La manie des minorités du PS et ses conséquences injustes

Je suis très honorée de pouvoir vous adresser quelques mots aujourd’hui. Comme la majorité des personnes présentes ne me connaît pas ou guère, je me permets de me présenter brièvement.
Je suis une authentique parlementaire de milice. Je dirige avec mon mari une entreprise de construction métallique et d’acier, une exploitation familiale employant une centaine de personnes à Romanshorn dans le canton de Thurgovie. Pour cette raison, les thèmes que je vais aborder dans ce qui suit concernent mon travail quotidien et ma position correspond à une conviction profonde.

Diana Gutjahr
Diana Gutjahr
conseillère nationale Amriswil (TG)

Quotas féminins
Notre parlement prétendument à majorité de droite a montré une fois de plus durant la dernière session à quel point il est à côté de la réalité, donneur de leçons et ignorant des réalités de la société. L’heure est à la mise sous tutelle, à l’étatisation, à la centralisation. Une véritable manie égalitariste s’est déclenchée et se manifeste à tous les niveaux. L’actuel débat sur la révision du droit des sociétés anonymes illustre parfaitement ce constat puisque des quotas de femmes ont été inscrits dans la loi, et cela bien que la Grande Chambre comprenne une majorité d’élus de droite. Ce choix a de quoi nous inquiéter pour l’avenir de notre pays. Je me bats depuis ma jeunesse contre ces quotas illogiques qui provoquent un malaise et qui ne sont pas compris puisqu’ils se basent exclusivement sur le sexe et ne tiennent aucun compte des compétences et des capacités personnelles. Et qu’en est-il des quelque 214 000 femmes qui exercent une activité professionnelle indépendante? Qu’en est-il des quelque 50 000 femmes qui jouent des rôles clés dans les entreprises familiales? Qu’en est-il des quelque 80 000 femmes qui travaillent comme salariées dans les directions d’entreprises de tous les secteurs? Toutes ces femmes ne seront guère heureuses de se voir qualifier de « femmes quotas ». Pourtant elles seront dès à présent considérées comme telles, qu’elles le veuillent ou non. Ou voyez le cas inverse: dans une entreprise cosmétique, la direction féminine sera contrainte d’appeler un certain nombre d’hommes pour répondre aux quotas exigés. Je vous laisse répondre à ces questions. Chers hommes et femmes de gauche, voilà les effets de votre égalitarisme forcené. Vous ne nuisez pas seulement aux femmes en général, vous m’avez personnellement fait un affront!

Congé de paternité
Cette manie de l’égalité et des minorités sévit encore dans bien d’autres domaines. Un exemple: l’exigence d’un congé de paternité ancré dans la loi. Il s’agit là d’une atteinte de plus à la liberté entrepreneuriale dont finalement toute la population laborieuse fera les frais. L’argumentation selon laquelle il est injuste d’offrir un congé à la mère, mais d’ignorer le père n’est pas sérieuse. Je suis évidemment pour le progrès, mais des citoyennes et citoyens raisonnables et raisonnables ne peuvent que hausser les épaules devant des inepties pareilles. L’argument suivant consistera-t-il à dire qu’il est injuste que les femmes mettent des enfants au monde alors que les hommes sont privés de ce droit? Cet égalitarisme aveugle et à tout prix surcharge un système fiscal équilibré et solidaire que l’on ne saurait remettre en question. La gauche attaque ainsi de toute évidence les couples sans enfant et les célibataires qui sont censés régler l’addition de ces folies avec leur argent durement gagné. Mais ce n’est pas tout. Non seulement ils financeront ces congés, mais de surcroît ils doivent faire le travail des personnes en congé. Car qui assumera sinon le poste de travail abandonné? Ces propositions absurdes et irréalistes ne peuvent provenir que de fonctionnaires sans aucune expérience pratique. Ce n’est plus manifestement « moderne » d’assumer ses responsabilités et de faire des sacrifices personnels. Pourquoi n’accepte-t-on plus de prendre tout simplement des vacances comme l’on fait nos parents et grands-parents? Nous ne pouvons pas nous offrir à la longue cette politique du beurre et de l’argent du beurre. Notre société et notre économie doivent retrouver le sens des réalités pour que l’on renonce à formuler des revendications aussi utopistes.

N’oublions pas non plus que les entreprises offrent aujourd’hui déjà la possibilité de prendre des jours de congé ou de conclure des arrangements personnalisés. Pourquoi faut-il ancrer cela dans des lois? Les entreprises doivent se faire valoir sur le marché du travail pour trouver du personnel malgré la pénurie de professionnels qualifiés. L’Etat n’a pas à uniformiser les philosophies des entreprises. Je sais par mon expérience personnelle combien il est difficile de coordonner les diverses absences qui se produisent tous les jours. Bien sûr, les grands groupes peuvent occuper certains postes avec plusieurs personnes, mais comment font les 99% des autres entreprises qui emploient 50 personnes, voire moins et qui forment l’épine dorsale de l’économie suisse? La multiplication de règlements sans cesse plus tatillons peut poser des problèmes existentiels à ces firmes.

CCT / Salaires minimaux
Dans le domaine des CCT nous assistons également à des règlementations irréfléchies. Les salaires minimaux ou des hausses générales des salaires empêchent une rétribution en fonction des compétences et de l’effort. Tout le monde est mesuré et apprécié selon la même norme. Mais il y a plus grave et je vous le dis forte de mon expérience personnelle et quotidienne de chef d’entreprise: ces régulations nous empêchent d’intégrer des personnes handicapées, voire simplement des personnes plus faibles comme il en existe dans toutes les sociétés. Avant notre époque surréglementée presque toutes les petites et moyennes entreprises, qu’il s’agisse de boucheries, de menuiseries ou de serrureries, employaient des auxiliaires pour les travaux les plus simples. Les salaires et les conditions de travail étaient réglés à l’amiable dans l’intérêt des deux parties. Mais aujourd’hui? Cela n’est plus guère possible. Des règlementations de toute sorte nous empêchent de trouver des solutions utiles à ces personnes. Elles nous empêchent d’apporter une contribution d’intérêt social. Les obstacles légaux et les risques en termes d’assurance sont beaucoup trop élevés. Conclusion logique: aujourd’hui on préfère envoyer ces personnes dans une industrie du social généreusement subventionnée. On se moque complètement de la réinsertion sociale de ces personnes et on ne souffle mot des coûts de cette politique.

Assurance-chômage/aide sociale/AI
Il existe également de profondes injustices dans d’autres institutions sociales comme l’assurance-chômage, l’aide sociale et l’AI. Le faible taux de chômage de seulement 2,4% que nous connaissons actuellement ne doit pas nous aveugler. Ce chiffre peut augmenter très vite au moindre ralentissement économique et avec lui les coûts qui se montent actuellement à tout de même 6,3 milliards de francs. Il est évident à mes yeux qu’il faut aider les personnes qui ont pris un mauvais départ dans la vie et qui n’ont pas la chance de pouvoir se prendre en main. C’est précisément pour ces cas que nous avons mis en place un filet social.

Conçu pour empêcher une « chute libre », ce filet est aujourd’hui malheureusement abusé pour diverses raisons. Durant mon expérience professionnelle, j’ai assisté régulièrement à des cas où des personnes donnent tout simplement leur congé pour profiter confortablement de l’assurance-chômage durant une période indéterminée et se faire offrir des formations continues, par exemple en informatique ou en langues. Il y a aussi les cas des personnes en quête d’un emploi qui avancent des revendications salariales excessives pour provoquer un non-engagement. Elles n’en subissent aucune conséquence – grâce aussi à une généreuse protection des données. Et comme la caisse est bien remplie, l’Etat ne voit aucune raison d’intervenir et se repose sur ses lauriers. Je suis aussi inquiète de voir de nombreuses personnes de moins de trente ans s’installer dans l’assurance-invalidité et y rester jusqu’à un âge avancé. La médecine n’est-elle pas assez sévère à l’égard de ces cas et laisse-t-on couler les choses aux frais de la société? Et qu’on me permette encore une dernière question: est-il juste que des jeunes réfugiés profitent de prestations sociales qui sont plus élevées que les rentes AVS pour lesquelles les gens d’ici ont dû travailler durement toute une vie? Je ne crois pas.

J’arrive à la fin de mon exposé.

Nous devons prendre soin de notre pays et de sa prospérité.

Nous devons pour cela user de notre bon sens humain et regarder vers l’avant, réfléchir et agir animés par un esprit critique. Cela implique aussi d’avoir le courage de ne pas toujours dire OUI, mais aussi de dire NON.

Ou comme le formulait Nicolas Chamfort:

« La capacité de prononcer le mot ‘NON’ est le premier pas vers la liberté. »

Je vous remercie de votre attention.

Diana Gutjahr
Diana Gutjahr
conseillère nationale Amriswil (TG)
 
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