Exposé

Ils disent une chose, mais en pensent une autre

Lorsque j’écoute les discours de la classe politique, je suis bien obligé de constater que l’objectif premier est généralement de soigner l’image de l’intervenant. On fait semblant d’avoir beaucoup…

Toni Brunner
Toni Brunner
conseiller national Ebnat-Kappel (SG)

Lorsque j’écoute les discours de la classe politique, je suis bien obligé de constater que l’objectif premier est généralement de soigner l’image de l’intervenant. On fait semblant d’avoir beaucoup de compréhension pour toutes les positions. Mais le principal souci, c’est toujours l’image personnelle, c’est d’être bien présenté dans les médias avec si possible une photo sympathique.

Sur le fond cependant, les objectifs de ces intervenants ne changent pas: rapprochement et finalement adhésion à l’UE, restriction des droits du peuple, abandon du secret protégeant les clients des banques et, partant, de la place financière suisse, etc.

1er exemple: asservissement à l’UE
Le Conseil fédéral: » Les principes se réfèrent entre autres aux questions de l’application et de l’interprétation homogènes des dispositions des différents accords bilatéraux, de l’évolution du droit, de la surveillance de l’application des accords ainsi que du règlement des différends. »

Chers Délégués, il ne s’agit plus ici de belles paroles, mais de paroles qui visent à jeter la confusion. Là encore, on dit une chose, mais on en pense une autre. Cette homogénéité visée par le Conseil fédéral signifie en fait la suppression de toute marge de manœuvre et la fin de la voie bilatérale. Comme dans l’accord de Schengen, la voie bilatérale est remplacée par un assujettissement de la Suisse au droit européen. Bien sûr, comme dans l’accord de Schengen, la Suisse peut procéder de manière indépendante en adaptant son droit. Mais ce n’est qu’une pure formalité. Si la Suisse refuse d’appliquer une norme UE, elle subira des « mesures de compensation », donc des sanctions. Le Conseil fédéral recourt encore à une autre expression impressionnante: « decision shaping ». Que cela signifie-t-il? Tout simplement que la Suisse est confinée dans le rôle de spectateur. Elle peut certes participer aux travaux des commissions préparatoires en y déléguant desdits experts, mais elle n’a pas de droit de vote. Difficile de parler de participation, voire de souveraineté dans ces conditions.

Mesdames et Messieurs, ne vous laissez pas leurrer par de belles paroles. Ecoutez bien et réfléchissez bien à ce qu’on vous dit. Non, ce n’est certainement pas la classe politique qui, à la Berne fédérale, s’engage pour la Suisse et ses piliers principaux que sont la responsabilité individuelle, la souveraineté et la démocratie directe. C’est bien nous, gens de l’UDC, qui assumons cette responsabilité et c’est pourquoi nous disons ce que nous pensons même si cela peut sonner désagréablement.

2e exemple: l’application de l’initiative sur le renvoi
Ecoutons la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga parler en ce 28 novembre 2010: « …Les étrangères et les étrangers perdent automatiquement leur droit de séjour en Suisse s’ils commettent un acte pénal mentionné dans le texte de l’initiative. La majorité des citoyennes et des citoyens ont clairement exprimé par leur vote qu’ils considèrent la criminalité étrangère comme un problème grave. Je respecte la volonté du peuple et j’exécuterai le mandat que j’ai reçu aujourd’hui. »

De belles paroles, en effet. Une déclaration politiquement correcte. On ne peut que l’approuver. Madame la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga fait partie des bons. Elle dit qu’elle comprend la population, qu’elle va faire quelque chose. Mais que s’est-il passé depuis? Beaucoup de belles paroles, la constitution d’un groupe de travail, le grand silence de la classe politique, une première discussion au Conseil fédéral il y a un peu plus d’une semaine, une fausse communication vers l’extérieure et, comme de coutume, la tentative de se présenter sous un bon éclairage. 18 mois, donc un an et demi, se sont passés depuis l’acceptation de l’initiative sur le renvoi par le peuple et les cantons et puis rien. Même le projet de consultation n’est pas prêt. La volonté des initiateurs et du peuple est foulée au pied sous le prétexte lancinant du respect du droit international.

En affirmant qu’elle allait respecter la volonté du peuple, la conseillère fédérale Sommaruga n’était pas sincère. Car pour elle, la volonté du peuple ne vaut que si elle est accord avec les conventions internationales et notamment les règles de l’UE. Pour la classe politique, le cadre est donné par les intérêts internationaux et non pas par les aspirations du peuple suisse. L’UDC refuse de participer à ce jeu indigne. Elle lancera si nécessaire une nouvelle initiative imposant la stricte application de l’initiative sur le renvoi des étrangers criminels.

3e exemple: l’accord fiscal avec l’Allemagne
 » L’accord complété apporte une contribution importante à l’équité fiscale. Il respecte la protection de la sphère privée des clients bancaires qui s’applique en Suisse tout en garantissant le recouvrement des créances fiscales justifiées de l’Allemagne », affirme le Conseil fédéral dans son communiqué. Cela fait plaisir à entendre. C’est même un compromis équitable, à en croire la conseillère fédérale Widmer-Schlumpf.

En réalité, cet accord fait de la Suisse le percepteur de l’Allemagne. Le secret protégeant les clients des banques n’existera plus pour les Allemands. Pire, des fonctionnaires allemands pourront venir contrôler des banques en Suisse. Cet accord entraîne des charges administratives énormes pour les banques, si bien que les établissements de moindre importance devront renoncer à traiter avec la clientèle allemande. Le conseiller national Hans Kaufmann a fort bien résumé la situation lors de la séance de notre groupe parlementaire: « Il serait moins cher d’interdire aux banques suisses d’accepter des clients allemands et britanniques. »

 

Toni Brunner
Toni Brunner
conseiller national Ebnat-Kappel (SG)
 
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