La situation précaire de l’AI menace aussi l’AVS

A la fin de l’année 2016, l’assurance-invalidité avait une dette de près de 11,5 milliards de francs auprès de l’AVS. Le Conseil fédéral affiche néanmoins un optimisme injustifié en affirmant que cette dette sera remboursée d’ici à 2030. La réalité des chiffres parle un autre langage. Une raison de plus de refuser l’augmentation prévue des rentes.

Verena Herzog
Verena Herzog
conseillère nationale Frauenfeld (TG)

La distribution excessivement généreuse de rentes invalidité a plongé l’AI dans une dette de plusieurs milliards de francs au fil des ans. Les pressions de l’UDC ont certes eu pour effet de combattre quelques abus et de restreindre la pratique d’attribution. L’endettement n’a cependant pu être freiné que moyennant un financement complémentaire temporaire via la TVA. Cette contribution arrive à échéance cette année. L’AI perdra donc dès 2018 une recette de 1,1 milliard de francs par an.

Au lieu d’économiser, le Conseil fédéral veut augmenter les dépenses

En 2016 l’AI a affiché des recettes de 10 milliards de francs et des dépenses de 9,2 milliards. Nul besoin d’être grand mathématicien pour comprendre que cette institution glissera dans les chiffres rouges dès l’année prochaine lorsqu’elle disposera d’un bon milliard de francs de moins. Il est évident que le potentiel d’économie est toujours énorme dans l’AI. On pourrait par exemple réduire les charges administratives qui ont augmenté de 35 millions de francs entre 2012 et 2016 alors que le nombre de rentes versées a diminué. Côté prestations aussi, des optimisations sont encore possibles.

Mais que fait le Conseil fédéral? Au lieu de réduire les charges, il veut dépenser encore plus d’argent. Dans le projet qu’il vient de publier, il veut identifier de manière précoce les jeunes gens instables en prétendant que ce procédé permettra d’éviter que ces personnes atterrissent dans l’AI. Or, il est facile d’imaginer les conséquences de la réforme proposée par le gouvernement: des jeunes gens en période de puberté, donc traversant cette période de développement marquée par des hauts et des bas, seront identifiés comme des cas AI potentiels; ils auront droit à d’onéreuses mesures de prévention et de réinsertion, de sorte qu’ils deviendront définitivement des cas AI. Mais ce n’est pas tout: un jugement de la Cour européenne des droits de l’homme impose à la Suisse une nouvelle méthode de calcul des rentes qui, elle aussi,  entraînera des coûts supplémentaires considérables. Comme de coutume, le Conseil fédéral se soumet humblement aux juges de Strasbourg et se dépêche d’appliquer leur décision dans les plus brefs délais.

L’extension de l’AI menace aussi l’AVS

Le Conseil fédéral n’ayant pas l’intention de réduire les dépenses et les prestations de l’AI, on imagine facilement à quel niveau il fera des économies: dans le remboursement de la dette à l’AVS. La situation financière de l’AVS se dégradera donc encore plus rapidement que ne l’annoncent les pronostics qui, jusqu’ici, se basaient toujours sur le remboursement de la dette de l’AI. Dans ces conditions, il paraît encore plus irresponsable d’offrir 70 francs supplémentaires par mois aux nouveaux rentiers AVS comme le prévoit la réforme Prévoyance vieillesse 2020 sur laquelle nous sommes appelés à voter le 24 septembre prochain. Ce n’est certainement pas là une gestion sérieuse des fonds de l’AVS. Au lieu de dépenser toujours plus d’argent qui n’existe pas en réalité, il serait grand temps de retrouver le sens de la mesure. Voilà la seule manière de garantir la pérennité de nos institutions sociales pour les générations à venir. Et voilà pourquoi je dis clairement NON le 24 septembre prochain à réforme de la prévoyance vieillesse.

Verena Herzog
Verena Herzog
conseillère nationale Frauenfeld (TG)
 
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