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Danger pour le développement économique suisse

Pour défendre l’immigration massive, ses adeptes invoquent souvent des arguments économiques. Ceux-ci ne sont toutefois pas concluants. Il est incontesté que l’économie a besoin d’un nombre…

Jean-François Rime
Jean-François Rime
conseiller national Bulle (FR)

Pour défendre l’immigration massive, ses adeptes invoquent souvent des arguments économiques. Ceux-ci ne sont toutefois pas concluants. Il est incontesté que l’économie a besoin d’un nombre suffisant de travailleurs. Néanmoins, aucun pays n’a abandonné le contrôle de son immigration comme la Suisse l’a fait au cours des dernières années.

L’immigration doit en réalité être régulable. Dans un État indépendant, ce principe a une importance centrale sur les plans économique et social. Même les pays d’immigration traditionnels tels que les USA, le Canada ou l’Australie contrôlent l’immigration de manière autonome. Les raisons à cela sont claires. Un pays doit pouvoir déterminer lui-même la mesure et la qualité de l’immigration, ce qui correspond également à un besoin de l’économie.

Avec l’ouverture des frontières, l’introduction de la libre-circulation des personnes et une politique incohérente en matière d’asile et à l’égard des étrangers, la Suisse s’est hélas éloignée de ce principe, avec de graves conséquences pour le pays. Il peut être confortable pour telle ou telle entreprise d’aller chercher des travailleurs bon marché et à peu de frais dans l’UE pour les faire venir en Suisse. Les besoins de l’économie ne s’en trouvent toutefois satisfaits que dans une mesure limitée. L’industrie a besoin de spécialistes dans des domaines spécifiques. Ceux-ci viennent du monde entier. Une priorité aux citoyens européens par rapport aux spécialistes de nationalité américaine, indienne ou chinoise ne fait tout simplement aucun sens pour la Suisse. Afin de pouvoir recruter à l’étranger les professionnels dont la Suisse a besoin, il est également nécessaire de disposer de traités internationaux.

Avec ses qualités telles que la sécurité, la stabilité, la prospérité et la qualité de vie, la Suisse présente un attrait tel que nous pouvons en tout temps faire venir les ressources humaines nécessaires. Ceci doit cependant s’inscrire dans l’intérêt de l’ensemble de l’économie.

Pas de «miracle pour l’emploi»
On entend régulièrement dire que la libre-circulation des personnes serait la cause de la croissance économique de ces dernières années. Cette affirmation est infondée. La croissance, si elle existe, apporte davantage de places de travail et une baisse du chômage. Or si l’on observe l’évolution des 20 dernières années, ce n’est vrai que dans une certaine mesure. Ainsi, l’immigration incontrôlée de travailleurs a en premier lieu entraîné un accroissement du nombre d’employés de l’État. C’est la raison pour laquelle «la part des emplois dans le secteur public a augmenté d’environ 5%, passant de près de 18 % en 1990 à plus de 23 % aujourd’hui», comme l’a récemment rapporté la Neue Zürcher Zeitung (NZZ du 30.04.2011).

Concrètement, cela signifie que pendant les années de disette économique (1990-2000), la Suisse a perdu plus de 200’000 emplois du secteur privé. Au cours des années fastes, soit de 2005-2010, les emplois supprimés dans le secteur privé au cours des années 90 n’ont pas été totalement compensés. En revanche, le nombre d’employés du secteur public a augmenté sans interruption entre 1990 et 2010, même durant les mauvaises années, sur le plan économique :

  • administration + 27’000
  • éducation et formation + 51’000
  • santé et social + 138’000.

Ainsi, en raison de l’immigration, la hausse de l’emploi est depuis 1990 entièrement imputable au secteur public.

Conséquences négatives pour l’économie
Les conséquences négatives de l’immigration massive se font également sentir pour l’économie. Rues et trains encombrés, prix de l’immobilier élevé, institutions sociales surchargées et nivellement par le bas dans le domaine de la formation peuvent difficilement être dans l’intérêt de l’économie, de même que le chaos ambiant dans le secteur de l’asile et les innombrables résidents illégaux qui travaillent au noir.

Ceux qui affirment que les institutions sociales auraient profité de l’immigration en masse ont par ailleurs une vision à court terme.

Les solutions qui traînent à être mises en place dans les institutions sociales sont les nouveaux impôts et taxes de demain. Et aujourd’hui déjà, les entreprises assument en partie les conséquences financières de la forte proportion d’étrangers parmi les bénéficiaires de l’assurance-chômage, de l’assurance-invalidité ou de l’aide sociale, notamment à travers des charges sociales élevées. Un fléchissement de la conjoncture, p.ex. en raison de la crise de l’euro, aggraverait encore largement cette situation.

Solutions intelligentes pour contrôler l’immigration
Le Conseil fédéral a malheureusement manqué à invoquer la clause de sauvegarde qui lui aurait permis de continuer à contingenter l’immigration en provenance de l’UE quand il était encore temps. Il n’a pas même utilisé les instruments disponibles alors qu’il les avait encore dans les mains. Le Conseil fédéral et le Parlement ont par ailleurs rejeté toutes les interventions de l’UDC visant à ce que la Suisse regagne sa capacité d’agir dans la politique migratoire. C’est la raison pour laquelle l’initiative populaire est désormais la seule voie possible.

Cette initiative pose les bases de solutions intelligentes préservant les avantages de notre marché du travail flexible et notre place économique. Il y a en revanche lieu de rejeter toute ingérence socialiste telle que les salaires minimaux, atteintes déplacées à liberté contractuelle des entreprises, ou d’une bureaucratie de contrôle débordante. L’initiative populaire contre l’immigration massive rend enfin à la Suisse sa capacité d’agir dans le domaine de l’immigration, en préservant nos atouts économiques.

Si elle est acceptée, elle permettrait par exemple de revenir au modèle éprouvé du contingentement, tel qu’il était appliqué avant l’introduction de la libre circulation des personnes. On pourrait examiner, en tant qu’alternative à l’ancien système, un système moderne de points, déjà appliqué avec succès par différents pays, tels le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Un système de points de ce type pourrait être combiné au système actuel, avec la loi sur les étrangers en vigueur.

Dans le système de points, les permis ne peuvent être octroyés, dans le cadre des nombres maximaux et contingents définis, que si le requérant atteint le nombre de points nécessaire, lesquels sont accordés pour certains critères (demande d’un employeur, qualifications professionnelles, capacité d’intégration, langue, etc.). L’expérience montre que ce genre de système assure de manière optimale une immigration conforme aux besoins.

À travers son initiative populaire «contre l’immigration massive», l’UDC accroît la pression sur le Conseil fédéral et le Parlement afin que ceux-ci agissent. Il faut mettre un terme à l’immigration de masse. Au lieu de cela, nous avons à nouveau besoin d’une immigration régulable de manière autonome pour le bien de l’ensemble de l’économie ainsi que des citoyennes et citoyens.

Jean-François Rime
Jean-François Rime
conseiller national Bulle (FR)
 
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