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Agriculture

Ce qui est vert n’est pas mûr !

L’initiative des Verts « pour des denrées alimentaires saines et produites dans des conditions équitables » a oublié de mûrir : elle doit être rejetée sans état d’âme.

Pierre-André Page
Pierre-André Page
conseiller national Châtonnaye (FR)

Je suis paysan, romand et gourmand. Et voilà pourquoi l’initiative des Verts me plaît.

Paysan, j’ai le souci de travailler la terre, de préserver notre environnement

Romand, j’apprécie si les produits de mon domaine ne font pas des kilomètres jusqu’à leur acheteur mais sont consommés « local ».

Gourmand enfin, j’aime à ce que les fruits de mon labeur soient de bonne qualité et que, par exemple, mes animaux élevés avec respect, donnent une viande d’une traçabilité transparente.

Qui, en effet, Mesdames et Messieurs, parmi vous, ne partage-t-il pas pareilles réflexions ? Personne !

Et c’est bien là le grand danger de cette initiative :

  • c’est une démarche trompeuse,
  • qui enfonce des portes ouvertes,
  • engendre des tâches administratives conséquentes et des coûts supplémentaires.

 

Je vous le répète ce qui est vert n’est pas mûr.

Nous devons donc dire « non » à cette initiative des Verts. Mon « non » à cette initiative ne tombe pas du ciel : il est construit sur des arguments solides, pragmatiques, réfléchis, que je vous explique maintenant.

Je dis « non » à cette initiative parce que, dans notre pays, le peuple a dit « oui » à une écrasante majorité à sa sécurité alimentaire, le 23 septembre de l’an dernier. Cette sécurité alimentaire est désormais inscrite dans notre Constitution. Sans compter, et vous le savez, que de nombreuses lois et autres dispositions légales répondent aux préoccupations des Verts : écologie, qualité de l’eau, bien-être des animaux, droit du travail, etc. tout est déjà réglé dans notre pays.

Par ailleurs, notre Confédération dispose aussi d’outils efficaces pour promouvoir une production agricole acceptable socialement et écologiquement. De nombreux labels de qualité privés attestent du respect des normes suisses. Vous connaissez bien ces labels : plusieurs parmi nous les pratiquent, en sont les artisans au quotidien, dans leur exploitation, dans leur entreprise. Voilà pour nos arguments suisses, pour nos arguments internes.

Mais il y a d’autres arguments pour rejeter cette initiative : ce sont des arguments économiques et internationaux. Voyez-vous, produire des denrées alimentaires saines et dans des conditions équitables et écologiques, cela exige des contrôles.

En d’autres mots, la Confédération devrait mettre en place tout un réseau de contrôleurs, en Suisse et à l’étranger, devrait établir des catalogues de prescriptions rigoureuses…

Vous mesurez le coût de cet appareil bureaucratique ! Un coût qui se répercuterait sur le prix du produit, donc sur le consommateur. Ces contrôles affaibliront la compétitivité de notre industrie agroalimentaire. Et nos petites sociétés familiales ne pourront plus lutter : et disparaîtront. Ces coûts, et donc ces hausses de prix renforceront aussi le tourisme d’achat : un tourisme qui coûte aujourd’hui déjà 3 milliards de francs à notre économie !

Regardons maintenant au-delà de nos frontières, examinons nos accords internationaux. L’initiative des Verts entend fixer des exigences élevées pour les produits importés. Des différences en fonction de leur méthode de production.

Cela est absolument contraire au droit de l’OMC. L’Organisation Mondiale du Commerce n’autorise pas pareilles discriminations en raison de méthodes de production.

Notre pays pourrait alors faire l’objet de plaintes et nous ne pourrions pas nous défendre. L’initiative des Verts viole les accords internationaux et pourrait se retourner contre la Suisse. Pourquoi ? Tout simplement parce que des pays partenaires estimeraient alors que la Suisse a une attitude discriminatoire envers leurs produits.

Ils feraient alors la même chose envers nos produits exportés…

Et voilà notre industrie d’exportation en difficulté sans compter le dégât d’image politique. Enfin, Mesdames et Messieurs, soyons réalistes et ouvrons les yeux !

Les exigences élevées dictées par l’initiative des Verts rendront difficile le travail des petits paysans étrangers : ils ne pourront plus exporter en Suisse

Quant aux gros producteurs, qui n’ont peut-être pas du tout besoin du marché suisse pour vivre, il est peu probable qu’ils modifient leurs méthodes de production… uniquement pour plaire aux Verts suisses !

Et voilà l’un des objectifs de l’initiative à savoir, une production équitable à l’étranger, qui tombe à l’eau, n’est pas atteint…

Non vraiment…

Cette initiative

  • menace des emplois
  • dans notre industrie agroalimentaire,
  • va à l’encontre d’accords internationaux,
  • est superflue pour la Suisse,
  • est contreproductive à l’étranger…

 

Que voulez-vous de plus ?

Mesdames et Messieurs, Chers amis, Je suis paysan, romand et gourmand.

J’ai les pieds sur terre et la réflexion pragmatique.

Voilà pourquoi je dis « non » à cette initiative car je n’aime pas les indigestions de promesses creuses.

Je vous invite à rejeter cette initiative.

Merci de votre attention.

Pierre-André Page
Pierre-André Page
conseiller national Châtonnaye (FR)
 
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