éditorial

L’impossible grand écart du PLR en politique des étrangers

Le PLR a un problème avec les étrangers. Vers l’extérieur, les radicaux s’efforcent de marquer une ligne dure – mais ils se placent en même temps en porte-à-faux par rapport à leur politique…

Martin Baltisser
Martin Baltisser
(AG)

Le PLR a un problème avec les étrangers. Vers l’extérieur, les radicaux s’efforcent de marquer une ligne dure – mais ils se placent en même temps en porte-à-faux par rapport à leur politique habituelle. Car si la Suisse est aujourd’hui privée de marge de manœuvre en termes d’immigration, c’est précisément à cause de l’accord de libre circulation des personnes conclu avec l’UE – et que le PLR soutient. De plus, les radicaux font preuve de mollesse au Parlement quand il s’agit de régler la problématique des sans-papiers et de durcir la législation sur l’asile. En y regardant de plus près, on constate très vite que les mesures suggérées par le PLR, comme par exemple la limitation du regroupement familial pour les ressortissants d’Etats tiers, n’ont que des effets modestes.

Avec son projet intitulé « pour un contrôle pragmatique de l’immigration en adéquation avec les besoins de la Suisse », le PLR cherche à donner l’impression d’avoir découvert l’œuf de Colomb en politique des étrangers. Cette proposition est cependant trompeuse, car elle enjolive la situation en ignorant délibérément la libre circulation des personnes avec l’UE. Son principal effet est de limiter le regroupement familial pour les ressortissants d’Etats tiers. En analysant la statistique migratoire de ces dernières années, on constate très vite que les propositions du PLR ne permettent pas de freiner réellement l’immigration. Sur les 134 171 étrangers, qui ont immigré en Suisse l’an passé, 43 280 ont bénéficié du regroupement familial. Or, 9872 d’entre eux étaient des Suisses ou des parents de Suisses et 19 962 provenaient de l’espace UE et avaient des parents résidant en Suisse. En réalité donc, seuls 13 446 parents d’étrangers provenant d’Etat non UE ont pu entrer en Suisse grâce au regroupement familial. 3260 étaient originaires des Balkans.

Il faut savoir aussi qu’une partie du regroupement familial de ressortissants d’Etats tiers ne peut être influencée par la Suisse en raison, une fois de plus, de l’accord de libre circulation des personnes avec l’UE. La Suisse doit en effet accorder le regroupement familial également aux nationaux d’Etats tiers qui ont un lien de parenté avec un citoyen UE. Il s’agit également de prendre en compte le regroupement familial de citoyens provenant par exemple de Chine ou des Etats-Unis qui entrent dans la catégorie des spécialistes que le PLR souhaite continuer d’accueillir en Suisse. Conclusion: analysée sérieusement, la proposition radicale n’est qu’une mesure aux effets modestes qui réduira de quelques petits pour-cent seulement l’immigration. Cela ne signifie bien sûr pas qu’il faille y renoncer, mais cela prouve surtout qu’une politique des étrangers excluant la libre circulation des personnes avec l’UE n’est qu’un village de Potemkine.

Peu de nouveautés
Les autres mesures proposées par le PLR sont également vite décrites. On constate surtout que le PLR ignore volontairement la thématique des sans-papiers tout comme les lacunes et problèmes inhérents aux accords de Schengen/Dublin dans le secteur de l’asile. Il est temps de rappeler aux radicaux que c’est précisément à cause de l’attitude de milieux qui leurs sont proches que la légalisation d’immigrants clandestins a pris droit de cité dans notre pays. Et aussi que c’est un Conseil des Etats dominé par le PLR et le PDC qui ne cesse de bloquer les propositions visant à accélérer les procédures d’asile.

Le PLR devrait au moins avoir le courage d’admettre qu’il refuse de discuter de la politique des étrangers dans toute son étendue et qu’il ne veut pas non plus chercher des solutions efficaces. Pour le reste, l’UDC est tout de même heureuse de constater que le PLR lui apporte un soutien dans quelques domaines de la politique des étrangers où les deux partis semblent d’accord.

Martin Baltisser
Martin Baltisser
(AG)
 
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