Non à l’initiative irresponsable sur l’AVS
L’initiative des syndicats « Mieux vivre à la retraite » semble de prime abord attrayante : qui ne souhaiterait pas percevoir davantage de rentes ? Mais les initiants de gauche passent sous silence l’essentiel : le financement, qui fait défaut. Nous devrions tous passer à la caisse
L’initiative pour une 13e rente AVS est séduisante, mais elle est irresponsable : en cas de oui, elle conduirait l’AVS au bord de la ruine. Le texte de l’initiative ne dit pas un mot sur la manière dont le tout doit être financé. Ce sont les autres qui devront payer. Les générations futures, en particulier, se verraient imposer des charges encore plus lourdes.
Des coûts supplémentaires de 5 milliards de francs par an
L’initiative entraînerait des coûts supplémentaires de 5 milliards de francs par an. Les rentes actuelles ne sont déjà assurées jusqu’en 2030 que grâce à des subventions financières et au relèvement de l’âge de la retraite des femmes, accepté dans urnes en 2023. Après cette date, l’AVS dépensera chaque année 3 milliards de francs de plus qu’elle n’en gagnera et cela, notons-le, sans la 13e rente. Pour éviter une situation ruineuse, le déficit croissant devrait être compensé par une hausse de la TVA et des déductions salariales. En clair, cela signifie que le coût de la vie augmenterait massivement pour tous. Les personnes actives disposant d’un revenu ordinaire, les familles monoparentales et les familles en pâtiraient particulièrement.
De plus, l’initiative veut améliorer les rentes AVS de tous les bénéficiaires avec la technique de l’arrosoir. Là encore, c’est une erreur fondamentale car 88 % des retraités n’ont pas besoin d’une 13e rente AVS. Pour ceux qui en ont besoin, le Parlement travaille actuellement à une solution ciblée. Aujourd’hui déjà, il existe pour les retraités dans le besoin des prestations complémentaires ciblées.
La classe moyenne passerait à la caisse
Avec l’AVS, la caisse de pension et, le cas échéant, les prestations complémentaires, les retraités sont mieux lotis en Suisse que dans n’importe quel autre pays d’Europe. De plus, près d’un million de rentes AVS sont versées à l’étranger. Ces retraités étrangers profitent déjà aujourd’hui du franc suisse fort et du coût de la vie plus bas. Un étranger qui perçoit une rente suisse en Macédoine peut se permettre de dépenser 4x plus avec son AVS qu’en Suisse. En Turquie, la différence est même d’un facteur 5. Avec la 13e rente AVS, ils en profiteraient encore une fois mais n’auraient pas à supporter les hausses de la TVA et du coût de la vie en Suisse.
Disons donc NON, le 3 mars, à cette initiative irresponsable et antisociale qui pèsera sur la classe moyenne et affaiblira le pouvoir d’achat. La 13e rente AVS n’est pas le bon moyen d’aider les retraités dans le besoin. Il vaut mieux procéder à des adaptations ciblées, par exemple en supprimant la discrimination en vigueur des couples mariés.