Limiter l’immigration – stop avec les procédures d’asile en Suisse

Le droit d’asile suisse est obsolète. Notre politique migratoire n’est plus adaptée aux réalités actuelles. Pour pouvoir relever les défis de la migration mondiale, un changement de paradigme s’impose. Si l’on veut lutter contre les passeurs et reprendre le contrôle de qui entre sur le sol européen, il faut améliorer l’aide sur place, mais aussi externaliser les procédures d’asile, car nous n’avons pas seulement trop d’immigrés, mais aussi et surtout les mauvaises personnes.

Gregor Rutz
Gregor Rutz
conseiller national Zürich (ZH)

En 1974, le conseiller national UDC bernois Walther Hofer a demandé la promulgation d’une loi sur l’asile. Mais Walther Hofer trouvait déjà que cette loi n’était pas adaptée à une politique migratoire tournée vers l’avenir. Au lieu d’imposer des restrictions, le Conseil fédéral a « ouvert les portes en grand ». La conclusion de Walther Hofer était la suivante : « Ce ne peut pas être le sens de cette loi ». Son appréciation était déjà pertinente à l’époque.

Appel d’air dû à une réglementation obsolète
Le constat est clair aujourd’hui : La législation suisse en termes d’asile est complètement dépassée et ne tient pas compte des réalités. Un changement de paradigme s’impose. La politique d’asile traditionnelle de la Suisse s’est toujours concentrée sur l’aide aux personnes issues du voisinage immédiat. Mais aujourd’hui, nous sommes confrontés à des mouvements migratoires globaux. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de personnes déplacées dans le monde a plus que doublé au cours des 10 dernières années. Alors qu’en 2012, 40 millions de personnes étaient encore en fuite, elles sont aujourd’hui 103 millions et ce nombre va continuer de croître dans les années à venir : Les écarts de prospérité et les évolutions démographiques continuent d’alimenter les flux migratoires vers l’Europe occidentale.

La Suisse sans stratégie pour la politique migratoire
Si l’on compare la part de décisions d’asile positives de la Suisse avec les chiffres de l’Italie, de l’Allemagne ou de la France, on constate que la Suisse est beaucoup plus généreuse que ses voisins. Les requérants d’Afghanistan, d’Erythrée, de Syrie ou de Turquie ont beaucoup plus de chances d’obtenir gain de cause en Suisse que dans d’autres pays européens. De nombreux problèmes sont donc auto-infligés.

Les migrants – souvent jeunes et de sexe masculin – le savent bien : même sans motif d’asile, ils ne seront pas renvoyés dans leur pays d’origine. Un séjour durable en Europe est garanti. La volonté des milieux gauche rose-verte de légaliser les « sans-papiers » (c’est-à-dire les personnes en situation irrégulière) renforce cet appel d’air. Le terme « admis provisoirement » est trompeur, car le renvoi de telles personnes est de fait impossible. En règle générale, elles restent ici pour toujours, souvent avec des conséquences dramatiques sur les coûts sociaux et la sécurité publique.

Les réfugiés restent généralement dans leur pays d’origine
La grande majorité des personnes déplacées ne fuient pas à l’étranger, mais cherchent une protection dans leur pays d’origine. Ces personnes, qui fuient la guerre ou les catastrophes, souhaitent rentrer chez elles le plus rapidement possible. Il en va de même pour les presque 35 millions de réfugiés qui quittent leur pays d’origine. Plus des deux tiers de ces personnes se réfugient dans un pays limitrophe de leur pays d’origine.

Ceux qui entreprennent le long voyage à travers plusieurs continents le font souvent pour de toutes autres raisons et les passeurs, les trafiquants d’êtres humains et le crime organisé en profitent grassement.

Même s’il s’agit d’une minorité qui entreprend ces longs voyages, le nombre est accablant pour la Suisse. Les demandes d’asile ont augmenté l’an dernier, pour atteindre 24’500. Jusqu’à fin décembre, plus de 72’500 Ukrainiens ont en outre obtenu le statut S. Pour la première fois, plus de 120’000 personnes se trouvent donc dans le processus d’asile. Cela coûte cher et entraîne des saturations. Le fait que 2 cantons aient déjà déclaré l’état d’urgence en matière d’asile en dit long.

A cela s’ajoutent environ 45’000 personnes admises à titre provisoire (demandes d’asile rejetées) et 76’000 personnes en situation irrégulière (« sans-papiers »). Chaque semaine, l’OFAC a en outre signalé environ 1’000 interpellations de migrants irréguliers ; en 2022, il s’agissait au total de 52’077 interpellations. Environ 95% de ces migrants illégaux veulent quitter la Suisse pour un autre pays européen, ou du moins l’affirment.

La Suisse doit enfin établir des règles et les appliquer
La politique migratoire suisse est un véritable fiasco ; il n’y a pas de gestion de l’immigration. Comme l’initiative contre l’immigration de masse n’est pas appliquée, beaucoup trop de personnes viennent en Suisse. Mais en raison de cette politique d’asile laxiste, ce sont aussi les mauvais migrants qui arrivent ici : pas de spécialistes qualifiés mais des migrants économiques venus de continents lointains.

On se sent de plus en plus étranger dans son propre pays. Des valeurs telles que la démocratie, la tolérance, l’égalité des droits ou même le monopole de l’Etat sur la violence sont ouvertement remises en question. Les nouveaux immigrés viennent d’autres cultures ; ils n’ont que faire de nos valeurs. C’est ainsi que la Suisse s’effondre petit à petit.

Réorientation de la politique d’asile
Si l’on veut contrôler la migration, il faut veiller à ce que les migrants potentiels voient des perspectives dans leur pays et n’aient aucune motivation à venir en Europe. Cela passe par la délocalisation des procédures d’asile. Divers Etats comme l’Angleterre, le Danemark ou l’Autriche poursuivent des projets de création de centres d’asile en dehors des frontières nationales. En Angleterre, la High Court of Justice a récemment décidé qu’il était compatible avec la convention sur les réfugiés d’envoyer des personnes entrées illégalement dans un camp de réfugiés au Rwanda. Le gouvernement britannique veut ainsi dissuader les immigrés illégaux de traverser la Manche.

Les sociaux-démocrates autrichiens avancent des arguments similaires, reprenant une revendication de l’ÖVP et du FPÖ : Les centres de procédure en dehors de l’UE sont « la seule solution raisonnable pour éviter la souffrance, mettre fin aux agissements des passeurs criminels et contrôler qui entre sur le sol européen et qui n’y entre pas » (programme d’action 2023 du SPÖ). Il est incompréhensible que le Conseil fédéral ait jusqu’à présent refusé d’envisager de telles mesures.

Ensuite, la Confédération doit exécuter les expulsions, procéder immédiatement aux rapatriements et communiquer sur le sujet. Cela implique une réorientation de l’aide au

développement et le renforcement de l’aide sur place. C’est la seule façon de lutter efficacement et durablement contre les passeurs et la traite des êtres humains.

L’aide et la protection ne doivent pas être assimilées au séjour. Nous devons changer notre façon de penser. Si nous ne repensons pas entièrement la politique migratoire, le fiasco est inévitable.

Gregor Rutz
Gregor Rutz
conseiller national Zürich (ZH)
 
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