éditorial

Une idée qui nage en eaux troubles

« Sans eau, nous ne pouvons pas vivre ». Voilà une évidence qui n’a en tous les cas pas besoin d’être rappelée ni encore moins politiquement récupérée ! Cette vérité, tous les paysans de notre pays, non seulement la partagent, mais font tout, au quotidien de leur travail, pour la respecter – et donc pour transmettre aux générations qui nous suivent, une nature propre, une eau potable et une agriculture dont les produits de qualité satisfont les consommateurs. Voilà pourquoi cette initiative doit être purement et simplement rejetée. Comme d’ailleurs celle qui entend faire de notre pays « une Suisse libre de pesticides de synthèse ».

Pierre-André Page
Pierre-André Page
conseiller national Châtonnaye (FR)

Une fois de plus, pareilles initiatives populaires en provenance des rangs verts, partent d’une idée généreuse mais enfoncent des portes ouvertes. Sans compter qu’au final, le résultat qu’elles pourraient obtenir, irait à l’encontre du bon sens et serait même dangereux pour notre agriculture, notre nature, nos produits et nos consommateurs. Voilà qui mérite d’être expliqué…

Les paysans seraient tentés d’intensifier leurs productions.
Avec l’initiative populaire fédérale « Pour une eau potable propre et une alimentation saine – Pas de subventions pour l’utilisation de pesticides et l’utilisation d’antibiotiques à titre prophylactique », les paiements directs ne seraient versés qu’aux exploitations qui n’utilisent pas de pesticides. Exclus également des paiements directs les agriculteurs qui utilisent des antibiotiques de manière prophylactique. Voilà qui, non seulement changerait radicalement notre système agricole suisse, mais aurait un effet final contraire. Car sans produits phytosanitaires, le volume des récoltes diminuerait drastiquement : on parle d’un recul d’environ 40%, si ce n’est, parfois, de la totalité. L’offre de produits suisses en baisse, leurs prix prendraient l’ascenseur ! Les paysans seraient tentés d’intensifier leurs productions. Et pour maintenir un approvisionnement de notre population, des denrées alimentaires devraient être importées : sans que nous puissions en contrôler la qualité de la production ! L’eau serait, peut-être protégée – et encore ! mais à quel prix ?

Non, aujourd’hui déjà, avec la Politique agricole 22+, de nombreux plans d’action sont développés et déploient leurs effets : l’Union Suisse des Paysans peut en témoigner ! Le paysan suisse connaît la valeur de sa terre – celle sur laquelle il vit et produit. Il est absurde de voir en lui un « pollueur avide de paiements directs ». Au contraire, sa connaissance de la nature fait de chaque agriculteur suisse un acteur responsable à qui pareille initiative ne signifie que chicanes administratives supplémentaires et coûteuses à l’Etat.

« La terre nous offre l’eau, propre et gratuite » explique le texte de cette initiative. Chaque citoyenne et citoyen doivent en être convaincus : le paysan non seulement le sait mais ne fait rien ni pour la gaspiller ni pour la polluer. Levons donc notre verre (d’eau potable et propre) à la santé du refus de cette initiative verte… et bleue !

Pierre-André Page
Pierre-André Page
conseiller national Châtonnaye (FR)
 
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