éditorial

Des problÈmes non résolus réduisent la marge de manœuvre en politique d’asile

Le weekend dernier des appels ont été lancés en faveur de l’accueil de contingents de réfugiés syriens. Or, la Suisse ne dispose plus de marge de manœuvre à ce niveau. Cette année quelque 30 000…

Martin Baltisser
Martin Baltisser
(AG)

Le weekend dernier des appels ont été lancés en faveur de l’accueil de contingents de réfugiés syriens. Or, la Suisse ne dispose plus de marge de manœuvre à ce niveau. Cette année quelque 30 000 requérants afflueront dans notre pays dont 14% seulement reçoivent l’asile et sont donc considérés comme de vrais réfugiés. C’est dire que notre système est massivement abusé. Ces problèmes, qui attendent des solutions depuis des années, pèsent sur notre tradition humanitaire et restreignent nos possibilités de participer à des actions spéciales.

La politique d’asile suisse devrait idéalement se concentrer sur l’accueil de réfugiés provenant de régions en crise et concrétiser ainsi la tradition humanitaire de notre pays. Cela s’est fait dans le passé, mais c’est aujourd’hui impossible en raison du chaos qui règne dans le domaine de l’asile. Les capacités d’accueil limitées de la Suisse sont complètement exploitées par des personnes qui n’ont aucun droit à l’asile. Le pouvoir d’attraction que la Suisse exerce comme pays d’asile, les procédures beaucoup trop longues, les frontières ouvertes et la pratique laxiste durant de nombreuses années attirent un nombre croissant de migrants économiques et même des individus qui abusent consciemment du système suisse à des fins criminelles. Quelques 30 000 demandes d’asile seront déposées en Suisse cette année. Ce chiffre n’avait plus été atteint depuis le début des années nonante et il est trois fois supérieur au niveau du milieu de la dernière décennie. La Suisse s’inscrit ainsi en tête du classement selon le nombre de demandes d’asile par habitant en Europe et dans le monde. On pourrait certes présenter cette situation comme une belle prestation « humanitaire », n’était le fait que seule une petite partie des personnes impliquées dans le processus d’asile ont réellement besoin de la protection de la Suisse.

La politique doit agir
Il est infiniment regrettable que cette situation ait conduit à l’absurde la tradition humanitaire de la Suisse. En acceptant de se laisser systématiquement abuser, la Suisse s’est privée de toute marge de manœuvre pour lancer des actions véritablement humanitaires. En fait, la population suisse serait tout à fait prête à accueillir des personnes fuyant des régions en crise où elles sont persécutées. Mais il est normal aussi que des citoyennes et des citoyens, qui se sentent constamment trompés par la politique d’asile actuelle, ont du mal à accepter des réfugiés supplémentaires. La politique devrait s’en inquiéter. Les milieux, qui réclament aujourd’hui l’accueil de contingents de réfugiés, seraient donc bien inspirés de commencer par régler rapidement les dysfonctionnements affectant le secteur de l’asile. Ce n’est qu’ensuite que la Suisse pourra à nouveau mener une politique d’asile crédible et cohérente, donc vivre sa tradition humanitaire à proprement parler.

Martin Baltisser
Martin Baltisser
(AG)
 
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