éditorial

Internement à vie des criminels : un petit murmure dans le grand vacarme des attentats !

Nous vivons depuis quelques temps avec une actualité chargée. Après les attentats islamistes du 13 novembre dernier, nous suivons l’avancée de l’enquête en temps réel, ce qui demande une certaine attention. Dans ce tumulte, il convient néanmoins de relever dans notre pays une information dont beaucoup espèrent qu’elle passera inaperçue. En effet, on nous communique discrètement que les experts appelés à se pencher sur le cas de Fabrice A., tortionnaire et meurtrier de l’innocente socio-thérapeute Adeline M. le 12 septembre 2013, aboutissent à la conclusion qu’il ne convient pas de l’interner à vie.

Céline Amaudruz
Céline Amaudruz
conseillère nationale Genève (GE)

Certes, ces spécialistes bienveillants reconnaissent que ce triste personnage est extrêmement dangereux, irrécupérable en l’état actuel des connaissances scientifiques et que l’on est en face d’un psychopathe sexuel. Néanmoins, ces éminents experts estiment qu’un internement à vie ne doit pas être prononcé car l’assassin est encore jeune – 41 ans – et qu’il est encore en mesure d’évoluer ou de profiter de futures avancées de la science qui permettraient hypothétiquement de le soigner.

On est en droit de s’interroger quant à cette évaluation pour le moins extraordinaire lorsqu’on se rappelle que l’initiative pour l’internement à vie des délinquants sexuels et violents, jugés très dangereux et non amendables, a été acceptée par le peuple et les cantons le 8 février 2004. Lancée par les proches de victimes de quelques tueurs en série ayant sévi dans notre pays, l’initiative avait obtenu le soutien de diverses personnalités pour être ensuite vigoureusement défendue par l’UDC, esseulée au milieu des partis gouvernementaux.

Malgré cela, les experts concluent que Fabrice A. ne doit pas être interné à vie même si, de leur propre aveux, l’intéressé correspond parfaitement au libellé de l’initiative.

Comment est-ce possible ?

Le diable se cache souvent dans les détails et l’un d’eux a échappé aux promoteurs du texte. Il précise qu’un délinquant sexuel "qualifié d’extrêmement dangereux et non amendable dans les expertises nécessaires au jugement" doit être interné à vie sans possibilité de liberté anticipée.

Dans les expertises nécessaires à de tels jugements, ces mots portent hélas le germe de l’échec. On se réfère expressément aux expertises nécessaires au jugement, donc aux experts chargés de les conduire. On fait bien sûr aussi appel à des spécialistes qui ont plus de dix ans d’études derrière eux, période au cours de laquelle ils ont été formés pour guérir les patients en non à constater leur impuissance devant de telles situations.

Pour un expert psychiatre, déclarer qu’une personne entre dans le champ d’application de l’initiative revient à reconnaitre son échec de thérapeute sur une éventuelle guérison. On peut donc craindre que le cas Fabrice A. ne soit que le début d’une longue série de décisions, annulant ainsi la volonté populaire de mettre enfin ce genre de crapules derrière les barreaux et les empêcher de nuire à nouveau.

L’avenir nous le dira, mais le pessimisme est déjà de rigueur. Nous devrons sans doute remettre l’ouvrage sur le métier afin d’éviter que la volonté populaire ne soit une nouvelle fois pervertie par la pensée éclairée de ces experts. L’UDC suivra attentivement le devenir judiciaire des drames que nous avons connus et que nous connaitrons encore suite à ce genre de décision. Notre parti se tient prêt à maintenir la pression et il sera une nouvelle fois aux côtés de celles et de ceux qui préfèrent la sécurité publique aux pulsions meurtrières de quelques pâles salauds.

Céline Amaudruz
Céline Amaudruz
conseillère nationale Genève (GE)
 
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