Journal du parti Franc-parler mars 2016

NON à la culture de bienvenue à la Merkel

Si, le 5 juin 2016, l’UDC refuse la révision de la loi sur l’asile, on lui reprochera de bloquer ipso facto une procédure d’asile plus rapide. Mais quelle pourrait bien être l’utilité de procédures plus rapides si les requérants déboutés ne sont pas renvoyés systématiquement dans leurs pays d’origine? On ne ferait donc au final que créer plus de place pour encore plus de faux requérants d’asile. La révision de la loi sur l’asile a tout simplement été dépassée par la réalité.  

  
L’expérience a montré que le département de la conseillère fédérale Sommaruga promet beaucoup au peuple et aux cantons en matière de révision de la loi sur l’asile, mais aussi qu’il n’est pas du tout conséquent lorsqu’il s’agit d’appliquer les décisions de ce même peuple. Le 9 juin 2013, quelque 78% des Suissesses et des Suisses disaient OUI aux «durcissements» dans le domaine de l’asile. Or, nombre de ces «durcissements» n’ont jamais été mis en oeuvre. Exemples: 

• Les personnes qui ont refusé de servir ne sont pas considérées comme des réfugiés
Le peuple a dit Oui à cette disposition en 2013. Or, que s’est-il passé depuis? Rien. La Suisse reste encore et toujours attractive pour les requérants d’asile en provenance d’Erythrée. Le nombre des demandes d’asile venant de ce pays est en effet passé de 2’563 en 2013 à 9’966 aujourd’hui.  

• Les requérants d’asile récalcitrants seront transférés dans des centres spéciaux
Le peuple suisse a également déjà dit Oui à ce propos en 2013. Un oui qui n’a pas été suivi d’effet, car il n’existe encore aucun centre pour requérants d’asile récalcitrants. La conseillère fédérale Sommaruga revient avec cette idée dans la nouvelle révision de la  loi sur l’asile. 

Une application stricte des lois en vigueur fait défaut. L’asile est à nouveau hors de tout contrôle. Les demandes d’asile, et donc les coûts sont à nouveau en hausse de façon spectaculaire.

Culture de bienvenue au lieu d’une application conséquente
La révision de la loi sur l’asile entend renforcer encore plus notre culture de bienvenue au lieu de la restreindre. Il s’agit en fin de compte d’accepter le plus grande nombre possible d’immigrants illégaux, de migrants économiques et sociaux dans notre pays, et ce, que ces derniers soient ou non menacés dans leur intégrité corporelle ou leur vie. Cette révision menace donc la tradition humanitaire de la Suisse. Et pour atteindre cet objectif, les responsables ne craignent pas d’avoir recours à des demi-vérités pour défendre leur nouveau concept. 

Les mensonges de l’hébergement
Les 5’000 lits prévus dans les nouveaux centres de la Confédération suffisent pour cinq à six semaines si l’on compte 3’600 demandes d’asile par mois. Ensuite, les requérants d’asile  quittent ces centres chroniquement surpeuplés pour être confiés aux cantons pour le reste de la procédure. Le Secrétariat d’Etat aux migrations a fait croire aux cantons et aux communes qu’ils pourraient «réduire massivement leurs capacités d’hébergement». Ils ne devraient ainsi à l’avenir ne plus mettre à disposition que quelque 10’000 places. Au vu de la réalité du terrain, cette promesse ne tient pas la route. Pour les 39’523 demandes d’asile déposées en 2015, le calcul est en effet vite fait: si les cantons et les communes ne devaient plus à l’avenir accueillir que 10’000 personnes, alors la Confédération devrait, elle, s’occuper de 29’523 cas (départs et renvois compris). Commet le ferait-elle avec 5’000 lits? 

Les «mensonges de Dublin» 
De nombreux Etats européens ont d’ores et déjà suspendu les accords de Dublin. Quant à la Suisse, elle continue encore et toujours à croire à ce concept de répartition pour le moins inefficace. Le Secrétariat d’Etat aux migrations entend, avec la loi sur l’asile révisée dans le cadre des «accords de Dublin», transférer dans les premières semaines après leur arrivée déjà 40 pour cent de tous les requérants d’asile dans le pays de l’UE qui s’était chargé de leur premier enregistrement. 

Les «accords de Dublin» sont une lettre morte, comme les chiffres le montrent sans ambiguïté. En 2015, parmi les 17’377 présumés «cas Dublin», la Suisse n’a pu en effet transférer que 2’461 personnes dans les pays où ils avaient été enregistrés la première fois. De plus, conséquence également des accords de Dublin, la Suisse a dû, en 2015, reprendre encore 588 personnes d’autres Etats signataires desdits accords. En lieu et place de 40 pour cent de tous les requérants d’asile, notre pays ne peut en réalité n’en transférer que 6 pour cent aux «Etats Dublin». Et la tendance est encore à la baisse. La révision de la loi sur l’asile ne fonctionnera donc pas, et ce, justement en raison de ce genre d’hypothèses, qui sont erronées.  

Au lieu de 40 pour cent de tous les demandeurs d’asile, c’est un peu moins de 6 pour cent qui sont en fait remis aux «Etats-Dublin» (chiffre en baisse).

Un mauvais signal au mauvais moment 
Cette révision de la loi sur l’asile signifie que le plus grand nombre de migrants possible doit être accueilli dans des centres fédéraux bien équipés, où ils bénéficieraient d’un encadrement complet, d’une couverture médicale universelle et d’une représentation et d’un conseil juridique à bien plaire (avocat gratuit). Une grande partie de ces gens resteront en Suisse bien que leur intégrité corporelle et leur vie ne soient pas menacées. Il n’y a pas eu 9’000 personnes dont la demande d’asile a été refusée qui ont quitté la Suisse sous contrôle l’an passé. Si l’on compare au nombre des nouvelles demandes d’asile, cela ne représente que 23 pour cent. Une éventuelle accélération de la procédure signifiera donc pour la grande partie des requérants d’asile la certitude de pouvoir rester dans notre pays, et ce, encore plus rapidement que cela n’a été le cas jusqu’ici. Le but de la révision de la loi sur l’asile est donc contre-productif. L’attractivité de la Suisse pour les faux réfugiés et les migrants illégaux ne peut donc qu’augmenter davantage encore avec cette révision de la loi sur l’asile, tandis que d’autres Etats verront leur propre attractivité fortement diminuer. La révision donne en conséquence un signal complètement erroné, et qui plus est au mauvais moment.  

Si nous refusons la révision de la loi sur l’asile, nous disons également oui à la loi sur l’asile actuellement en vigueur. Ce qui ne serait pas mal du tout. La mise en œuvre reste toutefois encore et toujours lacunaire sur de nombreux points. Le domaine de l’asile en Suisse manque d’organisation et de direction. C’est là qu’il faut mettre la pression. Une nouvelle loi n’est absolument pas nécessaire.  

 

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par l’auteur
UDC conseiller national (GR)
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