Monnaie pleine… d’incertitudes

L’initiative « Monnaie pleine » a été déposée en décembre 2015 par l’association Modernisation monétaire (MoMo) qui estime que la création de monnaie par les banques au moyen du crédit étend la masse monétaire de manière incontrôlée, ce qui aggrave constamment le risque de nouvelles crises financières. En effet, seul 10% de la masse monétaire est créée par la Banque nationale sous forme de pièces et billets de banque, le reste est mis en circulation par les banques commerciales en octroyant des crédits aux particuliers et aux entreprises sous forme électronique.

Michaël Buffat
Michaël Buffat
conseiller national Vuarrens (VD)

L’initiative demande que seule la Banque nationale gère la masse monétaire. Les espèces, mais aussi la monnaie électronique, deviendraient des moyens de paiement officiels assurés par la BNS. Pour mettre cette « monnaie pleine » à l’abri des crises, les banques devraient être en permanence en mesure de garantir en espèce les montants versés sous forme électronique dans leur totalité et à tout moment. L’objectif de « Monnaie pleine » est d’éviter une situation où les clients se précipitent en masse à la banque pour retirer leurs avoirs, causant ainsi la faillite de l’établissement financier qui n’aurait pas les moyens d’assurer tous ces dépôts électroniques sous forme physique.

La fin du crédit tel que nous le connaissons
En limitant la possibilité aux banques de créer de la monnaie, l’initiative aura un impact énorme sur le crédit, et donc sur les investissements, moteurs de l’économie. Les PME en souffriraient particulièrement. En effet, elles génèrent actuellement 89 % du volume total des crédits commerciaux en Suisse. L’initiative « Monnaie pleine » poserait des problèmes aux entreprises désireuses d’investir et de créer des emplois. Une obtention plus difficile de crédit aura également des conséquences pour tous les locataires. Une réduction des investissements signifie une réduction du nombre des logements disponibles. Et quand les prix de l’immobilier augmentent, les loyers suivent tôt ou tard.

Finalement, Le système actuel permet à l’argent de « travailler » en générant des intérêts. Ce principe ne sera plus possible avec « monnaie pleine ». L’argent qui ne travaille pas ne génère pas de bénéfices. Il dort à la banque comme le ferait une pièce de 5 francs dans un coffre. Les frais de gestion augmenteront, car les charges des banques pour le trafic de paiement ne diminueront pas et il n’y aurait pas d’autre moyen de faire fructifier ces comptes. Les frais pour toute transaction, un achat au supermarché par exemple, devraient être répercutés sur les clients. Cela affecterait pratiquement l’ensemble de la population.

Nous ne sommes pas des cobayes.
Ce modèle n’a jamais été testé dans aucun pays. Les partisans de l’initiative admettent volontiers que la Suisse doit servir de terrain d’essai. Ce procédé est malhonnête et à très haut risque. Le système monétaire helvétique serait alors complètement différent du système en vigueur dans le reste du monde, avec toutes les conséquences que cela sous-entend pour la Suisse qui jouit pourtant aujourd’hui d’un système monétaire stable et performant, où les avoirs sont en sécurité sur les comptes. C’est pourquoi il est nécessaire de voter non à l’initiative « monnaie pleine ». Nous sommes tous concernés.

Michaël Buffat
Michaël Buffat
conseiller national Vuarrens (VD)
 
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