La Suisse, un roc face à la crise de l’euro

Edition spéciale Edition spéciale de novembre 2012

invité: Franz Jaeger, Professeur de politique économique à l’Executive School of Management, Technology and Law de l’Université de St-Gall, HSG

Une intégration politique et macroéconomique de la Suisse dans la zone euro, qui devient de plus en plus une union politique…

Une intégration politique et macroéconomique de la Suisse dans la zone euro, qui devient de plus en plus une union politique, paraissant de moins en moins envisageable, il ne nous reste qu’à espérer que l’espace euro trouve un moyen durable de sortir de sa crise d’endettement et structurelle. La Suisse, de son côté, doit poursuivre son ouverture économique intérieure et extérieure et tendre vers une universalisation de ses échanges tout en maintenant strictement sa souveraineté monétaire, fiscale et économique.
Il est dangereux de poser des diagnostics populistes sur la crise, car ils incitent souvent la politique à se lancer dans des actions interventionnistes précipitées, inefficaces, voire contreproductives. Le fait est que dans les années précédant 2007 on s’est mis à isoler quasiment les taux d’intérêts face aux forces du marché. La banque centrale américaine (FED) a été la première à entamer cette opération fatale qui a encouragé d’innombrables particuliers, instituts financiers et collectivités publiques des Etats-Unis, mais aussi d’Europe à vivre au-dessus de leurs moyens.

Endettement public
Le résultat de ce comportement, ce sont des dettes publiques incommensurables. Les marges de manœuvre budgétaires disponibles pour la recherche, la formation, l’infrastructure et la sécurité sociale ont dû être sacrifiées, dans l’espace UE notamment, pour stopper l’endettement et lutter contre la pauvreté et d’autres problèmes sociaux. Conclusion: la faute initiale n’incombe donc pas au marché et au capitalisme, mais bien à la politique et aux Etats dont les politiques monétaire, conjoncturelle et de surveillance financière ont échoué.

L’euro au bord du gouffre
Le fait que la crise financière et conjoncturelle 2008/2009 a frappé le plus fortement et le plus durablement l’espace euro est une simple affaire de logique: loin d’être un espace monétaire optimal, la zone euro a fonctionné tant bien que mal lorsque la conjoncture était au beau fixe. Elle était cependant vouée à l’échec dans la crise. Pour être plus précis: elle aurait depuis longtemps éclaté (en partie du moins) si elle n’était pas artificiellement maintenue en vie par l’abondance de liquidités organisée par Bruxelles et alimentée par la Banque centrale européenne (BCE).

Lutte contre la faillite des Etats
Pendant ce temps, on a assisté à un approfondissement du clivage nord-sud avec des Etats méditerranéens secoués par des difficultés économiques sous la conduite d’une France également faiblissante. Il serait urgent d’y lancer des réformes comme un assouplissement radical du marché du travail et une accélération des innovations industrielles. Cette politique de la croissance est cependant diamétralement opposée à ce que François Hollande entend par «croissance». Le président français et les autres dirigeants politiques de son bord postulent bien plus des redistributions populistes et des mesures de stimulation aux effets éphémères comme une augmentation des salaires et des rentes quasi impossibles à financer, l’imposition des riches, une réduction des horaires de travail, des emplois publics stigmatisant les jeunes, etc.

L’Allemagne paie
Parallèlement à la politique de la BCE, le nord de l’espace euro – l’Allemagne, en particulier – doit payer les opérations de sauvetage lancées par l’UE. Le
développement institutionnel de l’UE tend ainsi de manière rampante, mais en droite ligne vers une communauté solidaire de dette et de responsabilité et finalement sans doute vers une union centraliste en termes de fiscalité, de transferts et de banques. Les récents arrêts de la cour constitutionnelle allemande ont clairement indiqué où se situent à ce propos les limites politiques et démocratiques dans les pays donateurs. Ce qui est certain, c’est que le potentiel de conflit politico-économique n’a jamais été aussi grand en Europe durant les décennies écoulées. Et cela alors que l’UE vient d’être nommée Prix Nobel de la paix à Oslo.

L’oasis suisse sous la pression
Bénéficiant d’une situation économique de rêve face à la crise de l’euro, la Suisse ne doit pas seulement affronter des attaques fiscales et protectionnistes dictées avant tout par des réactions de jalousie; elle est aussi exposée à de graves goulets d’étranglement en termes d’habitat, de démographie, d’infrastructures et de formation universitaire en raison de la forte attraction qu’elle exerce sur les investisseurs, les professionnels hautement qualifiés, les entreprises et le capital étranger. La Suisse, de son côté, doit poursuivre son ouverture économique intérieure et extérieure et tendre vers une universalisation de ses échanges tout en maintenant strictement sa souveraineté monétaire, fiscale et économique.

Franz Jaeger, Professeur de politique économique à l’Executive School of Management, Technology and Law de l’Universtié St-Gall, HSG

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