Lex Netflix, quand l’Etat prétend dicter nos choix

La Loi sur le cinéma ou Lex Netflix vise non seulement à augmenter les subventions en faveur du cinéma suisse mais prétend également imposer aux grands diffuseurs internationaux la diffusion d’un quota de 30% de productions européennes sur nos écrans. Cela en faisant fi du choix du consommateur.

Céline Amaudruz
Céline Amaudruz
conseillère nationale Genève (GE)

En principe, le spectateur choisit ce à quoi il veut assister en fonction de ses goûts personnels. C’est ainsi que certains artistes connaissent le succès, d’autres non. Le public décide souverainement, on ne saurait lui imposer un spectacle dont il ne veut pas. Mais il boude trop souvent le cinéma suisse. La production indigène ne correspond pas à ce dont la majorité d’entre nous souhaite profiter. Lorsqu’un produit rate sa cible, on le modifie. Mais pas en matière de cinéma. Pour compenser le désintérêt populaire, il faut augmenter les subventions. La loi se propose donc de prélever 4% des bénéfices réalisés par les diffuseurs à succès pour sponsoriser des productions confidentielles réservées aux seules Journées de Soleure. Toujours 18 millions de plus à disposition de cinéastes produisant des œuvres sans public.

En parallèle, on veut imposer un quota de 30% de films européens dans la programmation des Netflix, Disney+, TFI, M6 et autres. Les diffuseurs ne seraient donc plus souverains en matière d’offre. Ils ne pourraient plus se baser exclusivement sur les goûts de leur clientèle. Et donc, cette même clientèle ne serait plus maitresse de ses choix. Avec la Lex Netflix, l’Etat entend contrarier notre libre arbitre en nous imposant des produits dont nous ne voulons pas. C’est en quelque sorte une forme de culture obligatoire, un mauvais moment à passer pour mériter ce que nous apprécions.

C’est un non déterminé que nous devons glisser dans l’urne le 15 mai prochain. En matière de cinéma pas plus qu’ailleurs, il ne saurait être question de taxer le succès pour sponsoriser l’échec. C’est à l’artiste de convaincre, c’est par son talent qu’il trouve son public. Et c’est à nous de décider où porter notre intérêt. L’Etat n’a pas à choisir à notre place, à nous assigner le statut de public contraint. La Lex Netflix vise à instaurer le divertissement obligatoire, ceci au mépris de la liberté du public. Le principe général se résume ainsi, moins il a de spectateurs, plus le cinéaste touche de subventions. Mais l’argent ne remplace pas le talent.

Non le 15 mai prochain.

Céline Amaudruz
Céline Amaudruz
conseillère nationale Genève (GE)
 
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