalement chaque maison sera dotée d’une telle commande ("smart meter") qui informe exactement l’administration en temps réel sur la consommation des ménages et lui permettra d’interdire à certaines heures les appareils consommant beaucoup d’électricité. C’est une atteinte grave à la protection des données qui mènera petit à petit vers le citoyen « transparent ».

Les promoteurs de la loi nous assurent qu’elle sera une bonne affaire. Je ne crois pas que démanteler un système d’approvisionnement qui a fait ses preuves, qui est stable, abordable et fiable soit une bonne affaire, surtout si les citoyens devront payer beaucoup plus pour avoir beaucoup moins d’autonomie.

Les promoteurs de la loi assurent que nous n’avons pas de solution crédible. Nous vivons pourtant dans un pays où la libre entreprise est un pilier de notre économie. Une transition résonnée et dans la durée sera beaucoup plus profitable au tissu économique helvétique qu’une économie planifiée selon un modèle de dictature socialiste. Rééduquer le peuple et l’amener à payer deux fois plus pour avoir deux fois moins de confort n’est pas une solution crédible. Ce projet nous amène à repenser totalement notre manière de nous approvisionner en énergie et je n’ai pas besoin de vous rappeler que le peuple a voté pour un approvisionnement en énergie sûr le 27 novembre dernier.

Non à la mainmise de l’Etat sur l’énergie

Cette loi est le plus grand projet d’étatisation, de régulation et de centralisation depuis des décennies. Il revient maintenant à l’UDC de lutter contre ces taxes, ces redevances, cette bureaucratisation, cette menace contre la prospérité et l’emploi. La loi sur l’énergie est une douche froide pour la population dans le plus vrai sens du terme. Les particuliers et les entreprises paieront plus pour toucher moins. Une réduction de la consommation d’énergie de presque la moitié impose des restrictions massives en termes de liberté et de confort.

Ce projet est surtout marqué par les incertitudes. Incertitudes quant aux coûts réels de cette loi, incertitudes quant à la manière de la financer, incertitudes quant au futur de l’approvisionnement en électricité, etc. C’est une remise en cause totale de nos acquis et une refonte d’un système, certes imparfait, mais qui a fait ses preuves. Le Conseil fédéral admet que ses mesures ne peuvent pas être atteintes. Cela signifie évidemment que l’Etat devra imposer des mesures encore plus drastiques pour atteindre ses objectifs au détriment de la population et de l’économie qui seront proprement étranglées par ce corset étatique.

Soutenir ce projet, c’est prendre son bras gauche pour se couper le droit.

Céline Amaudruz
Céline Amaudruz
conseillère nationale Genève (GE)
 
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