NON au congé de paternité imposé par l’Etat!

Nous plaçons la responsabilité individuelle au cœur de notre action. Partout on réclame moins d’Etat, moins de bureaucratie, moins d’impôts et de taxes. Or, la réalité est juste inverse: année après année on augmente les prélèvements sur nos salaires pour les impôts et les assurances sociales. Et voilà qu’on nous demande de céder une partie encore plus grande de notre salaire juste pour qu’un petit nombre d’hommes puissent prendre des vacances payées parce qu’ils deviennent père.

Diana Gutjahr
Diana Gutjahr
conseillère nationale Amriswil (TG)

Ce projet exige que les pères puissent prendre deux semaines de vacances payées par l’Etat durant les six mois suivant la naissance de leur enfant. Et cela indépendamment du fait que le père habite dans le même ménage que la mère ou que l’enfant soit en Suisse ou à l’étranger.

Je cite cinq bonnes raisons de refuser catégoriquement ce projet dans l’urne:

  1. Halte à la hausse des coûts

Ce congé de paternité imposé par l’Etat nous coûte, à nous autres employeurs et salariés, environ 1 milliard de francs par an y compris les charges subséquentes qui en résultent pour les entreprises. Et je dis bien: chaque année! Surtout pour les PME et les arts et métiers, ce congé de paternité n’est supportable ni financièrement, ni en termes de gestion. Les marges des entreprises sont aujourd’hui déjà extrêmement basses. Dans une petite entreprise, l’absence d’un collaborateur pèse particulièrement lourd.

Des déclarations du genre « C’est si peu de chose que les PME peuvent parfaitement le supporter » indiquent une méconnaissance crasse des charges et des possibilités financières des PME et témoignent d’une politique complètement à côté de la réalité.

  1. Halte à une nouvelle intervention dans un marché du travail libéral

De nombreuses entreprises ont développé des systèmes d’incitation individuels pour attirer les professionnels dont elles ont besoin. D’autres ont négocié des solutions dans le cadre du partenariat social. Un congé de paternité imposé par l’Etat annihile ce facteur de concurrence et accroît la pression sur les PME. Il est évident que ce sont avant tout des grands groupes à directions étrangères qui aujourd’hui déjà attirent des professionnels par des congés de paternité de plusieurs semaines et qui cherchent désormais à faire cofinancer leur belle générosité par la collectivité.

Les conditions de travail et de salaire sont l’affaire des employeurs et des partenaires sociaux. L’Etat n’y a pas sa place. Une nouvelle intervention dans notre marché du travail libéral serait une erreur de fond!

  1. L’assainissement des institutions sociales en difficulté est prioritaire

Des défis financiers énormes attendent notre société, car les assurances sociales existantes ne sont pas financées à long terme. Le financement de l’AVS n’est pas assuré et l’assurance-invalidité a une dette de 10 milliards de francs. A la suite de la crise due à la pandémie Covid-19, les assurances sociales AVS, AI et APG perdent de surcroît des recettes de 4 à 5 milliards de francs. Cette même crise impose en outre une dette de plusieurs milliards de francs à la Confédération.

Il existe certes des projets d’assainissement de l’AVS, mais ils entraînent une hausse de la TVA de quelque 0,7%. Et ce n’est qu’un début! Nous le voyons bien: l’assainissement et la réduction des dettes des assurances sociales nous coûteront extrêmement cher. Il n’est pas sérieux et il est même irresponsable de songer à créer une nouvelle assurance sociale dans ces conditions.

  1. Ce n’est pas l’affaire d’une assurance sociale

Dois-je rappeler pour quelle raison notre pays a introduit des assurances sociales? Pour protéger la population contre la pauvreté et la détresse: l’AVS contre la pauvreté dans la vieillesse, l’AI contre la pauvreté à la suite d’une incapacité de travailler, l’assurance-chômage contre la pauvreté due à la perte d’un emploi.

La naissance d’un enfant ne déclenche pas une situation de détresse, bien au contraire. C’est la plus grande joie d’un couple de parents! Il est donc parfaitement acceptable pour les pères de prendre deux semaines des vacances auxquelles ils ont droit pour rester près de leur famille.

N’oublions pas: si nous commençons à financer des pères jeunes et en bonne santé, l’argent manquera quand il s’agira de soutenir les éléments les plus faibles de la société, comme c’est le devoir d’un Etat social.

  1. Nous ne voulons pas d’un modèle familial conçu par l’Etat

Ce congé de paternité imposé par l’Etat soulève la question de la responsabilité de la vie familiale. Je suis clairement d’avis que la décision de fonder une famille est un choix strictement privé.

Les partisans du congé de paternité tentent de nous faire croire que la Suisse se trouve à la fin du classement en ce qui concerne la politique familiale. Or, aucun groupe de la population suisse ne bénéficie d’autant de prestations publiques que les familles. Voici quelques-uns de ces avantages accordés aux familles de Suisse:

  1. primes d’assurance-maladie réduites
  2. crèches d’enfants subventionnées
  3. système scolaire gratuit
  4. allocations pour enfants
  5. déduction fiscale générale pour les enfants
  6. déduction des frais de garde des enfants
  7. congé de maternité
  8. (tout nouveau, car approuvé par le Parlement en décembre 2019) 14 semaines de vacances payées pour garder des enfants gravement malades.

Une dernière remarque: la pandémie Covid-19 a provoqué une grave crise économique. Tous les jours des salariés perdent leur emploi. Nous devons tout mettre en œuvre pour sauvegarder les places de travail. Nous devons réduire les charges pesant sur les employeurs et les salariés. Un nouveau prélèvement en faveur d’un congé de paternité imposé par l’Etat serait à rebours du bon sens et très risqué.

Pour toutes ces raisons, je vous recommande, Mesdames et Messieurs les Délégués, de dire NON au congé de paternité imposé par l’Etat.

Diana Gutjahr
Diana Gutjahr
conseillère nationale Amriswil (TG)
 
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