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éditorial

Les établissements de santé doivent pouvoir à nouveau traiter les cas non-urgents

Le Conseil fédéral a été amené à prendre des mesures d’urgence pour limiter la propagation du Covid 19 et assurer le traitement des patients. Globalement, ces mesures étaient nécessaires et justifiées : il fallait donner la priorité à la lutte contre l’épidémie. Cependant, nous devons aujourd’hui prendre en considération les autres pathologies afin d’éviter une deuxième crise sanitaire, due au report des prestations médicales ordinaires. L’UDC invite le Conseil fédéral à lever l’interdiction faite aux établissements de santé de réaliser des examens, des traitements et des interventions non-urgents.

Céline Amaudruz
Céline Amaudruz
conseillère nationale Genève (GE)

L’épidémie qui nous frappe a contraint le Conseil fédéral à prendre dans l’urgence de nombreuses dispositions visant à limiter la propagation du coronavirus. Lorsque cette pandémie sera derrière nous, nous aurons tout le temps nécessaire pour juger de la pertinence des mesures mises en œuvre. Je crois néanmoins pouvoir dire que la conduite des événements mérite d’être saluée, certaines décisions n’étant pas faciles à prendre pour l’autorité et délicates à appliquer pour le commun des mortels, que ce soit au niveau professionnel ou personnel.

Éviter une deuxième crise due au retard des examens médicaux

Au fil des jours, nous avons acquis un certain recul par rapport au coronavirus. Il nous appartient maintenant d’adapter les dispositions urgentes dans la durée, étant entendu qu’il serait audacieux de fixer une date de sortie de crise. Je pense ici tout particulièrement au domaine de la santé. La sagesse commandait de limiter les contacts afin d’enrayer la propagation du virus, ce principe touchant également les professions médicales. Au vu de sa dangerosité, le Covid 19 a fait l’objet d’une attention prioritaire, éclipsant quelque peu les autres problèmes de santé dont la population peut souffrir. Ceux-ci demeurent néanmoins et il convient de les traiter dans les meilleures conditions possibles. Il est bon de prévenir la pandémie mais cela ne doit pas se faire au détriment de la santé des patients souffrant d’autres pathologies. Un patient ne serait guère avancé si, pour échapper au coronavirus, il devait mourir d’autre chose.

Compte tenu de ces éléments, j’invite le Conseil fédéral à revoir son ordonnance sur les mesures destinées à lutter contre le coronavirus, notamment à l’article 10a interdisant aux établissements de santé de réaliser des examens, des traitements et des interventions non-urgents. Cette disposition contrarie le suivi à long terme de patients souffrant de pathologies nécessitant des contrôles réguliers. Dans le sens inverse, il faut également penser aux patients qui renoncent volontairement à consulter compte tenu des mesures de confinement et qui s’exposent à une dégradation de leur état de santé. Le corps médical seul est à même de décider de la pertinence d’un traitement ou d’une intervention, encore faut-il qu’il ait accès au patient. Dans les faits, il s’agit d’intégrer les mesures liées au Covid 19 à la pratique médicale « courante » en vue de faciliter le retour à la normale. Dans le cas contraire, il faudrait compter avec une seconde crise liée aux pathologies dont la détection ou le traitement aurait été repoussé.

Faire confiance aux professionnels de la santé

Le Covid 19 va nous occuper durant un certain temps encore. Il est ainsi essentiel de tenir compte de sa dangerosité tout en veillant à réduire sa capacité de nuisance. Ce virus crée une situation inédite dont il faut nous accommoder à moyen voire long terme. Qui veut vivre doit s’adapter aux conditions nouvelles de la vie, disait Romain Rolland. Pour ce faire, il convient notamment de permettre la réouverture des cabinets médicaux pour les consultations non-urgentes afin d’assurer un traitement adéquat pour les pathologies autres que le Covid 19. Encore une fois, les professionnels de la santé sont les mieux à même de mesurer les risques. Ils méritent notre confiance. Ils ont procédé à une pesée d’intérêt pour trouver un équilibre entre les mesures particulières liées au coronavirus et la mission globale de santé publique. C’est ce même équilibre qu’il convient de trouver d’une manière générale, notamment au niveau économique, afin d’éviter que le coronavirus ne se montre plus dévastateur par les effets induits que par sa propre virulence.

L’UDC demande ainsi que les dispositions soient adaptées afin de pouvoir lutter contre le coronavirus sans mettre plus longtemps en péril le fonctionnement général de notre société. Dès maintenant, nous devons préparer le retour à la normale, ce qui implique de cohabiter avec le Covid 19 faute de pouvoir le détruire dans l’immédiat. Les modalités de cette regrettable coexistence restent à définir mais elles constituent la condition sine qua non pour limiter les dégâts. Provoquer un désastre économique pour lutter contre la pandémie ne sera utile à personne.

Par ailleurs, l’UDC tient à relever l’engagement exemplaire des professionnels de la santé, mais aussi des nombreux volontaires, des membres de l’armée et de la protection civile ainsi que de tous les travailleurs et indépendants qui ont œuvré sans relâche pour nous permettre de traverser cette crise de manière sereine. C’est également une manière de les remercier que de s’affairer à éviter une nouvelle crise sanitaire qui serait engendrée par un report d’examens et de traitements médicaux importants durant une trop longue durée.

Céline Amaudruz
Céline Amaudruz
conseillère nationale Genève (GE)
 
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