Exposé

Une armée qui ne peut pas s’exercer dans son propre pays ne peut pas non plus le défendre

Le 16 juillet 2006, donc au milieu des vacances d’été, le DDPS a lancé un ballon de sonde dans la presse dominicale concernant les "cours de répétition à l’étranger". L’idée était évidemment de vérifi

André Bugnon
André Bugnon
conseiller national St-Prex (VD)

Le 16 juillet 2006, donc au milieu des vacances d’été, le DDPS a lancé un ballon de sonde dans la presse dominicale concernant les « cours de répétition à l’étranger ». L’idée était évidemment de vérifier les réactions des partis. Comme par réflexe, le PDC et le PRD ont réagi positivement, si bien que ce projet a été soumis tel quel au Conseil fédéral. Et le 23 août 2006, le gouvernement a finalement décidé de mettre en consultation une révision de la législation militaire qui prévoit, entre autres, des cours de répétition à l’étranger.

Selon ce projet, les membres des troupes blindées, de l’artillerie ainsi que des troupes d’aviation et de défense contre avions pourront être convoqués à des exercices à l’étranger. Ces cours de répétition à l’étranger pourraient durer jusqu’à six semaines. En règle générale, les militaires concernés ne pourront être convoqués qu’une seule fois à un tel exercice, mais il est également prévu de fixer une obligation relative à l’accomplissement d’engagements à l’étranger dans la loi sur l’armée et l’administration militaire. L’UDC combattra ces idées des planificateurs de l’armée aussi bien lors de la procédure de consultation que par la suite au Parlement.

La tâche première de l’armée est de défendre son propre pays et sa propre population. Quels sont les facteurs qui permettent à nos troupes blindées ou à nos troupes de défense contre avions de résister à un agresseur disposant d’une supériorité technique? Ces facteurs sont la connaissance du terrain, la connaissance de la topographie et de la géographie du pays ainsi que l’enracinement de l’armée dans la population. Il en a toujours été ainsi et cela ne changera pas à l’avenir. Les meilleurs exemples confirmant ce constat sont les guerres en Afghanistan ou encore au Vietnam où des grandes puissances se sont cassé les dents sur les soldats indigènes qui connaissaient parfaitement leur pays, leurs conditions météorologiques et leur population. Or, l’armée suisse perd précisément cet avantage décisif si ses troupes blindées partent s’exercer en Suède ou si son artillerie fait des exercices de tir sur des hauts plateaux français. Il est donc tout simplement contraire à la vérité de prétendre que l’armée ne peut assumer son mandat que grâce à des entraînements à l’étranger.

L’argument de la direction de l’armée selon laquelle la Suisse est trop petite pour faire des exercices militaires est une capitulation pure et simple. C’est une évidence: une armée qui ne peut plus s’exercer dans son propre pays ne pourra pas non plus le défendre en cas de guerre. Des milliards de francs d’argent des contribuables ont été dépensés ces dernières décennies pour construire partout en Suisse des installations d’exercice. Des millions ont été investis dans des simulateurs dont l’efficacité a été fréquemment louée au Parlement. Il s’agit maintenant d’utiliser ces équipements et non pas de recourir à des installations étrangères. Nous le devons au peuple qui a toujours du passer à la caisse pour financer les crédits militaires.

Il y a quinze ans à peine, on réalisait encore en Suisse des grandes manœuvres impliquant des dizaines de milliers de militaires. Cela n’a jamais posé de problème. La Suisse ne s’est pas rétrécie depuis. Ces grandes manœuvres ont été supprimées vers le milieu des années nonante, si bien que le contact entre la population et son armée s’est progressivement perdu. Il ne faut pas se laisser leurrer par des sondages qui nous font croire que le peuple suisse soutient son armée comme jamais. C’est une apparence trompeuse. En fait, de nombreux Suisses qui ne sont plus employés par l’armée trouvent celle-ci formidable tant qu’ils ne doivent pas effectuer un service militaire annuel. Et ces Suisses-là sont de plus en plus nombreux.

Selon la loi sur l’armée, cette dernière contribue à la promotion de la paix au niveau international. « Contribuer » ne signifie pas forcément s’engager à l’étranger. Il n’est donc pas nécessaire non plus de faire des exercices à l’étranger. L’UDC est également persuadée que l’économie, et plus particulièrement les arts et métiers, auraient du mal à accepter des cours de répétition de six semaines à l’étranger. Surtout les petites et moyennes entreprises ont besoin de pouvoir atteindre leurs collaborateurs qui effectuent leur service militaire.

L’armée doit défendre son propre pays et sa propre population; elle doit aussi être prête à intervenir en cas de menace sur la sécurité intérieure et en cas de catastrophe. Affirmer que cette préparation peut être acquise plus facilement à l’étranger qu’en Suisse est un navrant aveu de faiblesse que je ne partage absolument pas. Voilà pourquoi je m’oppose catégoriquement aux exercices militaires à l’étranger à l’exception des pilotes militaires qui, depuis des années, peuvent effectuer des vols supersoniques à l’étranger et qui pourront continuer de le faire.

André Bugnon
André Bugnon
conseiller national St-Prex (VD)
 
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