Communiqué de presse

Les fonctionnaires des associations économiques perdent le sens des réalités

L’analyse de la libre circulation des personnes présentée aujourd’hui par l’Union patronale suisse illustre parfaitement une perte progressive du sens des réalités chez les fonctionnaires de ce genre d’association. On y lit notamment "qu’il n’y a pas eu d’immigration de masse" depuis l’entrée en vigueur de la libre circulation des personnes et que la forte augmentation de l’effectif des étrangers n’est pas due à la libre circulation. Une fois de plus, on nous sert la légende des immigrants hautement qualifiés et on regrette le manque de 16 000 ingénieurs en Suisse. Alors pourquoi seulement 42 ingénieurs-mécaniciens ont immigré en Suisse en 2012? On aurait pourtant facilement pu en faire venir davantage grâce à la libre circulation.

L’analyse de la libre circulation des personnes présentée aujourd’hui par l’Union patronale suisse illustre parfaitement une perte progressive du sens des réalités chez les fonctionnaires de ce genre d’association. On y lit notamment "qu’il n’y a pas eu d’immigration de masse" depuis l’entrée en vigueur de la libre circulation des personnes et que la forte augmentation de l’effectif des étrangers n’est pas due à la libre circulation. Une fois de plus, on nous sert la légende des immigrants hautement qualifiés et on regrette le manque de 16 000 ingénieurs en Suisse. Alors pourquoi seulement 42 ingénieurs-mécaniciens ont immigré en Suisse en 2012? On aurait pourtant facilement pu en faire venir davantage grâce à la libre circulation.

La conférence de presse tenue aujourd’hui par l’Union patronale suisse bat tout ce qui a été présenté jusqu’à ce jour en matière de propagande grossière. L’argumentation de ces milieux devient de plus en plus grotesque et on commence à se demander si les fonctionnaires d’association qui osent aligner ces énormités croient encore à ce qu’ils disent.

Il n’y aurait pas eu d’immigration de masse en Suisse depuis l’entrée en vigueur de la libre circulation des personnes, nous dit-on. "La forte augmentation de l’effectif des étrangers est en premier lieu due à l’augmentation de l’immigration en provenance des pays du nord de l’UE17/AELE et de pays extérieurs à l’Europe qui a commencé vers le milieu des années nonante sous l’ancien régime des contingents et qui a atteint son maximum en 2002 au moment de l’entrée en vigueur de la libre circulation des personnes."
La réalité reflétée par la statistique des étrangers de l’Office fédéral de la migration est passablement différente:

Depuis l’entrée en vigueur de la pleine libre circulation des personnes avec les anciens membres de l’UE (UE-17) en 2007, l’immigration nette moyenne est de l’ordre de 80 000 personnes par an, soit l’équivalent de la population de la ville de Lucerne ou, en l’espace de 5 ans, cette de la ville de Zurich.

 
La progression de l’effectif d’étrangers est due à raison de 90% aux ressortissants UE. Il suffit, pour s’en convaincre, de jeter un coup d’œil sur la dernière statistique des étrangers. 89,7% exactement de l’augmentation de l’effectif s’expliquent par des arrivées en provenance de l’UE/AELE. Il est évident que les pays de l’UE-17 représentent la part la plus importante. L’immigration en provenance des nouveaux membres de l’UE est toujours contingentée, mais elle explose littéralement au fur et à mesure que les restrictions par les contingents sont levées.

La légende des immigrants hautement qualifiés

La preuve a été faite depuis longtemps que la prétendue immigration de personnes hautement qualifiées relève de la pure propagande. En fait, cette allégation repose sur la seule considération des diplômes des immigrants. Il va de soi qu’il y a une forte proportion de titulaires d’un baccalauréat et de diplômés universitaires parmi les immigrants en provenance de pays où le taux de ces formations est élevé. Mais à quoi sert concrètement cette "immigration hautement qualifiée" si on est servi au restaurant par un garçon ou une sommelière titulaire d’un diplôme universitaire ou si le poseur de tapis a son certificat de maturité en poche? En observant les activités effectives des immigrants, on constate que 44% d’entre eux ont bénéficié du regroupement familial, sont en formation ou en perfectionnement ou exercent des activités professionnelles "non définies". Une forte proportion de ces immigrants est active dans le secteur du bâtiment ou travaille comme personnel de service et de cuisine. Sur les plus de 100 000 immigrants provenant de l’UE en 2012, il y avait tout juste 42 ingénieurs-mécaniciens, 182 ingénieurs-informaticiens et 1442 médecins. Le problème du manque de 16 000 ingénieurs, dont se lamente le président de l’Union patronale, n’a manifestement pas pu être résolu par la libre circulation des personnes.

Etude truffée de contradictions
L’étude présentée aujourd’hui n’apporte guère d’éclaircissements. Ses allégations concernant la croissance économique et d’autres facteurs sont diamétralement opposées aux conclusions d’autres études. Par exemple, l’Institut de recherche conjoncturelle de l’EPFZ a relevé l’an passé que "les taux de croissance du PIB (produit intérieur brut) par habitant avant et après l’introduction de la libre circulation des personnes ne se distinguaient pas structurellement" et que les effets de la libre circulation des personnes sur le revenu moyen – mesuré sur la base du le PIB par habitant – "étaient plutôt faibles".

Le professeur Sheldon devrait également faire son choix. L’an passé encore il relevait dans une étude que l’immigration conduisait à long terme plutôt à un bilan fiscal négatif (contribution nette des immigrants au budget de l’Etat).

Berne, le 6 décembre 2013

 
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